Le devoir conjugal
A l’heure de #balancetonporc et de #MeToo, je lance une nouvelle et grande enquête sur le consentement, dans la séduction, la drague et les rapports sexuels. Car il y a beaucoup de malentendus, dans ce que l’on appelle la « zone grise », où rien n’est vraiment noir ou vraiment blanc. Des hommes croient qu’il faut insister même quand une femme semble leur résister ; des femmes pensent avoir exprimé leur refus et que l’homme a reçu le message.
Mais pour commencer cette enquête, je vais viser moins large et m’intéresser au consentement sexuel dans le couple. Après Dormir à deux (vous pouvez lire les témoignages dans l’onglet portant ce titre), je vais donc à nouveau plonger sous la couette, mais pour parler de sexualité cette fois. Y compris la sexualité la plus ordinaire et parfois quelque peu routinière, qui s’installe après des années de vie commune.
Comment se combinent les désirs de l’un et de l’autre ? Quand l’un n’a pas envie, le fait-il savoir, et l’autre comprend-il ? Arrive-t-il que le mari insiste jusqu’aux limites de ce qui pourrait ressembler à un viol domestique ? Les incompréhensions moins dramatiques et plus ordinaires m’intéressent aussi. Du côté femmes, qui subissent des assauts non désirés. Mais du côté hommes aussi, je voudrais vraiment recueillir également la version masculine, pour comprendre, sans condamner. Car nous devons avancer ensemble, hommes et femmes réunis, pour des relations plus respectueuses et épanouies.
Comme d’habitude, vous pouvez témoigner le plus librement du monde, en choisissant un pseudo si vous souhaitez protéger votre anonymat. Je vous répondrai et nous continuerons ainsi notre dialogue. Chacun peut aussi réagir aux autres témoignages, créant ainsi une communauté de réflexion et de débats autour du non-consentement dans le couple. Ce que l’on appelait autrefois pour les femmes le « devoir conjugal ».
Mars 2020. L’enquête est maintenant terminée, un immense merci à toutes et à tous pour vos témoignages si riches, si justes, relatant des tranches de vie parfois d’une intensité très émouvante. Le livre sortira le 6 mai aux éditions Les Liens qui Libèrent. Il a pour titre : Pas envie ce soir. Le consentement dans le couple.
Bonjour à tous,
J’ai souvent entendu ma mère me dire que, si une femme voulait conserver son mari, elle devait épouser aussi ses « hobbies ». Pour elle, suivre mon père dans les mêmes activités de loisirs que lui a été une façon de passer du temps avec lui. Ringard ? Pas tant que ça. Je connais beaucoup d’autres exemples de ce comportement autour de moi.
Or, il se trouve que le seul vrai « hobby » de mon mari c’est le sexe. Enfin,… les femmes. Ne vous trompez pas : j’adore mon mari. Nous partageons nos vies depuis bientôt 25 ans et nous nous entendons très bien (d’ailleurs, – clin d’oeil à une enquête précédente – je suis ravie de dormir peau à peau, malgré les ronflements, que je supporte très bien) ; nous nous touchons souvent, nous nous embrassons souvent, nous rions souvent et il y a beaucoup de complicité entre nous. Nous faisons l’amour génitalement de temps en temps sans pénétration, diabète oblige, ce qui n’en ôte pas un seul gramme de plaisir, ni d’un côté ni de l’autre.
Il dit qu’il s’est intéressé au sexe à un âge très tendre où ses parents, naïvement, le mettait au lit à faire la sieste avec des fillettes de familles amies de leur entourage. S’ensuivaient des touchottements. Adulte, il a beaucoup lu autour du sujet et a même fait une formation de sexologue ce qui lui a valu de participer à des expériences en groupe (sans pénétration). Nous avons toujours parlé du sujet très ouvertement et en profondeur, lui et moi, et il me faisait part de ses apprentissages et de sa philosophie, que je comprends parfaitement. J’ajouterais, en passant, que c’est grâce à ce parcours qu’il peut maintenant accepter avec séréninté son manque total d’érection, car nous avons longuement débattu et prônons le fait qu’une sexualité pleine ne dépend pas du coït, mais va bien au delà, reposant sur un ensemble très riche d’autres facteurs.
Et voilà qu’il a voulu franchir un cap : celui de l’échangisme. J’ai accédé un peu à contre coeur. Je pensais que « l’appétit vient en mangeant » et que je ferais peut-être des découvertes intéressantes. À une condition : pas de pénétration génitale. Non pas que je sois complètement fermée à cette possibilité, mais je voulais que ce soit mon choix et pas une chose subie. Je dois dire que, dans ce sens, je remercie tous les hommes que j’ai pu rencontrer lors de ces soirées : ils m’ont tous, et sans aucune exception, respectée sans ciller.
Mais l’appétit a fait faux bond. Au contraire, ce qui était, au début, une réticence s’est transformé en dégoût. J’ai rencontré toutes sortes de personnes, parmi elles des personnes qui restent aujourd’hui des amis qu’on voit régulièrement. Mais ces soirées, commencées dans la bonhomie, évoluaient vers une forme de torture. Je devenais de plus en plus silencieuse au fur et à mesure que s’approchait le moment inexorable où les lumières seraient baissées et la gaieté et l’insouciance propre d’une rencontre sociale cèderaient le pas devant des aires de machos conquérants et de racoleuses gouailleuses, vêtues d’ensembles « sexys » à deux sous censés attiser le désir. (De qui ? De ces messieurs). Je me sentais prise dans un vaudeville d’extrêmement mauvais goût qu’il fallait répéter à chaque fois dans un désordre indicible, des odeurs parfois nauséabondes et dans des endroits parfois insalubres – tout ce qu’il y avait de mieux pour renforcer ma libido ! Pour faire plaisir à mon mari, et parce que j’avais peur qu’il continue sans moi, pendant des années je me suis tu, et j’ai supporté stoïquement tout ce cirque. Malgré mes silences, il s’apercevait bien de mon inconfort, mais il l’attribuait à une sorte de timidité et m’encourageait à aller de l’avant, à être plus assertive dans mes rapports. Je cherchais déjà un moyen de me soustraire à ces activités quand le coup de grâce m’a été apporté par un diagnostique encore inexpliqué de gonorrhée – eh oui ! Attention, Mesdames et Messieurs, même sans pénétration génitale, les MST rôdent pas loin ! J’ai annoncé à mon mari que je ne voulais pas continuer ces pratiques et il a répondu que lui en avait besoin, qu’il ne pouvait pas vivre sans et que si j’essayais de l’en empêcher ce serait motif de divorce. Maintenant, il a une « amante » qu’il voit régulièrement et avec qui il va dans des clubs échangistes pour prendre son pied. Je n’aime pas cette situation. Je la tolère parce que j’aime mon mari et que je n’ai envie de serrer dans mes bras et d’embrasser aucun autre homme autant que lui. Je sais – il me l’a dit – qu’il serait ravi que je prenne un amant. Je ne refuse pas cette idée. Mais, au moins pour l’instant, l’homme ne s’est pas présenté qui me donne cette envie.
Pour conclure, je dirais que la vision de la sexualité charriée par les différents modes de transmission dans nos sociétés – que ce soit l’école, la famille, l’entourage, les supports culturels comme la littérature ou le cinéma et même la pornographie – est extrèmement réductionniste et surtout tournée vers l’assouvissement des fantasmes masculins liés avant tout au besoin culturel de se sentir puissants. Elle n’a pas évolué depuis des siècles et se base sur des conceptes qui étaient tenus pour vrais à une époque où il était considéré comme impropre, même dans le lit conjugal, que la femme ressente du plaisir. Encore au XXIe siècle, et malgré les apparences, cette vision est amplement acceptée comme étant universelle et inévitable parce qu’aucune réflexion n’est faite sur le sujet. La femme qui devait se montrer impassible sous l’assaut pénétratif doit maintenant prouver qu’elle ruisselle de plaisir au contact du premier venu, sous peine d’être accusée de frigidité et de manquement au devoir conjugual (ce sujet a été effleuré dans certains posts dans une enquête précédente) ; mais c’est toujours le besoin de l’homme qui est au coeur de l’affaire. Dans les disputes conjugales, les femmes s’en prennent à leur mari parcequ’il ne s’occupe pas assez des enfants ou des tâches ménagères, mais les hommes se sentent lésés parce qu’elles ne font pas assez souvent l’amour. (Amour ? Quel amour ?). Et tout cela parce que, paradoxalement, même si la sexualité est affichée partout, tout ce qui touche de près ou de loin au plaisir est tu ou voilé dans la cachotterie et la honte. Les parents, qui sont les premiers qui devraient éclairer leurs enfants, se taisent. Les époux, les amants ne se parlent pas, n’expriment pas leurs désirs, ne précisent pas leurs limites. Et on continue à prendre pour une vérité les plates banalités qui sont étalées sur les écrans de cinéma et de télévision. Il est grand, grand temps que les femmes s’explorent, apprennent à connaître leurs désirs et leurs aspirations et en parlent, aérent leurs sentiments, leurs besoins. Il est grand temps qu’on ouvre un débat sur ce sujet, qu’on puisse l’examiner dans un climat détendu et sans honte, et qu’on s’éloigne d’une vision exclusivement androcentriste de la chose.
Lorili,
Un grand merci pour ce long et très riche témoignage. L’enquête vient de commencer et les appels à témoignages n’ont pas encore été lancés, vous n’allez peut-être pas recevoir beaucoup de réponses tout de suite, autant que le mériterait la qualité de tous ce que vous dites, qui pose mille questions.
Parmi toutes celles-ci je ne retiendrai pour le moment que quelques pistes. Vous expliquez très bien comment vous discutez de beaucoup de choses dans votre couple, très librement, y compris à propos de la sexualité. Et pourtant, même dans ces conditions, vous avez été amenée à vous trouver dans des situations non consenties. On imagine alors ce qui peut exister quand la parole est moins libre !
Vous soulignez le décalage de demande sexuelle entre vous et votre mari. Il y a là une vraie question. On sait que c’est un héritage de l’histoire (vous l’expliquez très bien aussi), mais que cet écart reste fort aujourd’hui malgré toute la libération de la parole féminine sur la sexualité, notamment dans la presse féminine. On a l’impression que vous ressentez cette parole comme une nouvelle injonction assez pénible (il faut non seulement réussir sa sexualité mais avoir une sexualité très active), qui paradoxalement rejoint la demande des hommes à en faire toujours davantage question sexualité. Est-ce que je me trompe ? Quand vous demandez aux femmes qu’elles s’expriment avec franchise à propos de leurs désirs, cela veut-il dire, plus que de réclamer des fantasmes inavouables, elles auraient un souhait parfois de ne pas faire tout passer par la sexualité dans le couple ?
Enfin, une question de détail un peu annexe, une curiosité : votre mari, qui a des problèmes d’érection, vous met malgré tout la pression pour continuer l’échangisme. Cela ne lui pose pas problème, il est à l’aise avec ça ?
Pour conclure, diriez-vous que la sexualité a pris trop de place dans votre vie de couple ?
Encore merci, et bonne chance, vous faites preuve d’une réelle qualité d’empathie amoureuse, vous ne dites pas non avant d’avoir essayé de le suivre dans ses chemins. Mais oui, vous avez raison, parfois il y a des limites.
Bonjour, M. Kaufmann,
Je vous remercie d’avoir pris le temps de me répondre. Je suis navrée de m’être précipitée et d’avoir posté un témoignage avant le lancement des appels à témoignages. Excusez-moi.
Vos observations sont très justes, et je suis moi-même consciente du paradoxe dans lequel je me suis trouvée : comment se fait-il que, tout en me sentant très libre de parler avec mon mari, je n’aie pas été capable de lui dire à quel point ces soirées étaient contraire à mon plaisir ? La honte de ne pas correspondre au modèle de femme prôné par les films porno ? La peur qu’il ne m’abandonne ? Il y a, ici, une question qui me taraude depuis longtemps. Il a souvent été question entre nous d’une idée rapportée de ses séminaires en sexologie, à savoir que, si la femme a moins d’appétit sexuelle que l’homme (est-ce vrai, d’abord ?), c’est le résultat d’un très long refoulement de son désir et qu’il suffit de lui en donner l’occasion pour que la femme retrouve une sexualité « naturelle ». Lors de ces mêmes séances, il a également souvent été dit, sur un ton un peu méprisant, que la femme a tendance à confondre les « sentiments » avec le plaisir ; pour se libérer de son refoulement la femme doit séparer sa capacité de resentir un plaisir physique de toute une conception construite, plus ou moins idéalisée, de l’amour, reçue à travers l’éducation. Autrement dit, que le modèle féminin du plaisir ne serait qu’une construction sociale idéalisée qui l’amènerait à ne plus pouvoir percevoir son vrai désir charnel en le sublimant vers des idées romantiques à l’eau de rose. Bizarre : c’est un homme qui disait cela ! Mais je rêve : on est tombé dans une refonte du mythe de : « la femme, il faut la forcer parce que, même quand elle dit ‘non’, en réalité elle désir être violée » ! Évidemment, dans cette théorie, c’est l’homme qui est dans le « vrai », c’est lui que la femme doit émuler si elle veut développer une sexualité pleine, mûre et satisfaisante ! C’est lui qui va la prendre par la main – pauvre ignorante – et la mener, par ses soins compréhensifs (qui, en passant, lui permettent d’assouvir ses propres désirs d’homme) vers la plénitude ! Et moi de répondre : « Et si c’était le contraire ? ». Et si l’idée que se font les hommes de leur propre désir était une construction idéalisée ? Je n’ai pas de réponse, mais je soupçonne que, si le modèle dominant de la sexualité féminine est acquis culturellement, le modèle masculin ne l’est pas moins. Vous avez raison : je trouve pénible l’injonction permanente de « réussir » sa sexualité, et ce qui ne cesse de me surprendre c’est notre tendance à indexer sur la fréquence de copulation la qualité d’une relation affective profonde.
Vous me demandez si la sexualité a pris une trop grande place dans ma vie de couple. Je répondrai en disant que je regrette que mon mari ne trouve aucune source de jouissance et de contact social autre que la sexualité. Il se dit hédoniste. Mais il passe à côté de tout un éventail d’autres plaisirs parce qu’il réduit son champ d’exploration à la sexualité. Ce n’est pas dans notre couple que la sexualité a pris une trop grande place ; c’est dans sa vie.
Vous me demandez, également, si les femmes voudraient parfois ne pas faire tout passer par la sexualité dans le couple. Ce n’est pas exactement ça. Ce que je voudrais, plutôt, c’est que les femmes précisent davantage ce qu’elles attendent de leur sexualité, comment elles conçoivent une vie sexuelle pleine et satisfaisante et quelle place elles voudraient que cette sexualité occupe dans leur existence. Pour ma part, je pense que la façon dont on pense un phénomène colore l’expérience qu’on peut en avoir. Et, à mon avis, on devrait donner à tous ces gestes, – entre adultes consentants – dont l’objet est de procurer du plaisir, un rôle bien plus prépondérant dans notre regard sur la sexualité, et donc dans notre expérience. De ce point de vue, oui, beaucoup de choses peuvent passer par la sexualité, mais cette sexualité peut – ou non – comprendre le coït. En agrandissant la zone d’éclairage du projecteur de façon à inclure plus de sensations jouissives, on se rend compte qu’il y a beaucoup de moments sexuels tout au long d’une journée et qu’ils sont tous merveilleux !
Ce qui m’amène à votre troisième question : c’est ce changement de point focal qui permet à mon mari d’avoir une sexualité pleine malgré son manque d’érection. Il ne vit pas cette situation avec frustration parce qu’il considère qu’une vie sexuelle pleine n’a pas besoin d’être accompagnée de pénétration vaginale. Il explore donc tous les autres moyens de satisfaire et de se satisfaire et, bien entendu, il a son plaisir intense, ses éjaculations et ses orgasmes.
Avec toute ma considération.
Lorili.
Lorili,
Vous n’avez surtout pas à vous excuser, c’est moi qui aie ouvert l’onglet d’enquête avant que ne soit lancé l’appel à témoignages. Pas de problèmes, ainsi nous avons du temps pour échanger tranquillement, et plus tard il y aura des réactions à ce que vous dites.
Vote dernier témoignage pose une question d’ordre général. Dans les médias, s’impose un nouveau modèle de la femme moderne, qui doit afficher désormais une sexualité libérée, son aisance à en parler, etc. Or on constate que lors des premières rencontres ce n’est pas si simple, MeToo et Balancetonporc montrent que le jeu de rôle traditionnel est encore à l’œuvre et qu’une femme qui affiche trop ouvertement ses désirs peut être stigmatisée, donc ce nouveau modèle peut la piéger. Et dans le couple, après des années de vie commune, il est fréquent que le désir féminin baisse parce que le partenaire fait moins rêver (alors que les hommes séparent beaucoup plus facilement sexe et sentiments), ce modèle encore une fois, est donc en décalage avec ce qui est vécu. Pourtant il n’a sans doute rien d’artificiel quand on voit le succès de livres comme 50 nuances de Grey ou la new romance d’Ana Todd. Comme si le sexe ne trouvait que difficilement les conditions de s réalisation pour les femmes.
Autre question : on parlait autrefois de « devoir conjugal », mais ne sommes-nous pas encore en pleine période de devoir conjugal pour les femmes, celles-ci préférant accepter des sollicitations plus fréquentes qu’elles ne le souhaiteraient provenant de leur mari, cela ne leur coûtant pas trop, pour éviter qu’il ne soit insatisfait, ou pire, qu’il aille voir ailleurs. Vous-même, si j’ai bien compris, vous dites qu’au début cela ne semblait pas trop vous coûter, et que vous aviez l’impression qu’il fallait que vous fassiez des efforts. Ce n’est qu’ensuite que vous avez compris qu’il vous poussait à construire quelque chose qui n’était pas satisfaisant. Nous sommes là au cœur de ce que l’on appelle la « zone grise », où les femmes ne manifestent pas véritablement de refus (souvent tout simplement par amour) mais ne sont pas vraiment consentantes.
je suis avec mon mari depuis l’age de 16 ans aujourd’hui cela fait plus de 35 ans on vient d’une famille nombreuse et on c’est connu par la fenetre de notre batiment hlm .Moi j’étais d’une famille catholique tres pratiquante et lui d’une famille d’immigrer tres ouvert .
