Voici une nouvelle photo de sac, qui m’a été envoyée d’Allemagne. Il est facile de comprendre que sa propriétaire est maman d’un jeune enfant. Parfois les couches, les jouets et les produits d’hygiène infantile saturent tellement l’espace intérieur du sac que l’on saisit le transfert d’identité qui s’est produit : toute la vie désormais tourne autour du bébé, qui parvient à faire disparaître la personne autonome, l’on devient maman avant d’être soi, l’on oublie même ce soi qui à d’autres moments de la vie est pourtant si tyrannique. Ce transfert d’identité est encore plus flagrant quand la maman, comme ici, est elle-même très jeune, car l’histoire personnelle à renvoyer en second plan n’a pas le même poids. La jeune maman peut même tisser un lien avec sa propre enfance, pas si lointaine. Nous assistons aujourd’hui à un élargissement de la jeunesse : les enfants sont mûrs de plus en plus jeunes et les jeunes restent un peu enfants de plus en plus tard, s’accrochant à ce qui les retient de basculer définitivement vers l’âge adulte, vécu comme une petite mort. L’identification au bébé permet de cultiver cette atmosphère d’enfance ; bonbons et poupée-porte-clés. Tout cela se lit dans un sac.
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