La tendre guerre
Je viens d’apprendre que mon livre, Un lit pour deux, la tendre guerre avait été publié la semaine dernière en Italie. Quelle étrange coïncidence ! La version française avait été publiée le 7 janvier 2015, oui le 7 janvier 2015, le jour même des attentats contre Charlie !!! J’étais d’ailleurs juste à côté, à Paris, quand cela s’était produit. Le choc évidemment, mais aussi pour moi le malaise, car je devais commencer la promo pour un livre sur un sujet qui d’un seul coup apparaissait futile et dérisoire. Tout le monde, et moi le premier, avait la tête ailleurs. Et puis il y avait ce sous-titre, « la tendre guerre », qui s’était voulu une sorte de clin d’œil humoristique, et qui d’un seul coup apparaissait à contretemps. Dans le nouveau contexte imposé par les attentats, ce mot devenait imprononçable pour traduire les petites agaceries du quotidien.
Et voila que le livre sort en Italie, quelques jours après le Bataclan, avec le même sous-titre, en italien bien sûr (dans les traductions les éditeurs peuvent conserver le tire d’origine ou le changer complètement, ils sont libres). Et à nouveau le même malaise. Quand de tels événements arrivent, tout est remis en question, tout devient différent, notre monde ordinaire est ébranlé. Je n’ai plus le cœur à défendre mon livre.
Mais dans la merveilleuse réaction de la population française, il y a ce mot d’ordre essentiel, traçant à la fois une philosophie humaniste et un axe de résistance : il faut continuer à vivre, à rire, à chanter, à boire pour qui en a envie. Il faut donc que je dissipe mon malaise, et que je continue à parler de la tendre guerre qui se passe sous la couette.