On est tombé amoureux car physiquement il etait tres tres beau et me trouvé la plus belle nous avons eu un coup de foudre on c’est vu en cachette des le premier jour il voulait se marié avec moi .On a decouvert l’amour ensemble la passion les interdit car ma
Bonjour, M. Kaufmann,
La contradition est partout et je sens que, culturellement, la femme est attrapée entre deux messages très forts : « fais-le mais ne le fais pas », applicable, d’ailleurs dans beaucoup d’autres domaines que la sexualité. Et j’ai l’impression que la liberté sexuelle est réservée surtout aux femmes qui ne vivent pas en couple. Mais je pense qu’il y a des forces à l’oeuvre qui sont beaucoup plus subtiles que le poids de la tradition. Je connais très peu de couples qui ont ouvertement décidé, comme mon mari et moi, que l’un, ou les deux, peuvent avoir des relations extramatrimoniales sans provoquer l’éclatement du couple. Même parmi nos amis échangistes, il y en a qui sont choqués par notre démarche ! De fait, je constate que, dans le milieu échangiste que nous avons fréquenté – qu’il fréquente toujours –, il y a autant de disputes dues à la jalousie et l’infidélité que dans un mmilieu non-échangiste : des membres d’un couple qui ont, à l’insu de l’autre, des relations avec un/e autre, des disputes parce qu’un membre d’un couple a regardé de travers quelqu’un d’autre, etc. Mais, avec mon mari, on a pris cette décision : intellectuellement, j’accepte tout à fait qu’on puisse avoir des relations avec quelqu’un d’autre que son compagnon ou sa compagne, que le fait de « faire l’amour » avec un autre ou une autre ne signifie pas qu’on en est « amoureux/se ». Et je sais, que le polyamour existe et j’admets qu’on puisse être amoureux de plus d’une personne. J’en ai des preuves tous les jours : mon mari n’a pas cessé de me donner quotidiennement des preuves de tendresse et de complicité, ni moi à lui. Et je sais que je pourrais chercher à avoir un amant de mon côté. Mais voilà : je ne le « désire » pas. Ce n’est pas que je ne veuille pas, mais je ne trouve pas, sur mon chemin, de personne qui fasse surgir en moi ce « désir ».
Je dois dire que je ne suis peut-être pas très représentative d’une majorité de femmes. Vous parlez des conditions difficiles de réalisation du sexe pour les femmes. Je suis arrivée à ma propre sexualité sur le tard, et j’ai toujours été troublée par ce mot « désir ». Est-ce qu’il s’agit d’une force qui jaillit à l’intérieur de soi et qui, impossible à freiner, pousse à la recherche de l’assouvissement, comme une démangeaison extrèmenent forte, comme je crois qu’on voudrait nous faire penser ? Ou est-ce qu’on désir l’interaction sexuelle comme on désire une tranche de pain grillé pour le petit déjeuner ? Est-ce qu’il faut le provoquer, ce désir ou est-ce qu’il vient tout seul ? J’ai eu, avec mon mari, des expériences sexuelles extrêmement jouissives. Nous n’avons jamais fait l’amour tous les jours, mais, quand nous le faisions, nos ébats étaient longs et très libérateurs. À la fin, j’avais l’impression de flotter et son visage à lui devenait lumineux, comme s’il était éclairé de l’intérieur. Cela nous arrive encore, mais moins souvent et pas toujours avec la même intensité. Mais je ne me suis jamais sentie portée par un « désir » inexorable ni par un besoin irrépréssible de faire l’amour. Mon excitation est toujours, depuis les premières années, venue en commençant nos ébats. Elle venait très vite, il est vrai, et c’est encore le cas – je sais très bien comment provoquer mon excitation. Mais j’ai l’impression que ceci contraste avec le désir masculin qui, lui, n’a pas l’air d’avoir besoin d’être stimulé par autre chose que la vue ou la pensée d’une personne désirable. Il est, ou il n’est pas. Est-ce que j’ai raison ? Et s’il n’existe pas d’une façon automatique, c’est considéré comme une pathologie. En plus, il doit être suivi par un passage à l’acte, alors que, pour moi, le simple fait de sentir mon excitation est déjà une jouissance, qu’elle soit suivie ou non d’ébats amoureux.
Je ne sais pas si je suis en train de répondre à vos questions de manière satisfaisante. Mais, pour éviter que ceci ne devienne très long, je m’arrête là. Je crois que ce que je suis en train de dire est que je considère que j’ai une sexualité normale, pleine, mais que je ne ressent pas le « désir » à la manière dont je comprends que d’autres personnes le font, et cela me trouble. Et, oui, il m’est arrivé, donc, de commencer des ébats amoureux pour répondre au « devoir conjugal », mais après, en faisant l’amour avec mon mari, j’ai toujours joui.
Lorili,
Ce que vous dites est très clair, et très intéressant, notamment cette dernière phrase, sur les ébats commencés un peu comme un devoir conjugal puis débouchant sur le plaisir et la jouissance. Cela ne clarifie pas la question du consentement, de ce que l’on appelle la zone grise, où l’on ne sait pas toujours très bien quels sont les désirs de l’un et de l’autre, qui est au cœur de mon enquête. Votre situation illustre comment le non-consentement n’est pas toujours un refus. S’il vous avait fallu exprimer explicitement un consentement, pensez-vous que souvent vous auriez pu exprimer un refus, dire que vous préfériez ne pas faire l’amour ? Avez-vous en tête au tout début de vos échanges que votre désir se forme « en cours de route » et qu’il vous faut d’une certaine manière vous forcer un peu ? Ou bien parfois avez-vous accepté uniquement par devoir (avant d’être heureusement surprise par la suite) ?
Bonjour,
Lorsque j’ai commencé mon couple avec mon mari, nous avions une vie sexuelle très riche. Cela a duré 4 ans. Mon mari a fait alors un burn out, et une dépression. Depuis lors, son désir sexuel a été très chahuté. Les rapports se sont espacés, les problèmes d’érection aggravés. Puis la prise d’un médicament a terminé de massacrer notre vie sexuelle, en le castrant chimiquement. Au final, je crois que cette prise a été salutaire pour lui : se retrancher derrière cette médication est finalement la meilleure façon de me signifier que je ne dois plus tenter d’expériences. Cela a eu des répercussions énormes sur notre couple. Nous sommes aujourd’hui seulement un couple parental et il se dit absolument satisfait. Il sait que ce n’est pas mon cas, mais je crois que c’est trop difficile pour lui d’affronter cela, et préfère fuir et nier toutes les tentatives de guérison conjugale de je lui demande. Je me sens sacrifiée, niée et absolument frustrée. J’aime cet homme, j’ai une libido très en forme, et je ne peux plus l’approcher. Les écrans ont remplacé l’intimité. Je vais me coucher seule et me lève souvent seule aussi, nos horaires se sont décalés.
J’ai pendant cette aventure pris 10KG, je crois que je me suis protégée d’être une femme. En m’enveloppant, je me trouvais trop moche pour me laisser séduire. Après un travail thérapeutique, je me reconnecte à ma féminité, et envisage sérieusement de reprendre ma vie de femme en mains.
L’arrêt de la libido n’est pas toujours une affaire de femmes. Pour moi, c’est une véritable douleur et injustice, j’adorais faire l’amour avec lui, avant que le stress ne vienne envahir notre lit.
J’espère que l’accent ne sera pas mis que sur les femmes en matière de perte de libido : car dans mon cas, c’est le contraire.
Merci pour vos enquêtes !
Bonjour Mr Kaufmann,
J’ai vécu pendant 13 ans avec le père de mes enfants.Nous nous sommes rencontrés jeunes (17 ans pour moi et 21 ans pour lui). Nous n’avions jamais eu de partenaire sexuel avant. C’était la première fois pour tous les 2. C’était magique, excitant, fréquent, fougueux, passionné les deux premières années, puis plus irrégulier avec le temps. Cela ne nous a pas empêché de nous marier au bout de 7 ans, d’avoir deux enfants. Mais après la naissance de notre premier enfant, je n’avais plus envie de faire l’amour. Nous sommes restés un an sans rapports.Je ressentais du dégoût pourtant l’amour était là. Puis on a eu notre deuxième enfant. Nous n’avons pas eu besoin de beaucoup de rapports pour que je tombe enceinte. Avec le temps, je me suis dit qu’il en aurait marre de ne pas avoir de relations sexuelles plus “régulières”, mais cela ne semblait pas le perturber plus que ça. Notre petite vie était propre et bien rangée.
Jusqu’à ce que mes sentiments se mettent à faiblir, puis dans cette période de faiblesse, j’ai rencontré un autre homme avec qui il ne s’est rien passé. Nous avons passé des semaines à faire connaissance, et j’ai annoncé à mon mari que je voulais divorcer.
Le cataclysme!
Nous avons entamé une procédure de divorce et je me mettais en couple avec cet autre homme 6 mois plus tard. Je vous avouerai que la culpabilité était d’un poids écrasant, et j’en ressens encore,7 ans après, des soubresauts.
Je vis avec cet homme depuis bientôt 7 ans. Le début de notre relation a été difficile ( il est assez “sanguin”) mais passionnelle, charnelle. Je découvrais une sexualité que je m’interdisais, il me donnait confiance en moi, me réconfortait dans ma manière de faire certaines choses… Alors que lui avait connu d’autres partenaires sexuels et était plutôt gourmand d’ailleurs avec sa dernière compagne. J’avais donc l’impression de ne pas toujours être à la hauteur, refusant certains actes qu’elle acceptait avant.
Malgré le réconfort de mon compagnon, j’ai toujours eu des doutes quant à sa satisfaction sexuelle, bien qu’il ait découvert avec moi que le plaisir pouvait aussi s’en tenir à des actes sans pénétration, des caresses, des moments de tendresse, de complicité, de découverte des corps.
Puis avec le temps, nos rapports sont de moins en moins fréquents. Il me dit qu’il n’a plus forcément besoin de sexe pour être “bien”.
J’avoue que parfois j’aimerai qu’il me force un peu, comme si je n’attendais que ça! Et quand il essaie de me forcer un peu, je lui résiste lui disant que je n’ai pas forcément envie, que je suis fatiguée, ou pas bien en ce moment… Comme si j’installais un jeu entre nous…
Je crois aujourd’hui,que la sexualité fait partie du couple, cependant, je pense aussi que les couples qui décident de ne pas avoir de rapports sexuels n’en sont pas plus malheureux. Je reste aujourd’hui persuadée que tout est question de choix, d’envie, de compréhension de l’autre, de confiance.
Il nous est arrivé quelques fois d’avoir des rapports où il m’a “forcé”, après une dispute. Les premières minutes étaient difficiles,puis je crois que c’est dans ces relations que j’ai éprouvé le plus de plaisir! Contradictoire, n’est-ce pas? Je m’interroge finalement sur ce qu’un homme attend dans une relation et sur ce que la femme attend. Comme si finalement nous les femmes, avions des fantasmes qu’on n’oserait avouer parfois…
Avant d’être avec ma femme actuelle j’ai vécu avec une autre qui ne voulait pas systématiquement faire l’amour quand j’en avais envie. Comme j’étais jeune et ardent, c’était difficile à réprimer. J’attendais alors qu’elle s’endorme puis je commençais à la caresser et dans son sommeil elle se relâchait et cédait au plaisir, parfois intensément. Je garde un très bon souvenir de ces moments volés où je réussissais à éveiller en elle la femme sauvage et sexuelle qu’elle n’acceptait pas d’être volontairement. Encore aujourd’hui avec mon épouse actuelle j’aime particulièrement quand elle se montre passive. Mais pas seulement, ça me lasse aussi, j’ai besoin qu’elle s’emballe de temps en temps. Elle accepte presque toujours de faire l’amour, elle est généreuse et plutôt voluptueuse. Mais quelque fois elle fait juste ça par tendresse pour moi, par résignation et j’aime beaucoup cela, j’y vois un dévouement et un don de soi qui me touche et qui fait qu’à mon tour j’ai envie de me dévouer pour elle dans d’autres domaines. Nous sommes en quelque sorte au service l’un de l’autre pour le sexe comme pour le reste.
Depuis peu j’aime aussi faire l’amour avec elle distraitement tout en poursuivant une conversation courante, comme on le ferait un peignant la chevelure de l’autre. Ou bien pendant qu’elle lit, car elle lit chaque soir, avant (pendant) ou après l’amour… Cette sorte de rapport charnel à peine sexuel mais qui finit par prendre le dessus.
Ce que je veux exprimer en fait c’est que le consentement, le lien et le plaisir ce n’est pas la même chose. Cela fait parfois du bien de n’être rien que chair, de n’avoir pas d’avis à donner, pas d’accord à donner, de n’avoir qu’à s’abandonner à un vouloir extérieur dont on devient l’objet flottant, quelque fois délicieusement flottant. Consentir toujours à tout c’est fatigant. Savoir ce que l’autre va faire de nous et s’y rendre sans passer par la case du “moi je” …
Si je refuse à la suite d’une fâcherie de faire l’amour avec ma femme qui a besoin de cela pour se rassurer et de renouer avec moi, c’est elle qui me poursuit tyranniquement. C’est rare qu’elle accepte mes refus, mes refus l’angoissent et intérieurement, sans le lui avouer, je compte bien sur son insistance car je me sens valorisé qu’à son tour elle dévoile sa dépendance à mon égard et son animalité qui es le plus souvent recouverte par la mienne qui est évidente.
Je me sens en fait un adepte de la zone grise que je trouve plus rose que grise. Et un peu de rose ne fait pas de mal pour alléger un peu le rouge de la passion. Le rose sied bien aux petits jours des petites semaines…
Sophie,
Votre témoignage est très important car même si dans la majorité des cas le décalage de libido est dans le sens d’une libido plus importante pour les hommes, il existe aussi la situation inverse, et la vôtre est assez dramatique. Si je comprends bien, votre mari était face à l’angoisse de ne pas avoir d’érection, et la castration chimique l’a délivré de cette angoisse, c’est pour lui le plus important. Alors que pour vous, au-delà de l’absence de plaisir sexuel, vous vous sentez niée. Le lit conjugal a d’abord été le lieu du stress pour lui, et maintenant c’est pour vous ! Le lit ne devait jamais être le lieu du stress ! Il ne devrait être que le lieu de la détente et du plaisir, sans contraintes, dans une ambiance de complicité et de tendresse.
Question : ses problèmes sont uniquement d’érection ou plus largement d’absence de désir ? Il semble que vous n’avez pas essayé de compenser l’absence d’érection par des jeux de caresses. Que s’est-il passé dans sa tête à votre avis ? Etait-il si malheureux qu’il a préféré opter pour un refus de toute sexualité ? Mais que vous avez interprété comme un refus de vous-même, de votre personne, de votre féminité ?
Bianca
Votre témoignage est très étonnant, merci. Vous faites état d’une variation de votre désir, de votre libido, qui est assez exceptionnelle, passant d’échanges fougueux, fréquents et très appréciés, à des situations où vous évoquez la possibilité d’une plénitude conjugale sans trop de sexe voire pas du tout. J’aurais mille questions à vous poser (comment est apparu le dégoût pour votre premier mari par exemple, après la naissance du bébé, ou sur l’impression, terriblement répandue aujourd’hui, de ne pas « être à la hauteur », ou sur les détails que vous avez appris sur la partenaire précédente de votre second compagnon, c’est lui qui vous les avait expliqués ?), mais je n’en choisis qu’une, qui pour le moment me semble la plus importante, sur le désir secret d’être forcée (vous évoquez des fantasmes inavouables, c’est de cela qu’il s’agit ?). Car nous sommes là à l’exact opposé du consentement. Vous dites bien qu’il s’agit d’un jeu, mais pour qu’il fonctionne, il faut que cela passe par le fait qu’il vous force un peu et que vous donniez l’impression de résister un peu. Vous dites que tout cela est dans le cadre d’une sexualité qui s’est un peu endormie, c’est une manière de la réveiller ? Ceci est très important, car nous devons faire le clair sur le consentement, alors qu’il n’est pas certain que tout le monde le souhaite.
A tous,
Cette enquête ne fait que commencer, à partir de quelques témoignages, très divers et déjà passionnantes. N’hésitez pas à intervenir pour poser des questions aux uns, aux unes et aux autres, à poster vos commentaires sur les témoignages. Je ne suis pas le seul à intervenir, l’idéal est que cet espace devienne un lieu de dialogue très libre sur le thème de l’enquête, où chacun se sente chez soi, en confiance.
Olivier,
Votre femme est une très grande lectrice, ne pas décrocher de son roman pendant que vous lui faite l’amour n’est pas un exploit qui est donné à tout le monde ! Je plaisante, mais ce que vous dites est très riche et pose bien des questions par rapport à une vison rigide, en noir et blanc, du consentement, qui en plus, comme vous le dites, demande une activité mentale, une sécheresse intellectuelle, qui est bien loin des plaisirs profonds du soi qui s’oublie dans la chair. Les questions que j’ai à vous poser sont un peu difficiles, car j’aimerais que vous essayiez d’interpréter ce qui se passe dans sa tête. Eprouve-t-elle selon vous un vrai plaisir à ce type de fonctionnement entre vous ? Un plaisir à cette sorte de dédoublement de la personnalité (elle lit, et fait l’amour en même temps) ? Un plaisir aussi parce qu’elle se donne d’abord par générosité comme vous le dites, en échanges d’autre choses que vous apportez dans le couple, mais ensuite éprouve un plaisir plus direct ?
Autre aspect intéressant de votre témoignage : dans beaucoup de couples, comme dans le vôtre, il y a un décalage de libido, et comme dans le vôtre (mais pas toujours, voir Sophie) c’est l’homme qui en demande le plus. Mais même dans cette situation parfois le rapport s’inverse, comme vous l’expliquez, et vous dites très bien que c’est un moment important pour vous. Le désir est donc infiniment plus variable qu’on ne l’imagine. Surtout du côté féminin ?
Jean Claude, Je réponds à vos questions plus haut : Je crois sincèrement que la problématique de mon mari est ancienne. Dans le récit de sa vie, il exprime beaucoup de difficultés avec les femmes, et la relation avec son ex femme a aussi été chaotique. Il refuse toute forme de sublimation sexuelle. Massage, danse. j’ai essayé de lui proposer pas mal de solutions, nous avons aussi consulté mais le con chez qui nous sommes allés est entré en alliance avec lui, sans approfondir la matière, alors que c’était un sexologue, sa réponse a été ; s’il ne veut plus, il faut le laisser tranquille, faites chambre à part !. La relation d’adulte à adulte semble difficile entre nous. Je crois que nous sommes rentrés depuis sa dépression dans une dyade nourrisson -nourricière. Et on ne peut désirer son parent dans cette dynamique. Il y a énormément d’amour entre nous, mais cela ne s’échange pas sur le fond adulte. Pour moi, voilà ce qu’il s’est passé. J’ai d’abord pris 10KG. Un travail thérapeutique d’un an dans un groupe de thérapie pour mincir, m’a fait prendre conscience que je me protégeais d’autres hommes : en niant ma féminité, je ne me sentais pas poussée vers l’extérieur. Lorsque j’ai compris cela, j’ai commencé à maigrir et faire le point sur toutes les choses que j’accepte et qui ne sont pas acceptables : un de mes métiers, et aussi, le fait de ne plus être une femme désirée et désirante. C’est clairement la blessure la plus difficile de ma vie, car notre vie de couple a démarré sur une sexualité très nourrie ! Je ne lui en veux pas, je ne lui en parle que très peu, car c’est déjà très difficile pour lui, et j’ai donc autour de moi, des professionnels qui m’encadrent pour rester en équilibre dans tout cela. Pour moi, il est clair que l’amour se conjugue dans la sexualité, il a fallu comprendre et croire en son amour, sans sexualité; Cela n’a pas été facile. Mais je suis sur le chemin. Et donc, je me reconnecte à moi même et aujourd’hui, je prends en compte la séduction (je la vois et la ressens) et je me ressens peu à peu une femme.
Je continue l’enquête par e-mail, ce sera plus suivi pour moi, si vous avez encore des questions.
25 ans de mariage, 2 enfants.. Grosse remise en question de ma part : suis-je heureuse ? Je sens bien depuis plusieurs années ces petits grains de sable qui s’installent et enrayent petit à petit la machine du couple. Plus de désir sexuel pour ma part depuis… la naissance du premier enfant… cela fait 20 ans. Pendant 18 ans, je me suis plus ou moins forcée à faire l’amour ; les rapports étaient toujours concentrés sur son plaisir à lui, et je crois que plus les années avançaient, et plus je faisais en sorte qu’il prenne vite son plaisir pour que ça se termine rapidement. Je n’ai jamais su lui dire ce dont j’avais envie/besoin ou je n’ai pas osé, aussi. Aller se coucher était par moments devenu un calvaire car dès le matin, je me disais « allez ce soir, tu fais un effort, tu fais l’amour » et quand le soir venait, je ressentais comme une boule au ventre.. je n’en avais pas envie… Il ne m’a jamais forcée, il était juste quelquefois insistant, me disant que ça faisait longtemps qu’on n’avait pas eu de rapports ou qu’il avait très envie de moi… et donc moi je me sentais coupable de ne pas lui donner ce qu’il voulait…. Et puis, un jour, on a eu un rapport et là j’ai eu un déclic et je me suis dit non, ça suffit ; je ne peux plus accepter de me forcer, ce n’est pas me respecter moi-même. Depuis 2 ans nous n’avons plus de rapports sexuels ; je lui ai dit clairement que je n’avais plus envie de lui et que je ne voulais plus me forcer. Nous faisons toujours lit commun mais nous n’avons aucun contact ; je dors au bord du lit, comme au bord du vide… je n’arrive même plus à l’effleurer. Je pense à la séparation car une vie de couple sans sexualité ne me parait pas possible. Je ne sais pas comment il fait pour tenir de son côté car il m’a dit ne pas avoir eu de relations extra conjugales. De mon côté, je me croyais frigide, je pensais que je n’aimais plus faire l’amour et j’ai rencontré une personne qui m’a prouvé le contraire. Renouer avec des sensations fortes, charnelles me fait du bien et surtout me fait sentir femme. Cette relation est complètement instable et sporadique mais les quelques moments où je peux en profiter me font renaitre à mon corps et, ressentir à nouveau du désir est une (re)découverte fabuleuse. Ce que je retire de ces expériences, c’est qu’il faut parler dans le couple, parler de ses désirs, sans tabou car s’enfermer dans le silence parce qu’on n’ose pas dire mène droit dans le mur ; j’ai eu le courage de me remettre en question et même si ma vie est beaucoup plus inconfortable qu’avant et incertaine par rapport à l’avenir, je me dis que j’ai bien fait de mettre tout ça sur la table car au moins, je suis en accord avec moi-même et c’est le plus important. Il y a toujours le regret de ne pas avoir réagi plus tôt mais sans doute n’étais-je pas prête…
Angèle,
Votre témoignage en confirme d’autres : il illustre combien chez beaucoup de femmes le désir peut être extrêmement variable. Vous dites vous-même que vous avez été surprise de le voir renaître à ce point (vous pensiez être devenue frigide) à l’occasion d’une nouvelle rencontre. Pour le moment, j’ai surtout deux questions :
1. Comment le désir a-t-il disparu avec votre mari ? Vous dites que c’est à l’occasion de la première naissance, mais cela n’avait-il pas commencé à faiblir déjà avant ? Je remarque que chez beaucoup de femmes (c’est beaucoup moins net chez les hommes), la baisse du désir est liée à une sorte de fatigue du couple, à une insatisfaction latente, à une sorte de perte du rêve sentimental. Mais dans votre cas, c’était très fort. Certaines femmes perdent le désir tout en maintenant un bon compagnonnage avec leur mari, l’envie de rester ensemble et même de « s’aimer ». Cela ne semble pas votre cas. La perte du désir n’a été que le premier pas qui vous amène aujourd’hui à l’idée d’une séparation, un premier signal, un révélateur ?
2. Comment expliquez-vous que vous n’ayez pas eu conscience de ce retour possible du désir physique, charnel ? Vous ne ressentiez pas cette possibilité à l’aide de fantasmes par exemple, il a fallu cette rencontre ? Cette rencontre a été placée dès le début sous l’angle de la sexualité ?
Bonjour,
J’ai 60 ans, je suis divorcé depuis deux ans et demi, après 25 ans de mariage. Mais, le climat entre mon ex-épouse et moi s’est dégradé à partir de 20 ans de mariage, et nous avons fait l’amour pour la dernière fois au bout de 22 ans de mariage et avons continué à dormir dans le même lit environ un an ensuite.
Rosine et moi nous sommes mariés alors que j’avais 33 ans, et elle 27. Elle est issue d’une famille de la bourgeoisie traditionnelle rurale catholique. Rosine avait connu (au sens charnel) deux ou trois hommes avant moi, dont un fiancé qui était décédé dans un accident de voiture. Moi, je suis issu d’une bourgeoisie parisienne catholique plutôt intellectuelle, et j’ai connu 3 femmes avant Rosine, ma vie sexuelle a commencé tard, vers l’âge de 21 ans, car j’étais timide avec les filles et j’avais évolué dans un monde plutôt masculin, ayant fait ma scolarité dans un établissement catholique parisien assez rigide et non mixte.
Après le décès de son fiancé, Rosine est partie comme jeune fille au pair aux Pays-Bas pour se changer les idées. Je la connaissais déjà, car elle était, avant cet évènement tragique, une amie proche de ma copine (je ne vois pas d’autre mot pour la nommer) d’alors, avec laquelle je devais me marier, mariage qui ne s’est finalement pas fait. Quand Rosine est revenue des Pays-Bas, j’ai cherché à la revoir car elle me plaisait beaucoup. Nous avons sympathisé, et avons assez vite commencé une relation amoureuse. Moi j’étais attiré par elle, et aussi assez amoureux, et elle très amoureuse, et nous avons vite parlé de mariage ; elle voulait des enfants et moi aussi, je déménageais dans une autre région pour mon travail, et nous nous sommes retrouvés mariés en 6 mois. Moi, je souhaitais que nous vivions ensemble avant de nous engager, elle disait qu’elle était « sure », je me suis donc un peu laissé faire. Au début de notre relation, alors que nous nous limitions à des baisers, elle m’avait fait part de son souhait d’attendre le mariage pour faire l’amour. Moi, je lui avais expliqué que j’étais capable d’attendre, mais que je n’en voyais pas l’intérêt. Finalement, assez vite, nous avons eu des relations sexuelles.
Elle aimait vraiment faire l’amour, et me sollicitait parfois elle-même, elle n’était pas coincée, sauf en paroles où elle avait mal à dire ce qu’elle aimait et ce qu’elle n’aimait pas. Mais j’étais moi-même un peu comme ça, si bien que nous avons mis du temps à bien connaître les aspirations de l’autre en matière sexuelle. Notre entente sexuelle était bonne, mais elle était donc un peu pauvre en échanges verbaux (elle m’avait dit qu’elle aimerait bien que je parle en faisant l’amour, mais moi ne n’y arrivais pas, et elle ne s’exprimait pas vraiment non plus en fait). En y repensant, ce qui manquait, c’était la tendresse. Nos échanges de tendresse étaient limités et pauvres, ou peut-être plutôt contenus, et nous étions sans doute tous deux inhibés sur ce plan là, ce qui reflète sans doute les difficultés de communication que nous avons eues et qui ont abouti à la séparation, et c’est finalement elle qui a demandé le divorce. En fait elle a refusé pendant plusieurs années de faire une thérapie de couple que je souhaitais ardemment, ne voyant pas d’autre façon de sauver notre couple qui se dégradait gravement. J’avais fini par lui dire que dans ce cas la seule solution était de divorcer, car nous étions dans une impasse. Je crois encore aujourd’hui qu’une thérapie aurait pu sauver notre couple. Elle, incapable d’assumer son désir d’en finir avec moi, a prétexté qu’elle avait demandé le divorce car je voulais divorcer et que je ne faisais pas la démarche. Il faut préciser que je n’étais ni violent, ni alcoolique, ni volage, et que j’avais des revenus confortables alors qu’elle n’avait qu’un salaire presque dérisoire. J’écris cela pour montrer son incroyable motivation pour divorcer malgré tous les inconvénients que ledit divorce allait lui apporter. Mais elle s’en tire finalement assez bien, d’une part matériellement car elle a eu une énorme prestation compensatoire (nous avons eu trois enfants, et notre dernier a eu 18 ans quelques semaines après le divorce), et elle a retrouvé quelqu’un assez vite, tandis que deux ans et demi après le divorce je suis encore moi-même profondément affecté au point d’être incapable d’avoir une relation amoureuse (j’ai tenté deux relations avec des femmes adorables, mais j’ai dû les quitter au bout de deux mois, dévoré que j’étais pas les angoisses, et je rêve encore de Rosine, avec qui j’évite encore tout contact). En sortant du tribunal, j’étais effondré, tandis qu’elle était toute détendue comme si nous étions allés faire une course anodine !
Sur le plan sexuel, donc, ça se passait plutôt bien. Au début nous faisions l’amour souvent, et c’était vraiment bien, puis avec les enfants, le rythme s’est banalement ralenti, mais c’était toujours bien, si je la sollicitais elle savait refuser sans me blesser, et moi j’en prenais mon parti, allant même jusqu’à me masturber à côté d’elle sans me cacher, ce qui ne la dérangeait pas (et qui me donnait un peu l’impression de faire l’amour avec elle). C’est seulement quand notre entente a décliné qu’elle s’est mise à refuser de plus en plus souvent. J’ai donc fini par lui dire que je ne la solliciterais plus, et que si elle voulait faire l’amour elle n’avait qu’à me le demander. La dernière année avant la fin de notre vie sexuelle commune, nous avons ainsi fait l’amour cinq fois en tout, toujours à son initiative donc. Puis, je lui ai expliqué que je souffrais trop de cette situation, et que désormais, je refuserais de faire l’amour. Et à partir de ce moment-là, elle ne m’a plus fait d’avance. Elle a tout de même cherché à m’aguicher un jour alors que nous étions en instance de divorce, et j’ai fait comme si je ne voyais rien.
En fait, pendant toute cette période, j’ai pris conscience de mon besoin de tendresse, et d’ailleurs, la dernière fois que nous avons fait l’amour, en août 2012, j’ai tout fait pour lui témoigner un maximum de tendresse, je me suis comporté comme un naufragé qui s’accroche à l’illusion qu’il va s’en sortir alors qu’il est fichu. C’est après ce dernier épisode sexuel (je m’y revois encore), qu’assis sur le lit je lui ai dit « maintenant c’est fini je ne veux plus faire l’amour avec toi, ça me fait trop souffrir »), elle n’a alors fait aucun commentaire.
Pour en revenir à notre vie sexuelle de la période où notre couple allait plutôt bien (mais cela n’a jamais été le Nirvana entre nous), et où elle prenait relativement souvent l’initiative de rapprochements sexuels, je n’ai refusé ses avances qu’une fois (et j’en étais bien désolé), car je m’étais masturbé 20 minutes avant et j’étais incapable d’assurer (j’avais 50 ans), elle était à la fois stupéfaite et très déçue. Et, quand c’était elle qui refusait mes avances, elle était généralement vraiment désolée, alors que je n’ai jamais, autant que je m’en souvienne, eu le moindre reproche à son égard dans ces situations.
Quand j’y repense, une des difficultés, relatives, que nous avions, était qu’elle préférait faire l’amour sans lumière (mais pas forcément dans le noir complet) et sous les draps. Elle n’était pas du tout pudique avec moi, mais elle était frileuse. Et moi, j’adorais voir son corps, et j’adorais qu’elle ne se lave pas avant de faire l’amour (par exemple le soir alors qu’elle s’était lavée le matin), ce qu’elle acceptait très bien. Moi, elle préférait que je me lave avant, si bien que j’ai vite pris l’habitude de me laver systématiquement le soir avant de me coucher. En ce sens nous avions dans ce domaine un respect mutuel que je dirais de bonne qualité. De même, j’ai toujours réussi à la mener à l’orgasme (elle était extrêmement frustrée si elle n’avait pas d’orgasme), après m’être parfois donné un peu de mal, mais je tenais, d’une part parce que souhaitais vraiment qu’elle ait son plaisir, et d’autre part parce que je ne me laissais aller moi-même à l’orgasme qu’ensuite. Après, nous nous enlacions sincèrement et presque tendrement quelques instants. Et même si ce n’était qu’une tendresse furtive et pas vraiment passionnée, c’était quand même de la tendresse, à la mesure de ce que nous étions capables de donner.
Je crois vraiment que le sexe a eu une grande importance dans notre couple, nous l’avons vécu avec un grand respect mutuel et une entente physique finalement peut-être pas si courante, même au bout de 20 ans de mariage.
Personnellement j’aurais aimé faire l’amour tous les jours, même dans la période qui a précédé la véritable dégradation de notre relation de couple. Mais dans la meilleure période, après la « lune de miel », c’était une fois par semaine.
Richard,
merci pour ce témoignage, long et précis. Pour un couple qui avait du mal à communiquer sur la sexualité, je trouve que vous arriviez malgré tout à vous dire beaucoup de choses, et surtout à concilier des attentes contradictoires, dans un grand respect mutuel. Aujourd’hui encore vous parlez d’elle avec respect (et amour) alors que vous avez souffert du divorce et que souvent dans ce cas on a tendance à transformer l’autre en bouc émissaire.
Ce qui pose d’autant de questions sur la dégradation qui s’est produite dans votre couple et dans vos relations sexuelles. Qu’est-ce qui s’est passé exactement ? Si je comprends bien, votre désir physique à vous est resté toujours à peu près le même (juste un peu moins passionnel qu’au début), jusqu’à la dernière phase, où vous avez ressenti trop de souffrance. Mais comment s’est produite la baisse du désir de son côté à elle ? C’était purement physique ou cela traduisait aussi une baisse d’implication sentimentale pour vous ? Je suis désolé de vous posez brutalement la question ainsi, mais pourquoi tenait-elle moins à vous ? Jusqu’à désirer ce divorce qui comme vous le dites s’annonçait comme matériellement compliqué pour elle. Pour elle le renoncement à la sexualité n’était-il pas que le signal le plus visible qu’elle ne voulait plus continuer le chemin avec vous. Est-ce vous-même qui était en question ou la seconde phase de tout couple, qui est celle d’une certaine banalisation, du confort, de la complicité et de la tendresse, mais sans la surprise et la découverte des débuts. N’est-ce pas cela qui était difficile chez elle et se traduisait particulièrement en manque de désir ?
Autre question, plus précise, sur le rythme de vos relations. Vous dites que pour elle c’était une fois par semaine alors que vous auriez préféré une fois par jour. Pourtant vous dites aussi que c’est elle qui demandait. Donc vous vous absteniez de toute démarche tant qu’elle ne vous avait pas proposé ? C’était à chaque fois à l’issue d’une demande, ou bien vos relations était inscrites dans une routine régulière, à un moment précis de la semaine ?
Jean-Claude, je crois que le désir sexuel n’a jamais été très fort dans notre relation. Peut être au début, les premières années, mais je crois qu’en effet, même avant les enfants, je m’ennuyais déjà à ce niveau. Issue d’une famille où l’on ne parle pas de sexe, j’ai du mal à dire ce que j’aime comme si j’attendais que mon partenaire le devine. Je crois que c’est l’erreur que nous avons faite : nous n’avons jamais parlé de nos désirs, en termes explicites. Pendant des années, nous avons fait l’amour de la même façon et dès qu’il avait joui (ce qui arrivait de plus en plus tôt au fur et à mesure des années), il s’endormait alors que moi je n’avais rien senti. Je comprends mieux pourquoi, avec le recul, je n’aimais pas faire l’amour avec lui… je n’en tirais aucune satisfaction ; j’avais juste l’impression d’être un outil à sa jouissance. Lui aussi me disait qu’il avait l’impression quelquefois de faire l’amour à une morte tellement je ne montrai aucun signe de désir. Je comprends aussi que mon corps a tellement imprimé ces sensations qu’il ne peut plus se donner à lui … comme je vous le disais, je dors au bord du lit pour ne pas qu’on se touche… C’est pourquoi j’ai très peu d’espoir que le désir avec lui puisse revenir. Qu’en pensez-vous ? La séparation est envisagée de mon côté (difficile pour lui) même si je doute aussi car je sais que c’est un homme bien, correct sur qui je peux compter et avec qui j’ai deux enfants… c’est sécurisant mais s’il n’y a plus de désir, de charnel, je ne vois pas comment continuer ainsi.
Concernant votre 2è question, cette rencontre s’est en fait déroulée en deux temps. J’ai rencontré cet homme il y a 10 ans un peu par hasard. Il travaillait dans un restaurant où je déjeunais souvent. On se disait juste bonjour et puis un jour, bam, je ne sais pas ce qu’il s’est passé, j’ai eu un coup au cœur pour lui. Ensuite j’ai changé de quartier et on s’est échangé nos adresses mais ça s’est arrêté là ; quelques échanges par mail et puis plus rien. Depuis ce jour, cet homme n’a jamais quitté mon esprit, je pensais souvent à lui mais je n’osais pas le contacter car je savais que ma vie s’en trouverait bouleversée. J’ai attendu des années et un jour, je lui ai écrit pour couper court à mon fantasme qui devenait de plus en plus présent. Il m’a répondu tout de suite et nous nous sommes revus.. et la relation a commencé comme cela. Les premières fois où nous avons fait l’amour étaient hésitantes mais maintenant à chaque fois que l’on se voit, je ressens un plaisir intense que je n’avais jamais connu. Le seul bémol (et peut être que c’est mieux ainsi ?) est que cet homme est souvent parti et ne donne jamais de nouvelles, ce qui est un peu frustrant. Aujourd’hui, je sens de plus en plus de désir dans mon corps et j’ai très souvent envie de faire l’amour (sauf avec mon mari !) ; je me caresse souvent pour me faire du bien et savoir où je prends le plus de plaisir et je pense aussi à cet homme qui m’a fait renaitre en tant que femme. Je me sens tellement plus épanouie dans mon corps mais il faut que j’avance avec mon mari pour savoir comment envisager la suite.
Bonjour, M. Kaufmann,
Je suis troublée par ce terme « devoir conjugal » ; je n’ai jamais pensé ma relation avec mon mari dans ces termes. Mais il est vrai que mon regard sur nos échanges génitales est ambigu et moi-même je n’y vois pas trop clair. Je dirais qu’il s’agit d’un mélange de besoin et à la fois de peur et de paresse, et je pense que ceci est en rapport avec beaucoup d’autres choses dans ma vie, depuis l’éducation que j’ai reçue jusqu’à toutes les choses qui me stimulent et me passionnent.
Dans mon cas, je crois qu’il n’y a jamais eu non-consentement. J’ai toujours été consentante. C’est juste que je n’ai jamais – timidité ? – inicé le jeu. Ceci dit, j’ai dit à mon mari depuis le début que je ne voulais pas « faire l’amour » à l’heure du coucher, parce que c’est le moment où j’ai le moins d’énergie et où je suis le moins à même de jouir. Il a toujours respecté cela – je pense que cela lui était égal –, et nous avons toujours joué le matin ou l’après-midi. J’ai donc été explicite. Il est arrivé une fois que lui aurait voulu et moi non ; je lui ai dit non, je lui ai expliqué pourquoi et c’était tout. Mais nous n’avons jamais, depuis le tout début, joué tous les jours comme je sais qu’il arrive dans d’autres couples. Pendant de longues années, nous avons copulé une fois par semaine et ni lui ni moi nous n’avons exprimé le désir de le faire plus souvent. On en a parlé et il m’a dit qu’il se satisfaisait parfaitement de cet arrangement. S’il avait voulu le faire plus souvent, j’aurais été aussi consentente. En contrepartie, nos jeux étaitent longs – ils pouvaient durer jusqu’à deux heures – et j’en ai toujours été satisfaite.
Mais il reste la question de la zone grise et l’ambiguïté du « je veux mais je ne veux pas ». Avant de connaître mon mari, j’avais un très grand besoin d’avoir une relation durable avec quelqu’un. Je suis arrivée à la sexualité active très tard et, avant lui, je n’avais eu que quelques expériences très brèves et très insatisfaisantes. Je m’imaginais coucher avec quelqu’un, mais j’avais du mal à imaginer le coït. J’entends souvent dire que la vie en couple est un enfermement, une limitation de la liberté personnelle. Mais, pour moi, cela a été tout à fait le contraire ; c’est avec mon mari que j’ai pu m’épanouir et c’est lui qui a fourni pour moi le nid sûr à partir duquel on peut se lancer à l’assaut de la vie et d’expériences enrichissantes. Il m’a fait découvrir beaucoup de choses et je me suis ouverte à beaucoup d’autres depuis que nous partageons nos vies. Mais, depuis le début, oui, mon désire de coït se formait « en cours de route ». Et je me suis toujours posé beaucoup de questions à ce sujet ; je n’arrive pas à comprendre pourquoi, alors que j’avais toujours une expérience euphorisante avec cet homme, j’avais autant de mal à sentir le désir de recommencer. En fait, je vis très bien sans la copulation génitale. Ce qui est indispensable pour moi c’est TOUT LE RESTE ; je crois que je ne pourrais pas vivre sans les baisers, les étreintes, le toucher, les frottements… et je me demande parfois si l’obsession des êtres humains pour la sexualité pénétrative ne masque pas une recherche de tout le reste, d’être touché, entouré, défini par le contact avec l’autre, comme le bébé qui a besoin d’être touché par la maman. Dans un couple où l’on ne se touche qu’au moment de la copulation, lorsque l’intérêt pour la copulation prend fin, que reste-t-il ?
Angèle,
Votre situation est très particulière et les solutions ne sont pas simples. Mais il faut vous dire que les problèmes que vous avez à résoudre viennent de quelque chose de positif qui vous est arrivé, cette découverte tardive du désir qui vous fait renaître…mais qui teinte encore plus en gris votre vie conjugale à laquelle vous être pourtant attachée sous certains aspects. C’est comme s’il y avait votre corps d’un côté et votre attachement à votre mari et à vos enfants de l’autre. La seule solution est-elle un choix radical ? N’y aurait-il pas la possibilité de toutes petites améliorations dans votre vie de couple, enclenchant un engrenage positif ? Le problème j’ai l’impression est que vous êtes au-delà de l’absence de désir pour lui, que son corps vous inspire presque du dégout ou au moins un sentiment de rejet. N’est-ce pas là le résultat de cette longue sexualité ratée entre vous deux ?
Jean-Claude, vous dites vrai par “résultat d’une vie sexualité ratée” ; on pourrait également dire “résultat du devoir conjugal”!. J’ai nié mes désirs et besoins sexuels pendant tant d’années qu’aujourd’hui j’ai envie de rattraper tout cela pendant qu’il est encore temps ! Voilà pourquoi je ne vois pas d’autre solution que la séparation (je me refuse à vivre une double vie qui à mon avis rendrait les choses encore plus difficiles). Reste à convaincre mon partenaire que c’est la meilleure chose à faire pour notre épanouissement personnel. Le chemin est ardu mais je ne regrette pas une seconde de m’y être engagée. Je me sens tellement plus vivante.
Merci de nous donner la parole ; tous les témoignages aussi différents soient-ils montrent à quel point la sexualité est importante au sein du couple et combien il est difficile de la gérer dans la durée…
Mr Kaufmann,
Je pense en effet, pour revenir sur votre interrogation,que le fait d’être “forcée” reste un jeu. Mon compagnon comprend comment je fonctionne parfois et c’est en effet une manière de réveiller une libido parfois endormie.
Je suis plutôt “complexée” par la nudité, bien que je sois de taille et de corpulence moyenne. Mon compagnon me trouve désirable et tout à fait à son goût. Mais le manque de confiance en moi fait que je n’ose parfois aller vers lui et proposer des choses un peu plus stimulantes, attrayantes, différentes…
J’ai donc cette impression parfois de poser ce jeu entre nous, afin que ce soit lui qui fasse le premier pas, alors que j’en meurs d’envie. Mais je ne sais pas comment le faire, le dire.
Ce qui donne cette sensation d’être forcée parfois, vient je pense, de la peur de finalement aller trop loin(“et s’il voulait faire quelque chose que je ne veux pas, que je n’accepte pas”).
Je ne sais pas si mes propos sont clairs, mais il y a cette impression dans la relation intime, de parfois faire un pas en avant et deux en arrière.
Le consentement est présent dans notre relation, mais il m’est arrivée de me dire “et si là je ne le satisfais pas, si l’on n’a pas de relation intime, est-ce qu’il n’aura pas envie d’aller voir ailleurs?”
Même si j’en parle peu, voir pas du tout, je tiens à préciser qu’il y a beaucoup de tendresse,d’amour et parfois de fougue entre nous,dans l’intimité. On se sert, on s’embrasse, on peut s’étreindre longtemps, se toucher, se caresser. Ce sont des choses importantes et qui, de mon côté me rassurent, me font du bien.
Notre relation est assez particulière, il faut parfois une bonne dispute (ce qui arrivé tout récemment) pour que ça redonne à notre vie un coup de fouet, pour remettre les choses au clair, les choses que l’on a du mal à se dire.Certains couples fonctionnent comme ça visiblement.
Bianca,
Si je comprends bien, vous ne souhaitez pas être forcée réellement, c’est juste dans l’imaginaire, un fantasme, plaisant, qui « réveille votre libido endormie » et mentalement reposant peut-être, ce que vous appelez être forcée correspond simplement au fait de lui laisser l’initiative. Et ceci est encore plus net, plus intense peut-être, après une dispute ? Juste après la dispute pourtant, on a un peu oublié l’amour pour l’autre, la sexualité est à l’état brut
Autre question : comment est apparu le dégoût (malgré l’amour) pour votre premier mari ? Ce qui se passe dans le lit est quelque chose de particulier, de différent, par rapport à l’ensemble des relations de couple ?
Jean-Claude,
Vous me montrez que j’aime encore mon ex-épouse, cela est possible, j’ai d’ailleurs rêvé récemment qu’elle me parlait en souriant, alors que depuis notre séparation, elle avait toujours dans mes rêve une position passive et spectatrice de ma détresse (en général, elle me voyait pleurer sans réagir du tout). Mais ma colère est toujours là, même si j’ai fait un grand pas pour me détacher d’elle il y a quelques mois lorsque j’ai appris par un de mes enfants qu’elle avait une relation amoureuse avec un autre homme. En ce qui concerne vos questions, la baisse de son désir était de toute évidence liée à la baisse de ses sentiments. Je pense que nous n’avons pas su identifier ce qui n’allait pas entre nous, et avons chacun de notre côté évité les conflits (nous ne nous sommes pratiquement jamais « engueulés », c’était plutôt des bouderies qui nous faisaient très mal à l’un et à l’autre), trop difficiles à gérer, du fait de nos difficultés à nous parler de façon sereine. Donc nous évitions les disputes, et la pression est montée petit à petit, le sexe restant quand même toujours là, ce qui nous a peut-être aidés à tenir aussi longtemps, même si nous faisions l’amour beaucoup moins que ce que j’aurais espéré. Son désir était de toute façon moindre que le mien.
Concernant nos difficultés, il est vrai que je n’étais pas tendre, et j’étais souvent stressé en rentrant du travail, d’autant plus que je n’étais pas accueilli alors que j’aurais vraiment beaucoup apprécié par exemple que le repas soit prêt quand je revenais à 20h après une dure journée. Elle avait en effet choisi de ne plus travailler après la naissance de notre deuxième enfant, ce avec quoi je n’étais pas d’accord, et que j’ai bien dû accepter, alors que mon travail ne nous permettait pas alors de faire bouillir la marmite. Mais lorsque les enfants ont grandi, et que j’ai eu un travail bien payé, elle aurait voulu vivre la vie d’une femme de la bourgeoisie des années 1950, allant boire le café avec ses copines, avant d’aller marcher en forêt ou de passer des coups de téléphone à ses amies. Je ne suis pas macho, j’ai toujours beaucoup participé aux tâches ménagères, je me suis bien occupé des enfants, mais elle ne supportait pas que je lui mette la pression pour travailler ne serait-ce qu’à mi-temps, et que je ne bricole ou ne jardine pas plus. Alors bien entendu, il lui était insupportable que je sois bougon le soir quand le repas n’était pas prêt à 20h voire 20h30, ce qui ne la rendait pas disponible sexuellement ensuite bien souvent.
Je pense qu’elle a été déçue que je ne sois pas le prince charmant qu’elle avait fantasmé (nous nous connaissions relativement peu quand nous nous sommes mariés), et qu’elle était complexée d’être moins diplômée que moi, ce qui a fait qu’elle m’a finalement considéré comme « condescendant » après m’avoir admiré pour cela.
Je n’ai peut-être pas été très clair, mais je m’aperçois en écrivant que je suis encore très affecté par ce gâchis, et par cet aveuglement dans lequel nous étions tous deux enfermés, ce qui me fait sans doute m’exprimer ici plus avec mes tripes qu’avec ma tête. Cette épreuve m’a appris beaucoup de choses mais je reste méfiant, de moi-même surtout, même si je suis persuadé que j’ai besoin d’une vie de couple pour être heureux.
Mr Kaufmann,
En effet, il est plaisant en effet pour moi de sentir que mon compagnon prend l’initiative de la relation intime. Et cela permet de me sentir désirée…
Après une dispute, je n’ai pas la sensation d’avoir oublié l’amour, c’est comme si on se découvrait ou se redécouvrait.
Avec mon ex mari, cette sensation de “dégout” (je n’aime pas vraiment le terme, mais je ne vois pas d’autre mot, malgré l’amour que j’avais toujours pour lui) est apparue après la naissance de notre premier enfant. Nous sommes restés un an sans relations sexuelles. Il ne s’en est jamais plaint et ne m’a jamais trompée.
Je ne sais pas trop expliquer comment cela est arrivé. Je me suis dit qu’il fallait quand même reprendre une vie intime, qu’il ne supporterait pas, qu’il me quitterait.
J’ai découvert cette notion de “dégout” par plusieurs signes: j’appréhendais le soir, une éventuelle demande de sa part. Puis il me fallait beaucoup de temps pour me mettre “dans le moment”, et chaque fin d’acte amoureux se terminait par un frisson qui me prenait tout le corps. Pourtant, j’aimais mon mari, je le trouvais beau, il était doux, attentionné.
Nous avons eu un autre enfant deux ans et demi plus tard. Mais, intimement, ça n’avait pas changé. J’avais l’impression de faire l’amour de manière mécanique, pour le satisfaire,pour ne pas qu’il ait eu envie de me quitter…
Puis les sentiments ont commencé à s’estomper de mon côté, avec le temps. J’éprouvais plutot de la tendresse, mais plus de l’amour.
Quand j’ai rencontré mon compagnon actuel, tout s’est réveillé en moi.
Plus de dégout, bien au contraire. J’avais envie de découvrir d’autres choses, de sortir d’une routine sexuelle, de me laisser guider par ce partenaire qui a plus d’expérience que moi. Peut-être est-ce cela au fond?J’avais peut-être besoin d’être guidée par quelqu’un qui m’apprenne de nouvelles choses, me rassure, me bouscule dans ma routine…J’avoue que je me pose encore la question aujourd’hui…
Bianca, ce que vous décrivez (relation avec votre ex mari) ressemble tout à fait ce que je vis, avec la notion de dégoût, d’appréhension. J’ai décidé depuis plus d’un an d’arrêter les relation sexuelles qui ne me convenaient pas et bien sûr notre relation en pâtit. J’ai toujours de la tendresse pour lui mais l’amour n’est plus. Est ce vous qui avez pris les devants pour le quitter ? est ce parce que vous avez rencontré quelqu’un que vous êtes partie ? ce sont des questions que je me pose.. j’ai aussi 2 enfants et c’est difficile de prendre la décision de tout bousculer. Merci
Chère Angèle,
Visiblement, vous vivez une situation similaire à celle que j’ai vécu il y a 7 ans.
C’est moi en effet qui ait décidé de quitter mon ex mari. J’éprouvais de la tendresse mais l’amour pur s’échappait, je ne supportais plus sa famille, les anniversaires, Noel… Ils ne m’avaient rien fait, mais je sentais que j’arrivais doucement à la fin de quelque chose.
Je lui ai un jour annoncé de but en blanc, que mes sentiments s’estompaient, que je n’étais plus heureuse. Je pleurais beaucoup, c’était compliqué car j’avais tout pour être heureuse : mariée, propriétaire, deux beaux enfants, une situation matérielle convenable, une petite vie bien rangée. Mais quelque chose me manquait.
C’est dans cette période que j’ai rencontré mon compagnon actuel.
Au début, nous avons fait connaissance, pas de coup de foudre. Nous avons appris à nous connaitre comme deux amis, nous avions beaucoup de points communs.
Nous nous sommes vus sans que rien ne se passe, même pas un bisou. Cela a duré des semaines, nous parlions beaucoup, nous allions visité des villes…
Je me suis persuadée que je n’avais pas quitté mon ex mari pour lui, cependant, je pense que ça a accéléré les choses.
Je suis restée deux mois à la maison entre le moment de l’annonce et le moment du départ. Mon ex mari n’était pas du tout préparé, il a fait ce qu’il a pu pour me récupérer, était prêt à beaucoup de choses. La culpabilité était pesante,étouffante. Aujourd’hui, ça va mieux, mais cette culpabilité m’a pesée des années. D’autant plus que, comme vous, j’ai deux enfants, et je culpabilisais par dessus tout pour le mal que j’allais répandre!
Mais à un moment il fallait décider de rester et ne pas être bien à 100%, pas épanouie. Ou partir, malgré tout le mal que cela provoquerait, mais peut-être réussir à m’épanouir.
J’ai vu un psy durant cette période pour m’aider à surmonter la situation, comprendre certaines choses. Cela m’a beaucoup aidé.
Aujourd’hui, la seule chose que je regrette c’est la souffrance de mes enfants durant cette période. Sinon je ne regrette ni la vie avec mon ex mari, ni le fait d’être partie.
Je me sens plus épanouie avec mon compagnon actuel.
Mes enfants se sont bien adaptés, ils préféreraient avoir leurs parents ensemble, mais sont bien habitués au rythme,d’autant plus que mon compagnon a deux enfants aussi. Des liens forts se sont créés.
Le dialogue, la communication dans un couple est pour moi, le plus important. Comme dans tout couple,nous avons des prises de tête. SI nous ne dialoguons pas, la situation a tendance à être pourrie quelques jours. Dès que nous échangeons sur ce qui nous tracasse, ça va beaucoup mieux.
Je n’ai pas de conseils à vous donner, mais si je peux me permettre, je vous dirai simplement d’essayer de dialoguer, de parler de ce qui ne va pas, avant de prendre une décision hâtive.
Je ne sais pas si mon témoignage peut vous aider, mais c’est avec plaisir que nous pourrons échanger à ce sujet.
Bianca,
Merci pour votre retour sur votre expérience. C’est fou comme je m’y retrouve, mis à part le fait que je n’ai pas noué de relation forte avec un autre homme.
Nous parlons beaucoup avec mon mari, nous allons voir un psy ensemble, ce qui nous aide à délier les blocages. Seulement je sens bien que notre objectif n’est pas le même : il espère que ça nous permettra de retrouver une vraie vie de couple amoureux et moi de mon côté, j’espère que ces séances nous permettront de nous séparer en bons termes…
J’ai bien conscience que c’est à moi de prendre la décision même si j’aimerais qu’elle soit partagée, qu’elle soit d’un commun accord… il faut beaucoup de force pour faire ce pas-là … vous avez été très courageuse !!!
Cela mûrit en moi doucement ; cela me transforme à tous les niveaux et même mon mari qui était plutôt rigide, s’assouplit…
Quoiqu’il arrive, je ne regrette pas cette prise de conscience. J’espère juste trouver la force qui me manque encore.
Merci.
Angèle,
Réussir à parler avec votre mari, quelque sera la décision plus tard, est une chose très positive. Même si vous finissez par vous séparer, vous aurez mis des mots sur vos blocages. Je suis heureuse de voir que cela vous transforme doucement… Vous serez peut-être surprise dans quelques temps et, peut-être que vous ne vous séparerez pas…Je crois qu’il faut laisser le temps qui fait et défait les choses.
Vos paroles sont plutôt positives, et la force vous la trouverez quoiqu’il arrive.
J’ai été surprise de trouver la force dans des moments de détresse. Le corps et l’esprit ont des ressources surprenantes. J’ai découvert que l’on peut aller au plus profond de nous même dans des situations difficiles.
Je vous souhaite que cette prise de conscience vous aide à avancer de manière positive. La force, j’en suis certaine, vous la trouverez!
Bien sincèrement.
Merci Bianca, vos mots me réconfortent !
Au Japon la plupart des couples n’ont plus de rapports sexuels une fois le quota d’enfants réuni (2 en général). L’homme appelle sa femme “mama” (puisqu’elle est mère de ses enfants, un peu comme si elle etait devenue sa mère a lui aussi), et elle l’appelle “papa”. Le fait de dormir a 3 ou a 4 dans le même fouton avec les enfants au milieu, ne facilite pas non plus la communication des corps, mais les deux se disent fatigues, lui par son travail, elle par les soins aux enfants. Finalement c’est globalement le “happy end” de leur vie conjugale. Pourtant, personne ne considère la baisse ou la disparition de la libido comme une motivation pour divorcer. Le couple reste sacre même si monsieur va parfois voir ailleurs de temps a autre. Les Français maries a des Japonaises se plaignent du cours que prennent les choses, mais, pour parodier le livre de Beigbeder, on pourrait dire qu’au Japon, la libido dure 3 ans…
Bonjour à tous,
J’ai 30 ans, et je sors d’une longue histoire qui a commencé à mes 20 ans. Grande lectrice et passionnée de féminisme, le désir reste pour moi un profond mystère. Qu’est-ce que je me suis battu contre mon compagnon pour lui prouver que non, une femme n’avait pas “moins” de désir qu’un homme et pourtant, nom d’un chien, c’était le cas entre nous et encore maintenant ça m’agace de l’écrire. Nous avions des codes parfois pour compenser cette inadéquation, je me laissais “violer” sans réagir, en disant juste que je préférais faire l’étoile de mer tranquillement. Je mets des guillemets car c’était notre expression. Ca ressemble au témoignage du monsieur avec sa femme qui lit C’était toujours agréable mais sans plus. Comme un bonbon. Un shot de sucre et dodo. Et lui était d’une immense fierté, l’idée d’être moins désiré que je l’étais le vexait beaucoup, et je faisais toujours très attention à ce qu’il ne pense pas que je faisais quoi que ce soit “pour lui faire plaisir”.
Dans une histoire plus courte, juste après le #metoo, j’ai balancé à mon amant que son insistance était juste lourde. Et qu’heureusement que je n’avais plus 20 ans. Le message est passé finalement.
Je dois toujours et encore me battre pour ne pas “faire plaisir” et me faire plaisir. Sauf que me faire plaisir passe encore beaucoup par faire plaisir. D’où une zone grise continuellement renouvelée.
Lili,
Si je comprends bien, vous employiez entre vous le mot « violer » comme nom de code, il s’agissait d’une sorte de scénario, de jeu sexuel, dans lequel vous disiez préférer jouer une extrême passivité (faire l’étoile de mer). Comment réagissait-il, cela lui convenait ? Vous dites que, sans atteindre le plaisir, c’était malgré tout agréable. Il semble malgré tout, dans ce que vous dites, que c’était pénible à vivre pour vous (d’ailleurs, dans votre histoire plus récente, vous avez dit non). Pouvez-vous essayer d’expliquer ce qu’il y a de pénible dans cette chose pas vraiment désagréable mais sans vrai plaisir. Vous trouvez le temps long ? C’est le contraste avec l’idée d’un plaisir qui pourrait être plus intense qui est agaçant ? La répétition de l’exercice ? La déception de ne pas pouvoir vous expliquer vraiment sur ce qui se passe entre vous ?
Doit-on se battre pour ne pas « faire plaisir », ou trouver le moyen de combiner le « faire plaisir » avec le plaisir personnel ?
Ce qui était agaçant c’était d’admettre par ce jeu que nous n’étions pas égaux face au désir. J’étais soulagée de pouvoir “donner” sans efforts mais je culpabilisais également – de ne pas correspondre à ce qu’il attendait de moi.
Doit-on se battre pour ne pas “faire plaisir” : je me suis battue quand le “faire plaisir” était insistant, ressemblait à une obligation.
Dans le premier cas il s’agissait d’une relation longue, dans laquelle des concessions sont nécessaires. Et jamais mon compagnon insistait lourdement, c’était beaucoup plus diffus et de l’ordre du non dit.
Dans l’autre il s’agissait d’une histoire courte qui est légitime seulement si ça fait des étincelles, d’où la pression j’imagine que je ressentais pour être à la hauteur de quelque chose de “passionnel” et brillant et qui m’a finalement agacé au point de dire stop. D’autant plus que la demande était dans ce cas explicite, insistance et directement culpabilisante.
Faire plaisir et plaisir personnel vont ensemble mais ne sont pas la même chose. J’ai passé de longues années à les confondre complètement. Mais oui, parfois ils peuvent être dissociés et ça demande une attention à soit et à l’autre parfois fatiguante
Lili,
Quel bilan tirez-vous de votre combat féministe pour prouver qu’une femme n’a pas moins de désirs qu’un homme ?
Certes le désir féminin a longtemps été nié par la société machiste. Mais beaucoup de témoignages de cette enquête montrent qu’il a encore aujourd’hui beaucoup de mal à s’exprimer sereinement dans le couple (plusieurs témoignages montrent qu’il s’éteint avec la routine conjugale, alors que l’homme maintient un désir constant. Pour vous la difficulté à le ressentir pleinement semble avoir commencé dès le début). Dans votre cas, cette idée, politiquement juste en théorie mais qui ne correspondait pas à votre situation, ne vous a-t-elle pas piégée, vous forçant à atteindre une sorte d’idéal impossible, ce qui provoqua agacements et culpabilité, alors que reconnaître le décalage des désirs aurait peut-être permis d’instaurer des échanges conjugaux plus apaisés ? Un couple ne se résume pas à la sexualité.
Nous avons fini par instaurer, sur la proposition initiale de mon conjoint, une ouverture dans le couple pour échapper au huis clos et effectivement, briser la routine a été salvateur pour mes idées féministes mais destructrices pour mon couple. En face, il n’a pas pu supporter. Et moi non plus cela dit quand la réciproque est apparue. Bien-sûr que notre histoire ne s’est pas terminée à cause de cela uniquement, mais le mélange de différents facteurs a fini par faire éclater notre relation. Et ce facteur là a été central.
Si je devais faire un bilan de ce combat, j’estime qu’il est juste en effet, mais que je suis trop empêtrée dans cette société pour que cela serve à quelque chose de se battre. La réalité de mon passé, de mon environnement, de mon éducation est trop forte. Peut-être plus tard…
Lili,
Vous voulez dire que vous avez accepté qu’il ait une relation avec une autre femme?
Mr Kaufmann,
Nous vivons ensemble depuis 27 ans et nous avons 3 enfants adulte ou grand ado. Notre sexualité a beaucoup évolué depuis tout ce temps dans le sens d’un vrai épanouissement. Il y a eu des périodes plus compliquées, notamment après la naissance de notre 1er enfant. Depuis quelques années, nous avons moins de rapports, mais toujours aussi intenses. Pour ma part je ressens toutefois cela comme une vraie difficulté car nous ne sommes plus en accord spontanément sur la fréquence. C’est d’autant plus compliqué que ma partenaire est réticente à avoir un dialogue sur cette question. Elle se situe maintenant plutôt dans la perspective de répondre à ses besoins ; une trop grande sollicitation de ma part la contrarie et gentiment elle n’y répond pas. Pour ma part il y a là une vraie frustration alors même que nous réunissons aujourd’hui toutes les conditions pour une harmonie : pas de problème de santé, moins de stress dans la vie courante, moins d’obligations compte tenu de l’âge et de la situation des enfants, … Pour dire les choses, nous faisons mieux l’amour aujourd’hui qu’à 25 ans, et nous n’en profitons pas assez, de mon point de vue. Ma frustration est amplifiée par le fait que, malgré mes sollicitations, ma partenaire ne souhaite pas dialoguer sur les raisons pour lesquelles elle a moins envie de faire l’amour. Peut être a t’elle peur de ce qu’elle pourrait me dire ou tout simplement ne sait pas trop quoi en dire. Ses non acceptations, qui ne sont pas des refus – il y a une différence je dirais dans le non-dit qui reste quand même enrobé de tendresse et d’une certaine complicité – m’énervent, et s’il n’y a pas de risque que mes sollicitations deviennent plus “violentes”, nos rapports après un temps plus long d’abstinence forcé sont plus vigoureux ; ce qui par ailleurs ne lui déplait pas.
Paul,
Oui votre femme a sans doute peur d’expliciter davantage, peur que le bel équilibre de votre couple soit remis en cause par le constat d’un décalage des désirs, du moins de la fréquence des rapports. Vous êtes dans une situation que connaissent beaucoup de couples, il faudrait pouvoir réussir à en parler davantage, pour trouver des arrangements, bien que ce ne soit pas toujours simple. C’est très désagréable, et déstabilisant, pour beaucoup de femmes, de constater la baisse de leur désir, et elles se sentent coupables. Tous ces non-dits peuvent être le terreau de désaccords futurs. Vous avez vraiment raison d’essayer de parler, il vous faut trouver le moyen de le faire en douceur, de façon détendue.
Bonjour,
Je souhaitais vous faire part de mon expérience suite à l’article paru dans Rue89 aujourd’hui, que j’ai trouvé passionnant, même s’il y a encore plus à dire au sujet du consentement (et surtout du non-consentement) sexuel dans un couple.
J’ai 31 ans et ne suis plus en couple depuis 6 ans environ. Par choix. Ma dernière longue relation, de 5 ans, avec un homme avec qui j’ai vécu, s’est transformée en cauchemar. Il est indispensable que l’on parle enfin aujourd’hui de consentement au sein d’un couple, car quand bien même un lien potentiellement exclusif se crée, cela ne devrait pas avoir à signifier “avoir l’exclusivité sur le corps de l’autre”.
Sur les deux dernières années où j’ai été, et ai vécu, avec cette personne, des problèmes de couple me faisaient questionner la poursuite de cette relation. Ca aura mis du temps avant de “passer à l’acte”, se séparer et quitter cet appartement, et ces 2 années auront pour moi été notamment marquées par ce que j’appelle du viol conjugal. Autrement dit, du sexe non-consenti avec mon partenaire de l’époque. Je me rappelle tous ces soirs où, couchée plus tôt que lui car on ne vivait pas du tout sur le même rythme de travail, je me faisais réveillée par mon conjoint qui insistait pour qu’on fasse l’amour malgré mes “non”, mes “je me retourne et me colle contre le bord du lit”, mon attitude clairement indifférente et le refus exprimé, à l’oral comme par les gestes. Et lui de me bloquer pour me pénétrer de force. Je me rappelle ne rien ressentir si ce n’est de la colère et l’impatience que ça s’arrête, qu’il finisse, mais aussi le non-dit, le fait de ne pas en parler, car le sexe était un sujet tellement sérieux et quasi tabou dans cette relation que beaucoup de choses passaient sous silence (les remarques piquantes du type “tu es frigide” lorsque je refusais tel acte sexuel ou la pression d’avoir un orgasme quand aucune condition n’était réunie pour ce faire, etc.).
Lorsqu’on s’est enfin séparés, je me rappelle lui en avoir touché un mot. Lui avoir dit que j’avais mal vécu toutes ces fois où il m’avait sauté dessus sans me laisser le choix, sans respecter que je ne voulais pas. Il s’est platement excusé mais je crois qu’il n’a jamais vraiment compris ce que j’essayais de lui dire. Je crois qu’il ne voyait pas le problème. Avec le recul je peux dire aujourd’hui que cette relation était très égoïste et emprunte de paternalisme et de machisme, mais à l’époque, plus jeune, je n’ai pas su me défendre et je regrette.
Peu importe qu’on soit dans une relation, qu’on vive ensemble ou non, le corps de l’autre ne devrait jamais, jamais nous appartenir. Pour moi c’est symptomatique du manque de respect qui tend à s’installer dans un couple au bout d’un moment. L’acquis, et par l’acquis, le mépris. On finit souvent par avoir moins de respect pour la personne avec qui on est en couple, que pour son cercle d’amis ou sa famille, ses collègues de travail. Je pense que c’est d’ailleurs là une des raisons pour lesquelles je ne souhaite plus être en couple aujourd’hui. Je ne veux appartenir à personne, je refuse que mon corps fasse partie des meubles au point qu’on puisse en faire ce que l’on veut, sous de faux prétextes de “devoirs conjugaux” qui ne prennent jamais en compte l’individualité.
Ces dernières années, j’ai parlé à mon entourage, notamment masculin, de cette histoire. Côté femmes, d’autres m’ont confié les mêmes abus (ma soeur, par exemple). Entre nous, nous appelons ça les “attaques nocturnes”, c’est peu dire. Côté hommes, j’ai eu des réactions variées. Ceux qui prennent conscience et se repositionnent, ceux qui justifient l’acte (qu’ils pratiquent par ailleurs eux-mêmes) par “parfois le désir vient en insistant un peu” (du type “l’appétit vient en mangeant”) ou encore “parfois je n’ai moi-même pas très envie quand l’autre a envie, alors j’estime que chacun doit y mettre un peu du sien pour satisfaire l’autre”. Je trouve ces manières de penser arriérées et complètement irrespectueuses. Hommes comme femmes, nous devrions pouvoir dire non quand nous n’avons pas envie, sans que cela remette en question l’amour que l’on a pour l’autre. Mais je pense que la sériosité qui entoure la sexualité, l’effort de “performance”, de répondre à des soit-disant pratiques des Français (du type “il faut faire minimum 4 fois l’amour par semaine pour sauver son couple”), créent beaucoup de torts et éclipsent la notion de respect mutuel et de liberté individuelle dans un couple.
Bref, voilà mon témoignage. En fin de compte je suis bien mieux toute seule !
Je viens de lire unArticle dans Le Nouvel Obs . Je fais partie de ces Femmes qui ont ete complètement anéanties par “le devoir conjuguât” pendant 43 ans . Il y a 3 ans j ai pu mettre des mots …….déjà le mot violent et Peu à Peu viol lent ..ç est à partir de ce Moment avec des structures d aide que j ai pu commencer un travail et d envisager une séparation. passer par l incompréhension, la honte,la culpabilité : le mot devoir si présent …. l impression de viol consenti devenir au fil des temps comme prostituee puisque le laisser faire permettait d avoir un semblant de bien etre maisonnée devant les enfants le lendemain et aussi àvoir de quoi en financier .. etre détruite Peu à Peu on se sait plus qui on est eT se dire que ç est vous qui avez tout faux eT quil faut se raisonner à…. la douleur physique la fatigue la colère contre soi pour ne pas eu àvoir le courage de partir la colère contre l autre eT beaucoup plus tard en étant aidée attaquer la reconstruction se sentir belle eT entière !!!! Je suis passée par des envies de mourir eT une période de 3 ans d anorexie .. consentir au moins la ” fellation “pour Aller au plus vite et ne pas être penertrer systématiquement toutes les nuits dans le noir en silence .. arriver au moins par seul respect de ne pas faire semblant de jouir ou dire que ç etait super . La société fait pression ne dénoncer prend du temps en justice et ce mot devoir conjugual est terrible … quel devoir ? Je n ai jamais osé dire seulement à mon medecin car il y avait des fois ou ç etait terrible .. ca arrive à toute sorte de Femmes moi je suis Dans le cinéma et je Sais prendre décisions faire des projets eT etre créative mais il m a fallu 40 ans pour arriver à dire non !!!!!!! ET retrouver mon équilibre .. il restera toujours un petit ” pas terrible en coin de tête” mais j ai travaillé dessus et je Sais le mettre dé côté Il m avait convaincu que j étais certainement une fille frigide ..,, eT non je suis aujourd hui … moi ce petit témoignage en direct d une plage iu je me sens en paix .
Je viens de lire u. Article dans Le Nouvel Obs . Je fais partie de ces Femmes qui ont etre complètement anéanti par “le devoir conjuguât” pendant 43 ans . Il y a 3 ans j ai pu mettre des mots déjà le mor violent et Peu à Peu viol lent ..ç est à partir de ce Mome t avec des structures d aide que j ai pu comme cet u. Travail de séparation. .passer par l incompréhension la honte une impression de viol consenti la colère contre soi pour ne pas eu àvoir le courage de partir la colère contre l autre eT e du. Ka reconstruction se sentir belle eT entière !!!! Je suis passée par des envies de mourir eT j e l’étude de 3 ans d anorexie .. consentir au moins pire fellation pour Aller au plus vite et ne lias être lebetrer systématiquement toutes les nuits fans je noir et le silence .. trouver de quoi l apaiser pour ne pas être ” puni” les journées
Bonjour,
Je vis avec ma femme depuis 4 ans et nous venons juste d’avoir notre deuxième enfant.
Chose assez étonnante (pour moi comme pour ma femme) je crois que je n’ai jamais eu autant de désir pour elle qu’en ce moment.
Je pense qu’une fois par jour environ je propose à ma femme de faire l’amour. Elle n’en a généralement pas envie et me le dit. J’insiste un peu plus par jeu que pour obtenir ce que je veux puisqu’au fond, je sais que confronté à son manque de désir, le mien s’évanouit rapidement et que je ne supporte pas l’idée de faire l’amour avec quelqu’un qui n’en n’a pas l’envie.
Nous parlons régulièrement de ce problème et le fait de pouvoir en parler est primordial c’est ce qui permet d’évacuer les tensions qui pourraient se créer. On se dit toujours à peu près les mêmes choses sur ce sujet mais c’est important de les répéter pour se rassurer mutuellement.
Il reste néanmoins deux problèmes :
- De mon côté lorsque nous faisons l’amour, j’ai toujours un doute : en avait t’elle envie ou a t’elle cédé ? Je ne veux vraiment pas être dans le second cas mais je pense que parfois c’est pourtant ce qui se passe.
- De son côté, elle a peur que je la trompe si elle ne fait pas assez l’amour avec moi. J’essaye de la rassurer sur ce point mais même si je lui répète que je l’aime et qu’elle n’a rien à craindre (ce que je pense sincèrement) je pense que cette peur est toujours présente.
Il y a certaines choses qui me rassurent par exemple après avoir fait l’amour, elle m’a dit : « Au début, je n’étais pas très motivée mais finalement c’était bien » ou alors « c’est bizarre parce que maintenant, je me demande pourquoi on ne le fait pas plus souvent mais je n’arrive pas spontanément a en avoir envie ».
Je finis par me dire que si elle n’est pas spécialement emballée par l’idée de faire l’amour, au moins, elle ne le vit pas comme une corvée ou une violence.
Au final, elle m’explique qu’elle aime faire l’amour avec moi et qu’il faut que je continue de la solliciter pour le faire parce que cela ne viendra pas d’elle. Je le fais donc et je sais m’arrêter quand je vois qu’elle est trop fatiguée ou qu’elle n’en a pas envie.
Même si cela semble bien fonctionner pour nous, j’ai quand même eu un peu peur en lisant les différents témoignages sur cette page de personnes qui se forçaient à faire l’amour sans avoir de désir.
Du coup, je lui en ai parlé et elle m’a rassuré mais je pense qu’il me restera toujours un doute.
Cordialement
Julien
Le couple parental soutient le couple conjugal. C’est un bon résumé. S’il n’y avait l’éducation des enfants et l’attachement de chaque parent à son enfant, il n’y aurait plus de couple aujourd’hui, c’est évident. On est mieux à passer une soirée avec des potes ou entre amies voir seul que avec un(e) conjoint(e) plus ou moins subi(e) la majorité du temps. Le couple est une singularité dans l’histoire humaine. Cette parenthèse se termine.
Léonor,
Vous décrivez très bien cette situation où le corps de l’autre finit par « faire partie des meubles » et est utilisé comme un objet du plaisir personnel. J’ai deux questions à vous poser (et elles s’adressent aussi à tous ceux sur le blog qui ont envie de donner leur avis) :
1/ Vous étiez-vous clairement exprimée sur votre non-consentement ? Ou pour vous, votre manière de vous refuser était suffisamment explicite ? Il ne comprenait pas parce qu’il ne voulait pas comprendre ?
2/ Mais par ailleurs (c’est une question un peu contraire à la première), dans beaucoup de couples, expliciter très clairement le décalage des désirs (qui la plupart du temps, pas toujours, mais souvent, se traduit par un moindre désir féminin) ne risque-t-il pas de révéler un problème un peu sans solution et de fragiliser le couple ? Je crois bien sûr deviner votre réponse puisque vous placez le respect au-dessus de tout et préférez vivre seule plutôt que dans un couple qui fonctionne sur ce malentendu sexuel qui débouche soit sur la frustration de l’un soit sur le harcèlement vis-à-vis de l’autre
J’ai été mariée pendant 20 ans.
Dans la passion des débuts et parce que j’étais folle amoureuse je ne manifestais jamais de refus.
Le temps passant les demandes de mon mari m’agacaient je manifestais mon refus de manière douce afin de ne pas le vexer et d’éviter une dispute.
Souvent je cédais pour avoir la paix.
Dans ces moments je me sentais utiliser, objetiser
Plus tard au fil des années son insistance m’est devenue insupportable.
Etre réveillée la nuit par son désir, me couchais épuisée et devoir me plier à son envie comme devant une autre tâche à accomplir…
Il ne comprenait jamais mon non.Un homme pourtant ouvert et intelligent qui serait stupéfait de savoir la haine qui m’emplissait quand malgré mes refus, mon absence de désir il me pėnėtrait.
J’avais l’impression d’être un objet et d’être revenue au siècle dernier.
Il avait ce sentiment qu’au fond j’aimais ça je suppose.
Et comme c’etait mon mari je ne pouvais qualifier son attitude de viol de mon corps mais aussi de mon desir de mon être.
M,
Comme les femmes battues, comme les femmes piégées dans leur couple sans parvenir à dire leur souffrance et à partir, vous avez été victime de ce viol conjugal pendant 43 ans !! j’avais vu dans mon enquête sur le piège conjugal combien il est parfois difficile de parler et de dire non, voire de clarifier tout cela dans sa tête. Y a-t-il eu pendant ces 43 ans des moments où vous avez davantage réussi à exprimer votre refus ?
Jean Claude,
voici mon témoignage.
J’ai 39 ans, mon mari 36, nous nous sommes rencontrés il y a 10 ans maintenant, et sommes mariés depuis 6 ans.
nous avons un fils de 5 ans.
les premiers mois de notre histoire, j’aimais passionément faire l’amour avec lui.
J’avais eu une dizaine d’amants auparavant, et lui beaucoup moins, une ou deux.
Mais je n’avais jamais connu la moindre baisse de désir, et je ne pouvais même pas imaginer que cela puisse arriver… je me rappelle d’un ex qui ma disait qu’il adorait qu’après 2 ans, j’ai toujours autant envie de lui.
Je n’ai jamas joui avec un homme, mais souvent seule en me carressant, depuis toute petite j’avais découvert et pratiqué la matrurbation.
bref au bout de quelques mois de relation, celui qui était mon futur mari à l’épaoque a voulu essayer la sodomie.
je n’étais pas tentée du tout, et je n’ai pas aimé la sensation. Mais à partir de ce jour là c’est devenu une obsession. il essayait à chaque rapport, et, à défaut de pénétration, il mettait systématiquement un doigt à cet endroit.Cela a fini par me couper de tout désir.
Alors même que nous étion fiancés, je me rappelle m’être dit tant pis, on n’a pas ça mais on a tout le reste (je l’aimais profondément), alors ça ira.
Mon mariage a été le plus beau jour de ma vie, je ne me souviens pas depuis avoir ressenti à nouveau un tel bonheur, même si j’y pense aujourd’hui avec un goût amer dans la bouche.
Nos rapports ont commencé à s’espacer, puis notre fils est arrivé, et là, en comptant la grossesse, j’ai eu 9 mois + 1 an de “paix”.
quelques mois après la naissance de mon fils j’ai recontré quelqu’un au travail, de beaucoup plus agé que moi 13 ans, et pour qui j’ai eu un coup de coeur.
Au bout de 4 mois nous avons fini par céder à notre désir et pris une chambre d’hôtel… il m’a donné du plaisir comme jamais, j’avais l’impression de me sentir come une déesse à qui il voulait un culte, j’avais l’impression qu’il savait exactement comment faire pour me donner toujours plus de plaisir… j’ai perdu une dizaine de kilos, j’ai commencé à vivre une double vie, où mon corps s’épanouissait avec l’un, et se donnait parfois à l’autre en essayant de serrer les dents.
je pleurais quand mon mari me prenait (il ne s’en rendait pas compte, les larmes coulaient silencieusement), j’étais déchirée.
mon amant a divorcé de sa femme, m’a supplié de faire de même, en 5 ans je n’ai jamais réussi à franchir le pas.
j’ai fini par le quitter, à cause de ma vie, qui me semble “bien” telle qu’elle est, de mon fils que je ne veux pas faire souffrir à cause d’un divorce, de mon mari qui, lui aussi, serait incapable de supporter que je m’en aille (quoique s’il savait que je l’ai trompé pendant 5 ans, il me jetterait probablmenet dehors)
Bref, nous essayons d’avoir un autre enfant (en gros je fais des tests d’ovulation, et on s’en tient aux quelques jours où je suis fécondable)
le reste du temps je l’évite le plus possible.
je ne supporte pas qu’il me touche, je n’ai aucune appétence physique pour lui, et cela me désle car je sais que je suis quelque’un de “sensuel” au sens premier du terme.
Je lui en veux car avace son insistance il a tout gâché. il a tué mon désir pour lui.
Il a fini par arrêter mais c’était trop tard le mal était fait.le pire c’est quand il commence à me toucher la nuit quand je dors (il en plaisante la matin en disant qu’il m’a “attaquée”, et je fais semblant de trouver ça ok, ou pas grave), je me sens violée quand il fait ça, mais c’est mon mari alors bon il a le droit je suppose, vu que je le frustre tant.
voilà ma situation, je suppose que j’ai bcp dépassé la notion de “consentement dans le coupl”
excusez moi par avance, et merci si vous m’avez lue jusqu’au bout.
Julien,
Merci pour ce témoignage précis et très parlant. Vous avez peur que votre femme se force et simule un peu. Mais elle explique aussi qu’au début elle n’a pas trop envie et que cela peut venir ensuite, la simulation si elle existe ne serait alors que provisoire. Mais dans cette situation, vous êtes obligé d’aller un peu au-delà de son consentement explicite, alors que vous tenez à respecter ses désirs (et qu’il faut vous en féliciter !). Avec cette « mise en route » plus lente et difficile pour beaucoup de femmes, ne sommes-nous pas au cœur de ce qu’il y a de plus gris dans la zone grise, puisque trop expliciter briserait encore la possibilité de trouver un accord ? Vous expliquez cela clairement sur ce sujet pourtant pas très clair : vous savez être insistant (y compris à sa demande) en sachant vous arrêter dès que vous détectez sa lassitude et sa non motivation. Mais ne pensez-vous pas que beaucoup d’hommes sont condamnés à naviguer entre frustration (de ne pas pouvoir faire l’amour plus souvent et de découvrir le peu de désir qu’ils suscitent) et risque de basculer vers une forme plus ou moins forte de harcèlement ? Préféreriez-vous avoir une explicitation plus nette de son manque de désir, ou rester dans la zone grise ?
Daphné,
Votre cas n’est pas isolé, il est souvent difficile de dire non dans le couple, au risque sinon de briser son fragile équilibre, beaucoup de témoignages le disent ici, surtout quand c’est juste un « petit mauvais moment à passer ». Mais quand, comme vous, cela va jusqu’à la souffrance morale et vous remplir de haine lors de la pénétration non consentie, la limite dépassée est insupportable. Vous dites qu’il ne comprenait pas votre « non ! ». Vous le disiez très clairement, avec des mots ? Vous dites qu’il pensait peut-être que vous aimiez cela d’être forcée. Vous lui aviez dit que ce n’était pas le cas ? Pourquoi cette si grande difficulté à parler ?
Hayati,
On voit très bien dans votre témoignage comment, comme pour beaucoup d’autres femmes, le potentiel de désir physique est bien là, mais qu’il ne trouve plus à s’exprimer dans la relation. Dans votre cas, vous expliquez très bien pourquoi. Vous avez trouvé les mots pour exprimer quelque chose de très fort : « c’est mon mari alors bon il a le droit je suppose, vu que je le frustre tant ». La prise de conscience du décalage des désirs amènerait une résignation féminine. Dans votre cas cela va encore plus loin, car alors que vous aviez trouvé un épanouissement sexuel avec un autre partenaire, vous avez préféré renoncer, pour ne pas briser tout ce que vous aviez construit avec votre mari. Vous dites que vous être très sensuelle, et vous semblez donc considérer que la sexualité est malgré tout une question secondaire dans le couple (et dans la famille, car il faut prendre en compte aussi le bonheur des enfants comme vous le dites) ? Regrettez-vous de ne pas avoir exprimé un refus plus franc quand au début il a voulu vous imposer des pratiques qui vous déplaisaient ? Pensez-vous qu’il y aurait eu également une baisse du désir de votre part sans cette affaire de sodomie ? la belle histoire avec votre amant n’est plus qu’un souvenir, vraiment qu’un souvenir ?
M. Kaufmann,
Pour répondre à vos deux questions :
1/ J’avais 24/25 ans lorsque ça s’est produit. Nous étions dans une relation où j’avais des difficultés à m’affirmer envers lui, car la susceptibilité prenait le pas sur toute discussion. Mais je me souviens néanmoins nettement avoir mentionné “non je n’ai pas envie”, “XX arrêt” à plusieurs reprises. En plus des mots, je me détournais de lui et serrais les jambes, espérant que cela renforce ma position. Peut-être n’ai-je pas été suffisamment ferme. Peut-être aussi a-t-il fait le choix de ne pas entendre. J’aurais pu me lever et aller dormir sur le canapé, mais je crois qu’une part de moi ne voulait pas “envenimer” la situation déjà fragile, et tenter malgré tout de maintenir une cohabitation pas trop désagréable (au final elle l’aura été), le temps que je puisse m’en échapper. J’ai pris âprement mon mal en patience. Bien entendu, 6 ans après, je ne referais pas la même erreur.
2/ Effectivement à cette époque, et compte-tenu de la “montagne” que peut parfois représenter le fait de se séparer quand on vit dans le même appartement, j’ai certainement laissé passer ce type de comportements par manque de courage, d’arrêter les choses. Avec du recul j’aurais du m’en aller bien plus tôt. Mais d’une certaine manière j’avais du mal à réaliser la tournure qu’avait pris notre relation. Ce non-respect, ce mépris qui s’était installé, et tentait vainement de vivre sur des souvenirs, de jours meilleurs. J’aurais du prendre ces signes non pas seulement comme des sonnettes d’alarme tirées, mais comme de réels points de non-retour. Néanmoins, je refuserai toujours de me considérer seule responsable de ce qui s’est passé. D’avoir laissé passer les choses. Car elles n’auraient simplement jamais du arriver en premier lieu. Le manque de désir pour l’autre, la fatigue, quelques décalages qu’ils soient, ne devraient jamais être un prétexte ou une excuse à l’usage de la force.
Leonor, c’est très clair, merci
Bonsoir Jean Claude,
pour essayer de répondre à vos questions:
1)j’ai essayé de croire que notre couple pourrait fonctionner malgré une mésentente sexuelle, mais la liaison que j’ai entretenue ces 5 dernières années me prouve que ce n’est pas le cas…ou alors il faudrait un couple façon XIXème, avec une liberté sexuelle des deux côtés, amant, maîtresse, et discrétion…on se retrouve sur un projet de vie et on sépare le sexe du reste. Bof, je ne suis pas convaincue. en tout cas je n’envisage pas de lui rester fidèle à l’avenir.Je n’aurais peut être pas du l’épouser. Maintenant il est trop tard.
2)Non je ne regrette pas de ne pas avoir refusé plus franchement, ce que je ressens c’est une immense colère contre lui. Je suppose que j’ai ma part de responsabilité, mais je trouve ça nul un mec qui te dit que tu es “frigide” ou que ” tu n’aimes pas le sexe” parce que tu refuses certaines pratiques. Pour moi après c’était vital de me prouver qu’il avait tort. Et il avait tort, sur toute la ligne.
3) je suis persuadée que mon désir aurait été moins fougueux qu’au début, peut être, mais toujours présent, parce que j’aime le sexe, et que je l’aimais, lui. Je crois que c’est parce qu’ensuite je me suis forcée toutes ces fois à coucher avec lui que j’ai fini par ressentir du dégoût et une telle détestation, au point que je ne supporte même pas qu’il m’effleure.
Je me retrouve totalement dans les propos d’une des témoins, qui dit qu’elle ne le laisse pas la toucher et qu’elle s’arrange pour que ce soit expédié le plus vite possible. pas le moindre plaisir possible alors. et aussi, cette absence totale de sensualité entre nous, qui contraste d’autant plus avec ce que je connais par ailleurs.
4) la belle histoire, comme vous l’appelez, était arrivée à un point de non retour. je ne pouvais pas quitter mon mari, et je ne pouvais pas le garder lui en cage. Il me manque chaque jour. Quand je me maquille le matin, quand je m’habille, j’imagine que c’est pour lui. je ne pourrai jamais l’oublier, ni le remplacer.
Merci de votre réponse
J’ai effectivement dit non plusieurs fois mais comme beaucoup de femmes j’imagine je cédais par facilité pour lui faire plaisir et je n’osais pas m’imposer de peur de le vexer de le décevoir.
J’en ressentais une amertume et un sentiment de culpabilité car j’avais le sentiment de ne pas être normale de ressentir de la colère après mon mari.
Il n’entendait pas mon sentiment d’etre objetisėe pour lui j’etais “penible” et je faisais des histoires.
Se sentir violée par son mari j’avais le sentiment que j’avais un problème et n’osais pas en parler aux autres femmes.
Bonjour
Je me demande pourquoi cette enquête ne semble pas bilatérale. Tout comme le harcèlement ça peut être dans les deux sens.
Les hommes ne sont pas tous des méchants et il est temps de cesser de penser dans ce sens.
Qu’en pensez-vous?
Cordialement
Man,
L’enquête est totalement bilatérale comme je le dis dans mon introduction ; j’attends avec impatience les témoignages des hommes (il y en a déjà, de très intéressants), en particulier le vôtre bien sûr. Merci d’avance !
M. Kaufmann,
Merci pour votre réponse que je trouve vraiment très instructive.
Effectivement, un consentement très explicite n’est pas l’objectif, et je crois qu fond que j’aime bien lui donner envie de faire l’amour alors qu’à priori, ce n’était pas son souhait premier. Il ne faut pas considérer ce genre de sollicitations comme du harcèlement même si la frontière est mince et que le ressenti de ma compagne pourrait être différent.
J’ai envie de partager avec vous une anecdote qui nous éloigne un peu du sujet mais pas tant que cela.
Après le premier accouchement de ma femme il y a quelques années, j’ai immédiatement ressenti énormément de désir pour elle. Bien entendu j’étais conscient que je ne pourrais rien faire étant donné qu’elle avait encore tous les effets secondaires de l’accouchement, douleurs, saignements, etc.
Je lui ai donc proposé de faire l’amour en gardant nos habits et que dorénavant, nous ferions comme cela tant qu’elle ne prendrait pas l’initiative de se dévêtir. Nous nous embrassions donc nous nous caressions, personne n’avait d’orgasme mais les sensations que nous pouvions ressentir étaient excellentes.
Rien n’avait été calculé mais ce genre de “rapport” qui n’est pas véritablement sexuel a réussi à réveiller son désir assez rapidement et nous étions dorénavant deux a avoir du désir l’un pour l’autre.
Lorsque je m’approchais d’elle pour la prendre dans mes bras, elle n’avait pas peur de devoir refuser un rapport dans la mesure où elle savait très bien que nous n’en aurions pas.
Assez rapidement, c’est elle qui a pris l’initiative de reprendre une activité sexuelle et je gade aujourd’hui un très bon souvenir de cette période.
J’ai lu un certain nombre de témoignages dans lesquelles des femmes parlent de blocages et c’est sans doute normal, après un accouchement, on a peur d’être de nouveau pénétrée : peur d’avoir mal, peur de regard de l’autre sur un corps qui change, sans doute peur inconsciente d’une nouvelle grossesse. Je ne pense pas qu’on puisse reprendre une activité sexuelle “normale” sans modifier nos comportements afin d’évacuer ces tensions.
Bonjour Mr Kaufmann,
J’ai 24 ans et j’aimerais témoigner de mon ressenti vis à vis de ma sexualité.
Il y a 2 ans de cela, je me séparais de mon ex conjoint avec qui je suis restée presque 3 ans. La dernière année, nous n’avons eu aucun rapport sexuel. Je ressentais comme une sorte de blocage dès que nous entamions quelque chose, une espèce de panique et la sensation de perdre le contrôle de mon corps. Au moment de la rupture, j’ai arrêté la prise de ma pilule contraceptive et ma libido est revenue petit à petit.
Aujourd’hui, ma libido est très fluctuante. Il m’arrive de me forcer pour faire plaisir à mon conjoint et éviter de le blesser ou de déclencher une dispute. Je ne ressens pas cela comme un viol, puisque je prend la décision d’accepter ce rapport mais il n’est pas tout à fait désiré. Parfois, je ressens un vif désir, j’ai des pics de libido, dus je pense à mon cycle hormonal.
En discutant avec une amie qui a le même âge que moi, je me suis rendue compte qu’elle vivait la même chose que moi avec son conjoint.
Voilà, je vous remercie de vous intéresser à cette problématique.
Julien,
j’ai les larmes aux yeux en lisant votre témoignage.
Merci.
Merci de me montrer qu’un mari peut avoir ce genre de délicatesse, d’inventivité, de désir, de respect.
Hayati,
C’est très agréable de lire votre message.
Rassurez-vous, je sais aussi être bien stupide par moments, ma femme vous le confirmerait
Bonjour,
Merci pour votre intérêt. En ce qui me concerne, j’ai 30 ans et cela fait 5 ans que je suis avec mon compagnon. Avant que nous ne nous mettions ensemble, j’ai vécu plusieurs longues histoires, toutes très différentes les unes des autres. Durant la dernière et celle que je vis actuellement, j’ai ressenti mon désir chuter quelques mois après nos premiers rapports. Non pas que je n’aimais/n’aime pas la personne avec qui j’étais à l’époque et suis aujourd’hui; c’est plutôt que je vivais et vis cet amour différemment, mais avec autant d’intensité qu’au début, voire plus puisque, en ce qui concerne mon compagnon actuel, j’ai plutôt l’impression que plus le temps passe, plus je l’aime.
Le problème, c’est que cette chute de désir a été/est très mal vécue par mon ex et mon compagnon actuel. Pour tous les deux, désirer l’autre est une preuve d’amour ; si on ne désire pas, c’est soit qu’on n’aime pas vraiment, soit qu’on a un problème avec le sexe. Puisqu’il n’y a pas (eu) matière à douter de mon amour, les échanges que j’ai eus avec ces deux hommes nous ont la plupart du temps amenés aux conclusions suivantes : j’ai un problème avec le sexe, je suis asexuelle, je fais un blocage, je suis pas normale, je refuse d’accepter les envies de mon corps, etc. Et pourtant, en même temps, quand j’en ai envie (c’est-à-dire une fois par mois tout au plus, et encore), j’ai beaucoup de plaisir à faire l’amour (j’atteins l’orgasme la plupart du temps).
Avec mon compagnon actuel, mon “manque” de désir a été un très gros problème pendant 2-3 ans. Nous avons tenté plusieurs choses : stop à la culpabilisation et stop aux demandes de sa part qui me mettaient la pression et me paralysaient (il aurait envie qu’on fasse l’amour une fois par jour), ne pas se focaliser sur la pénétration, consulter un sexologue, etc. Aujourd’hui, on n’a toujours pas de solution, on en parle moins, mais on a trouvé une sorte de compromis (une fois par semaine ou toutes les 2 semaines environ) qui fonctionne plus ou moins bien selon les jours et les moments, de sorte qu’il n’est pas trop frustré qu’on ne fasse pas l’amour et que je ne culpabilise pas trop de refuser ses avances.
Mais ce n’est pas simple. De mon côté, je me suis beaucoup forcée (au point de me demander, pendant certains rapports, si ce que j’étais en train de vivre pouvait être qualifié de viol) et me force encore régulièrement, du moins durant les préliminaires (qui soit éveillent mon désir, soit rendent plus clair mon absence de désir). Je ressens beaucoup de colère face à cette situation, d’abord vis-à-vis de moi parce que j’ai l’impression de me trahir, surtout comme féministe, ensuite vis-à-vis de lui qui ne semble avoir aucun doute sur le fait que sa façon de vivre le désir est la bonne (que ce soit par la fréquence de son désir ou le fait que l’assouvir suppose l’intervention d’un tiers, c’est-à-dire moi). Je ressens aussi de la colère face à cette société qui nous martèle avec l’idée que le sexe est central à notre vie, à notre identité, et à notre amour pour les autres.
Laetitia,
Si je comprends bien, d’un point de vue féministe, vous devriez exprimer clairement l’état de vos désirs (et souvent donc de votre non-consentement), mais cela risquerait d’avoir des conséquences alors que vous tenez à votre relation actuelle et que vous dites même aimer de plus en plus votre compagnon. Vous préférez donc ce compromis avec une fréquence moyenne « de sorte qu’il n’est pas trop frustré qu’on ne fasse pas l’amour et que je ne culpabilise pas trop de refuser ses avances », chacun acceptant donc une dose d’insatisfaction. Votre témoignage dit avec beaucoup de clarté ce que de nombreuses femmes ont déjà expliqué ici. Il y a bien sûr le cas d’hommes sans respect, qui les utilisent comme objet de leur plaisir personnel. Mais il y a aussi ces compagnons attentionnés, avec qui ces femmes se sentent bien, forment une bonne équipe, voire sont de bons pères pour les enfants, mais qui ne suscitent plus de désir ou faiblement.
Alors qu’autrefois les hommes avaient plus de liberté sexuelle que les femmes (c’est d’ailleurs toujours un peu le cas), tout se passe aujourd’hui comme si les femmes avaient davantage besoin que les hommes de changer de partenaire pour que leur désir reste vivant et fort. C’est une question que je pose, pas seulement à vous Laetitia, mais à tous les lecteurs de ce blog. Cette hypothèse est peut-être confirmée par le succès actuel de la littérature « New romance » au lectorat très féminin où le sexe occupe une place importante (une sexualité souvent assez brutale, autour d’une sorte de nouvelle figure romantique prenant la forme d’un bad boy, ce qui n’est pas sans poser de nombreuses questions). Ce qui n’est peut-être pas pour rien dans le malaise, les non-dits et la culpabilité féminine autour des décalages des désirs dans le couple
Bonjour
Ayant connu dans mon propre couple le problème du désir et de la question du consentement qui se pose alors, je me permets de vous faire parvenir mon témoignage par rapport à ce que j’ai vécu.
En effet, je fais parti de ces personnes qui ont eu à subir la perte de désir de leur conjoint, avec les souffrances que cela engendre de part et d’autre.
Quand j’ai rencontré celle qui allait devenir ma femme, j’avais 21 ans et elle 20.
Notre première fois ensemble était aussi notre « première fois » à tous les 2, et les choses se sont plutôt bien passées.
Si elle avait attendu autant, c’était parce qu’elle voulait rencontrer la « bonne personne ».
Quant à moi, c’était au contraire quelque chose que j’avais subi, faute de réussir alors à séduire. J’étais alors un “vrai romantique”, et je ne savais encore que contrairement à ce qu’elles pouvaient en dire à longueur de journée, les femmes de mon âge avaient peur de cela pour préférer des relations plus “légères”.
Si au début cela allait à peu près, assez rapidement il est apparu que nous avions des attentes très différentes tant dans la fréquence que dans l’intensité de nos rapport.
Au fur et à mesure, alors que pour le reste notre couple fonctionnait plutôt bien, les moments d’intimité se sont espacés, pour arriver à la fréquence d’un par mois.
Suite à des conflits familiaux (si encore c’était pour des sujets graves, mais même pas, juste les classiques disputes sur la fréquence des repas familiaux ou autres), aggravés par les préparatifs de notre mariage au bout de 6 ans de relation (ah, la fabuleuse sensation de devoir faire l’arbitre pour l’invitation ou pas de la Tante Angèle) et à la conception d’un enfant dans la foulée, j’ai eu à faire face à un refus complet de ma femme de toute relation intime/sexuelle (y compris sans pénétration), pendant plus d’un an.
Je précise que je fais parti des personnes qui ne conçoivent pas de « faire l’amour » sans donner du plaisir à leur partenaire. De plus, contrairement au schéma “classique”, les moments de préliminaires sont très importants pour moi alors que ma femme n’en voulais pas.
J’ai donc respecté ce choix malgré la souffrance que cela me donnait, d’autant plus qu’une fois elle m’avait cédé alors qu’elle ne le voulais pas, et l’expérience avait été tellement amère que je ne voulais pas la revivre.
Notre couple parental, malgré un nouveau-né très difficile à gérer, s’est construit sans problème particulier, alors que notre couple conjugal sombrait jour après jour.
Une des grandes difficultés que nous rencontrions, c’était le refus complet de ma femme de me donner la moindre explication à la distance qu’elle mettait entre nous, alors que de mon côté j’essayais d’aborder ce sujet pour sauver notre couple. Comme j’étais très amoureux d’elle, je vivais ces refus très douloureusement car je me sentais rejeté, et avec le recul je réalise combien cela m’a aveuglé.
Lorsqu’elle a accepté d’avoir à nouveau des relations sexuelles avec moi (notre fils avait 9 mois), le décalage qui existait entre nous est réapparu aussitôt.
N’arrivant plus à supporter cette situation, nous avons, à ma demande, mis en pause notre couple conjugal, tout en vivant encore ensemble, et j’ai commencé à avoir des relations avec des prostituées (j’ai cherché des indépendantes sur internet, car plus que le sexe, j’avais besoin de retrouver des moments de tendresse et d’affection, même en sachant qu’ils étaient purement artificiels), puis avec des amantes, mais sans réussir à me détacher émotionnellement de ma femme.
Cette situation a duré pendant 1 an.
Devant déménager alors à la demande de notre propriétaire qui voulait vendre notre logement, ma femme a choisi par elle-même de me suivre dans notre nouvelle maison.
Nous nous sommes remis « ensemble », mais nos rapports n’avaient lieu que lorsqu’elle en avait envie, soit une fois tous les 1 à 2 mois, pour une durée de moins de 10 minutes, sans tendresse ni avant ni après.
Ne voulant pas la forcer, mais ne supportant plus la frustration qui était la mienne, j’ai commencé par avoir une double vie.
C’est ainsi que j’ai fini par rencontrer une femme dans la même situation que moi, avec qui j’ai vécu une relation passionnelle pendant plusieurs mois jusqu’à ce que mon épouse l’apprenne.
Le choc a été très dur pour elle, mais salutaire car cela l’a débloqué et nous avons enfin eu la discussion que j’attendais depuis si longtemps.
Elle m’a avoué qu’elle n’avait plus de désir pour moi depuis plusieurs années, qu’elle m’avait même trompé avant le mariage pour voir si le problème venait de moi ou d’elle.
Comme elle éprouvait encore de l’affection pour moi et que cela lui faisait du bien, elle acceptait de faire l’amour occasionnellement avec moi mais pas plus. Et comme notre couple parental fonctionnait correctement, elle était bien dans cette forme de relation et dans notre petite routine du quotidien.
Bien évidemment, nous avons fini par divorcer, et c’est là que je reviens sur ce dont vous parliez dans votre introduction. Je suis tout à fait d’accord avec vous sur le fait que le consentement mutuel est très important, et il est évident que celui qui a le plus de désir doit faire aussi des efforts pour accepter une fréquence « moyenne » acceptable pour les deux.
Mais il faut aussi que les femmes (ou les hommes) qui n’éprouvent plus de désir affrontent ce problème avec franchise et lucidité. Car c’est une source de grande souffrance d’avoir le sentiment de se sentir rejeter en permanence, surtout quand on respecte (et que l’on aime) son partenaire.
Le mensonge ou le silence « par confort » juste parce que l’on a peur de mettre en danger le couple parental ou conjugal ne sont pas une solution durable.
Le conjoint rejeté fini par aller voir ailleurs car lui aussi a besoin de se rassurer (en effet, on en finit par se demander si l’on n’est par anormal et à douter terriblement de soi), et il faut être prêt à en assumer les conséquences.
Pour moi, il faut sortir de cette hypocrisie où en même temps on veut sauver les apparences, ne pas dire que l’on a un problème de désir, et ne pas accepter que l’autre puisse avoir des relations ailleurs.
Chaque couple cherche bien sûr ses propres réponses et fait des compromis pour se construire, mais il faut rester dans la sincérité et dans la discussion.
Par exemple :
oui je tiens à toi et à notre couple, mais je n’ai aucun désir pour toi. Donc j’accepte que tu rencontres d’autres personnes pour que tu puisses t’épanouir sexuellement.
Ou : Je n’ai plus de désir pour toi et je ne veux pas que tu me forces si je n’ai pas envie, mais je ne supporte pas l’idée que tu puisses avoir quelqu’un d’autre dans ta vie. Donc il faut que nous prenions une décision sur l’avenir de notre couple.
Oui, ces moments sont douloureux, mais au final cela l’est bien moins que de faire durer inutilement une pseudo-relation de couple.
merci pour ce sujet. j’ai 48 et je me pose quelques questions aussi. est ce que cela a un rapport avec son partenaire ce blocage ou manque d’envie? je suis restee mariee 20 ans et je n’avais pas tres envie de faire l’amour avec mon mari…nous avions des relations bien sur mais peu stisfaisante pourtant j’aimais plutot ça avant. je suis divorcee et .je suis tres active sexuellement avec des pratiques dont je n’avais pas forcement envie avec lui. c’est assez bizarre.
dsl votre sujet concernait les couples.
Christophe,
Merci pour ce témoignage très précis, et bravo pour vos initiatives pour tenter de résoudre ce problème, qui dans certains couples peut devenir grave et quasi insoluble. Face au constat d’écart partant et considérable de vos désirs, vous avez donc tenté de résoudre le problème en ayant des relations à l’extérieur de votre couple. Vous semblez donc très bien placé pour tenter de répondre à la question de savoir si dans certains cas où le problème est devenu aigu, cela pourrait représenter une solution et à quelles conditions ? Ou bien c’est illusoire de la penser, et une telle « solution » signe presque à coup sûr la mort du couple ?
M. Kaufmann
Pour répondre à votre question, je ferai une réponse de Normand.
D’un côté oui le fait d’aller voir ailleurs m’a permis de « prolonger « mon couple car je n’aurais pas pu tenir psychologiquement dans cette situation de misère sexuelle et affective ( de mon point de vue) aussi longtemps (pratiquement 5 ans).
D’un autre côté non car au final j’ai juste gagné du temps, vu que mon épouse n’était pas capable de supporter que j’ai une vie sexuelle sans elle.
Après chaque couple a un mode de fonctionnement qui lui est propre et cela peut être une solution à court/ moyen terme.
Lorsque l’un des 2 aime une activité et pas l’autre, cela ne nous dérange pas de laisser le partenaire faire ce qui lui plaît seul. Pourquoi, une fois les tabous levés, ne pas considérer qu’il puisse en être de même pour le sexe.
Mais quand on aime sincèrement son partenaire c’est quand même un pas difficile à franchir au départ.
Bonjour… j’ai découvert très tardivement la notion du consentement. Du fait de violences sexuelles subies lorsque j’étais jeune, cette notion de consentement n’a pu se construire.. Pendant des années, ma vie de femme a été ponctuée par des absences de consentement. Je disais oui car je ne savais pas exprimer de non. Je ne savais pas exprimer mon non consentement. Jusqu’à ma dernière relation où les limites ont été largement dépassées. J’ai accepté une sexualité qui n’était pas la mienne, qui me dérangeait, me heurtait physiquement et psychologiquement. Mon compagnon ne me touchait pas, me sodomisait violemment, mimait l’étranglement. Au bout de deux ans, je me suis fissurée puis effondrée. A plusieurs reprises, j’avais eu pourtant l’impression d’exprimer mon non consentement mais il avait été piétiné. J’ai décidé de porter plainte contre mon compagnon. J’estime avoir été violentée. Cette dernière relation m’a anéantie mais m’a permis d’entamer un travail avec une psychologue. J’ai enfin compris que je ne savais pas exprimer mon non consentement mais que je consentais à ce que l’autre désirait par peur, peur de décevoir ou peur d’être agressée si je ne répondais pas au plaisir de l’autre. j’apprends à dire non. Le non consentement s’apprend. Il s’apprend d’autant plus lorsque ce consentement a été bafoué et remplacé par des mécanismes qui se mettent en place après des traumatismes. Pendant longtemps, je me suis culpabilisée de ne pas savoir dire non alors que simplement, je ne pouvais exprimer ce non.. mon “non” était enfoui sous les restes gluants de mes traumatismes. Double peine donc. La violence, les violences sexuelles annihilent le consentement qu’une femme ou un homme devrait pouvoir exprimer.. J’apprends à m’outiller aujourd’hui. A dire non. J’apprends non pas à exprimer mon consentement mais mon non consentement. Ce n’est pas la même chose, c’est même tout le contraire…
Rebonjour,
Merci d’avoir pris le temps de me répondre.
D’un point de vue féministe, je devrais à mon sens effectivement pouvoir dire clairement à mon partenaire ce que je souhaite et ne souhaite pas faire/qu’il fasse, comme vous le dites. Mais c’est aussi plus large que ça : alors même que je me suis beaucoup questionnée et documentée sur les rapports entre hommes et femmes et les diverses injonctions et pressions sociales (désir/besoin de plaire, sexualisation et objectification du corps féminin, mise en avant du plaisir masculin, etc.) et que mon compagnon a fait un travail similaire depuis que nous sommes ensemble, nous nous retrouvons malgré nous dans un rapport très genré lorsqu’il s’agit de sexualité, duquel nous n’arrivons ni l’un ni l’autre à échapper.
Pour en venir au dernier paragraphe de votre message et le succès de la “new romance” dont vous parlez (que je ne lis pas donc je m’aventure en terrain inconnu), deux idées me viennent à l’esprit : peut-être que ce genre rencontre autant de succès non pas parce qu’il y a eu un changement chez les femmes (libération sexuelle, recherche d’une sexualité brutale, etc.), mais parce que des auteurs ont commencé à produire des romans érotiques qui parlent à un grand nombre d’entre elles (Fifty Shades of Grey adopte la perspective d’une femme, qui est aussi la narratrice) et sont acceptés socialement. Autrement dit, ce ne sont peut-être pas les femmes qui ont changé, mais l’offre. Deuxièmement, si on part cette fois du principe qu’il y a eu un changement chez les femmes, peut-être celui-ci est-il lié aux temps incertains que nous vivons depuis la crise de 2008 et le virage à droite et à l’extrême droite de nombreux pays aujourd’hui? Une relation marquée par des rapports de genre traditionnels (la domination des hommes sur les femmes) a peut-être un effet rassurant. En ce sens, l’attrait pour la “new romance” serait moins le signe d’une plus grande liberté sexuelle, comme vous le proposiez, qu’une recherche de repères connus. Reste toutefois à expliquer pourquoi les hommes sont moins intéressés par ces romans…
J’ai rencontré mon mari un soir d’été, j’avais 18 ans. Et j’étais déjà très peu désirante en terme de rapports sexuels. Ce serait trop long ici d’expliquer pour quoi et comment mais çà ne vient pas d’un traumatisme. A l’époque, très clairement, je trichais avec mon propre désir, pour le gonfler et correspondre ainsi à une attente chez les jeunes hommes qui me plaisaient. J’ai eu, avant même de connaitre mon futur mari, un tas de relations sexuelles consenties intellectuellement, mais non consenties émotionnellement.
Dans tous les cas, je me suis un peu forcée, ma nature ne semblant pas convenir aux ébats sexuels heureux. En fait, je n’ai jamais aimé faire l’amour et je crois que le pire du tout, c’est quand j’atteins l’orgasme, que je ne désire pas plus que çà. Je peux très bien faire l’amour avec à peu près n’importe qui, mais çà a toujours ressemblé pour moi à un exercice de style. Les orgasmes que j’ai obtenu autrement qu’en me masturbant m’ont dérangée. Je n’aime pas çà, je n’aime pas basculer, je n’aime pas perdre le contrôle et vraiment ce truc qu’on nous vend qui s’appelle l’orgasme me laisse perplexe par son côté mi plaisir mi crise d’épilepsie bizarre. Il faut dire que mes plaisirs sont en général très cérébraux, je n’aime ni être bousculée, ni être débordée.
Au début de mon mariage, çà se passait bien. Je faisais l’effort, il n’y voyait que du feu, et tout le monde était content. Moi d’être avec lui, que j’aimais, lui d’avoir une femme plutôt jolie, plutôt gourmande (son appréciation de la chose à cause de mes mensonges), et pas ennuyeuse. Il râlait toujours un peu quand je n’y mettais pas assez du mien, quand je n’avais pas trop envie, quand je tentais de faire l’étoile de mer. Un peu comme si je perdais de ma valeur à chaque fois que je n’étais pas une “baiseuse”. Il était jeune, aussi.
Et puis au bout de 2/3 ans, j’ai commencé à ne plus pouvoir supporter d’être touchée. Mais je continuais à tenter de complaire à une idée que je me faisais d’un couple et des besoins d’un homme. Cà donnait des choses délirantes, où quand nous faisions l’amour, j’avais des mouvements brutaux, et une envie folle de lui ravager le dos avec les ongles pour lui faire mal. (pour moi, les marques d’ongles dans le dos, sont clairement une marque de rejet, plutôt que de grand plaisir). Mais je faisais quand même, parce que j’avais le sentiment profond que c’était ce qu’il fallait que je fasse. Mon mari avait du désir, il m’aime, et je crois que pour lui, c’est naturel de le montrer comme çà. Il a été très pressant, il a tenté de me réveiller la nuit en me masturbant, de me culpabiliser, mais jamais il ne m’a physiquement forcée. Je ressentais une pression folle, et je croyais que je devais faire l’amour au moins 1 fois par semaine avec lui pour son bonheur et son équilibre. Son bonheur est très important pour moi, son équilibre et celui de notre couple aussi. Je croyais que j’étais une mauvaise femme, celle qui ne peut subvenir aux besoins de sa famille et en premier lieu du mari. C’est fou parce que je n’ai pas été élevée dans un dogme comme celui-la. C’était juste une pression sociale.(lire des magazines féminins des années 90/2000 est mauvais pour la santé psychique)
Je vais préciser que ce n’est pas de sa faute à lui, si je lui avais si bien menti. Mon mari est quelqu’un de gentil et c’est une valeur que je place au dessus des autres. Il est aussi loyal, intelligent, et aimant. Si j’avais été capable de lui dire ce qui arrivait, on s’en serait peut-être mieux sortis parce qu’il aurait essayé de comprendre, il aurait pris en compte mon mal-être. J’étais juste incapable de lui en parler.
Il y a eu des exceptions pendant que nous concevions nos enfants. Ces rapports-la ne me déplaisaient pas, au contraire. Je ne suis pourtant pas croyante, en aucune religion et en aucun dieu, mais je sais ce que mon corps me dit, et pour faire un enfant, mon corps a toujours trouvé l’affaire plaisante.
Cà c’est passé comme çà pendant 6 ans. Pendant 6 ans, en dehors des périodes où nous fabriquions un enfant, j’ai fait l’amour avec mon mari en tentant de contrôler mes pulsions violentes (et en ne les contrôlant pas tout à fait). Il n’insistait pas, il me sollicitait juste, et je me forçais pour lui, mais surtout parce que je croyais que c’était ce que je devais faire.
Et bizarrement, j’ai pris un amant, avec lequel çà ne se passait pas mieux, mais auquel j’ai pu dire ce que je ressentais. L’amant a pas mal souffert de mon manque total de libido, parce que pour le coup, lui était pressant.
Ça n’a pas amélioré les choses directement, mais çà m’a permis de replacer des choses dans ma tête, et dire à mon mari un truc comme : “arrête de demander, attend que j’y vienne, même si çà prend 2 ans”. Comme c’est un homme intelligent, il a compris.
Depuis, la tension est grandement retombée, je ne me sens plus dépassée, et s’il est vrai que nous faisons rarement l’amour, au moins le faisons-nous de grand cœur.Parce que oui, en fait, même moi j’ai une libido, c’est juste qu’elle est sporadique.
Cà dure depuis 12 ans (en tout, çà fait 20 ans que nous sommes ensemble), je pense que nous faisons l’amour une dizaine de fois par an. Mon mari m’effleure de temps en temps, il n’insiste jamais, il me montre juste son désir. Moi, je n’y réponds jamais, j’en suis incapable, son désir continue d’être une pression intolérable, capable de déclencher ma haine. Nous faisons l’amour seulement quand je le demande et qu’il est d’accord. Par contre, on se touche souvent, sans but sexuel. Je le caresse, je lui dit qu’il est beau quand il passe à ma portée. Il me taquine, attend la petite tape qui ne manquera pas d’arriver quand il essayer de me tripoter le nombril. Bêtises de vieux couple heureux.
Le fonctionnement est injuste pour lui, mais je ne peux plus faire autrement, j’ai l’impression que j’ai épuisé ma capacité à consentir. Il faut ajouter que je l’aime et que lui aussi m’aime. On va très probablement finir notre vie ensemble. Avec peu de sexe, mais une très belle entente, faite d’exigences et de tendresse quotidiennes.
Mia,
Vous pouvez voir dans les différents témoignages qu’exprimer un non consentement n’est très souvent pas simple du tout pour de très nombreuses personnes, pour plein de raisons mélangées, culpabilité diffuse, peur de décevoir l’autre ou de fragiliser le couple. Dans votre cas évidemment, cela est redoublé par ces violences sexuelles que vous avez subies quand vous étiez jeune, et j’imagine combien cela doit être difficile et douloureux d’évoquer cela. Mais pourriez-vous essayer de dire comment ce traumatisme a joué un rôle plus direct dans votre difficulté à dire non ? Imaginez-vous qu’il puisse y avoir un lien avec le fait que vous ayez eu à subir de nouvelles violences sexuelles ? Cet hommes qui vous violentait était-il seulement ainsi pendant les relations sexuelles ou vous manquait-il aussi de respect dans l’ensemble de votre relation ?
Sorraine,
Merci pour ce témoignage très étonnant (craindre d’être chavirée par l’orgasme n’est pas un sentiment fréquent !), mais vous l’expliquez très bien, et on comprend parfaitement ce que vous ressentez. Vous dénoncez l’injonction pesant sur les femmes à être davantage à l’écoute de leurs désirs et à les exprimer, et vous visez en particulier la presse féminine qui multiplie les titres depuis plusieurs années sur ce thème, incitant les femmes à affirmer une sexualité débordante et inventive, sorte de revendication qui pourrait s’intégrer dans un combat féministe. Or beaucoup des témoignages rassemblés ici entrent fortement en contradiction avec ces idées dans l’air du temps. Ne pourrait-on même considérer, comme vous le dites, que cette thématique dans la presse féminine ait encore plus aggravé la culpabilité et le mal-être des femmes ressentant peu de désir dans leur couple ? C’est une question que je pose aussi à toutes les lectrices de ce blog (et aux lecteurs bien sûr). Et on pourrait en ajouter une autre sur les conseils donnés par les sexologues (car plusieurs témoignages semblent indiquer que le conseil de « se forcer un peu » n’a pas été d’un grand secours). N’a-t-on pas eu tort de considérer la sexualité comme une simple technique de bien-être, séparée de l’ensemble du fonctionnement conjugal, et de penser que tout le monde ne peut que rêver de la pratiquer davantage et que sinon il y a quelque chose de pas très normal ?
Christophe,
Oui, si la sexualité pouvait être considérée comme un loisir comme les autres (certains pensent que c’est possible), on pourrait imaginer qu’elle soit individualisée comme beaucoup d’autres pratiques aujourd’hui dans le couple, ce qui pourrait permettre de résoudre le problème du décalage des désirs. Mais elle ne peut pas être vraiment un loisir comme les autres, car on peut très difficilement la séparer d’un minimum de sentiment
Bonjour Monsieur Kaufmann,
J’ai eu l’occasion de lire avec attention votre interview dans l’OBS sur Rue89. Je suis très attentive aux articles sur le sujet qui m’aident encore beaucoup, certains papiers et retours d’expériences m’ont bousculé dans mon process d’acceptation.
Je rencontre Edouard à 16 ans, et cette relation durera quasiment 6 ans. J’ai une situation familiale assez chaotique mais je m’en suis plutôt bien sortie, bonne élève et mature, et Edouard était pour moi d’un soutien sans faille et un vrai amour. Autour de mes 18 ans j’ai eu une petite aventure avec un autre, qu’il m’a pardonné – non sans mal – mais nous avons été très amoureux et très fort suite à cette expérience. Mais quelque chose en moi avait changé, j’étais devenue très curieuse des autres, questionnement ma sexualité, sur mes désirs, normal à cet âge. Edouard était fou d’amour pour moi, n’imaginait personne d’autre dans sa vie et en était sincèrement convaincu. Moi qui n’avais jamais été très couvée dans mon entourage, il était mon protecteur et je n’envisageais pas une vie sans lui, malgré mon jeune âge.
Je me suis envolée pour le Canada, pour effectuer un stage de fin d’études. L’expérience avait changé bien des convictions sur plusieurs plans, mais aussi et surtout sur mon indépendance : je ne voyais plus Edouard dans mon avenir. J’envisageais de revenir habiter à Montréal, mais qu’il me suive ou non n’avait au fond pas d’importance à mes yeux. J’avais également eu une aventure, purement sexuelle, mais je ne lui en ai jamais parlé. Tout ça était enfermé dans mon inconscient.
De retour de ce voyage, j’ai donc commencé à parler très, trop, régulièrement de mon désir de repartir. Il me soutenait, pensait qu’on trouverait un moyen de gérer notre couple, mais en réalité il ne gérait rien de son côté. Il était en colère contre moi de ne pas (plus) le prendre en compte dans mes projets, d’avancer plus vite que lui, plutôt casanier. Il a commencé à être très agressif dans sa façon de m’aborder pour faire l’amour. Nous étions beaucoup dans l’écoute de l’autre, et après ça, il surgissait comme un prédateur à n’importe quel moment, pendant que je faisais la vaisselle, sous la douche, en train de lire ou de travailler, et « se servait ». Il me touchait, arrachait mes vêtements, venait vraiment vers moi de façon très soudaine, très rapide et très violente, sans m’interroger, sans écoute, il voulait juste saisir un moment pour lui, se satisfaire, et moi en second. C’était en fait le schéma que je faisais avec mes projets de vie, en le passant en dernier.
Je n’en dormais plus, prétextait vouloir lire encore un peu pour faire semblant de m’endormir sur le canapé. Une nuit, je me suis réveillée car il était en pleine action sur mon corps. Ça a été la goutte d’eau, et j’ai explosé de colère et de honte. A ce même moment, je souhaitais faire d’autres rencontres, sans idée sexuelle derrière la tête, j’étais sur un site de rencontres entre voyageurs et j’aimais discuter avec des touristes de passages. J’ai échangé cette fois avec un homme récemment installé dans ma ville, et nous nous sommes vu pour la première fois à ce moment délicat entre Edouard et moi. Rapidement, il est devenu mon amant. Edouard ne voulait pas consulter de son côté, et nous avons compris bien trop tard d’où venait ses pulsions, mais lassée de ne pas le voir prendre conscience de ses actes (il disait que je pourrais faire un effort, que c’était moi qui n’avait plus de libido et donc un problème). Il a fini par aller voir un thérapeute, mais ma relation cachée était déjà bien entamé, et je n’arrivais pas à le quitter, le voyant enfin faire des efforts, mon protecteur. Mais le fait est que j’avais perdu tout désir pour lui sur tous les plans.
Il a finit par découvrir ma liaison, et nous avons tenté de nous en remettre mais sans succès. Nous avons rompu dans une extrême violence. J’ai continué ma liaison avec cette homme quelques temps après mais j’ai compris aussi que j’avais un travail à faire sur moi-même, et seule. J’avais réussi à avoir une vie sexuelle très épanouissante avec mon amant, alors que mon compagnon me faisait subir des attouchements, ce que je ne comprenais pas, et je ressentais une extrême culpabilité.
Les témoignages m’ont aidé à me rendre compte de ce qui peut exister dans un couple.
Myriam,
Vous dites que vous avez compris bien plus tard d’où venaient ses pulsions, vous serait-il possible de préciser un peu ? Vous dites que son comportement sexuel violent est venu après que vos liens conjugaux se soient un peu distendus. C’était simplement parce que ce nouveau contexte lui permettait de laisser égoïstement cours à ses pulsions, sans respect pour vous, ou plus précisément, peut-être pas une vengeance délibérée, mais une sorte de compensation, une façon un peu de vous punir ?
Il y a d’abord eu la phase ou lui comme moi considérions que c’était moi qui avait un problème, et non son comportement. Et j’ai fini par me rendre compte que ce qui me rendait particulièrement en colère, c’était ces gestes qui me procuraient un dégoût profond. Une colère d’ailleurs qui ne se percevait ni ne se manifestait jamais, mais explosait parfois en une rage folle : je n’arrivais pas à ma parler, il fallait que je casse les objets ou pleure.
Je pense oui que c’était une façon de me punir et de me dire : je te soutien parce que je t’aime, mais en fait je te déteste de t’éloigner inévitablement de moi.
Information à tous : je vais être très occupé dans les 3 ou 4 prochains jours, jusqu’à vendredi après-midi, et j’aurai sans doute du mal à vous répondre pendant cette période. Cela ne doit surtout pas vous empêcher de témoigner, je vous répondrai plus tard, et surtout, cela peut être l’occasion aussi de discuter entre vous, de donner votre avis sur tel ou tel autre témoignage, qui vous a particulièrement touché, qui vous pose des questions, ou avec lequel vous êtes en désaccord. Ce blog est aussi un espace de confrontation des témoignages et d’échange des expériences et des opinions ; c’est son aspect le plus intéressant. N’hésitez pas à prendre la parole et à donner votre avis.
Bonjour Monsieur Kaufmann,
Je suis “tombée” par hasard sur votre enquête très intéressante. Je me pose moi-même depuis de nombreuses années cette question du désir différent (pas plus ou moins) dans le couple. Etant en couple depuis maintenant 35 ans, j’ai pu noter que mon désir pour mon compagnon est au point mort actuellement. Donc, plus de relations sexuelles. Après avoir insisté de son côté, m’être forcée de mon côté à avoir envie, j’ai décidé que non, le désir ne se force pas. Effectivement, j’ai eu moi aussi des pulsions violentes de colère après des rapports plus ou moins désirés. Je pense effectivement que l’homme (à quelques exceptions près) désire toujours, mais c’est physique donc pas forcément lié à la personne de sa femme (il l’a “sous la main” c’est tout. Pour la femme, c’est plus compliqué, c’est plus lié au coeur, au sentiment. Je ne dis pas qu’une femme ne peut pas avoir l’aventure d’un soir, je dis juste que dans une vie conjugale, c’est difficile d’avoir un désir constant. En plus, l’acte est relativement mécanique chez l’homme, alors qu’il nécessite la plupart du temps des préliminaires chez la femme. Et les hommes sont plus ou moins doués dans ce domaine-là. D’où le fait que ce désir repart avec une nouvelle relation, brêve ou pas. Je pense effectivement que le désir chez la femme est plus complexe que chez l’homme et là où lui se contentera de “tirer son coup” excusez-moi l’expression, la femme voudra “faire l’amour”. Encore une fois, pour une relation longue. J’entends le “si tu m’aimes, tu fois avoir envie de moi” mais je n’y crois pas. J’avais à l’époque dit à mon mari “quand tu as envie de moi, dis “j’ai envie de toi” mais pas “je t’aime”. Je ne dis pas que c’est forcément faux, mais ce n’est pas forcément vrai !
Bonjour,
je viens de lire un entretien que vous avez donné dans le Nouvel Obs je crois qui insistait beaucoup sur le moindre désir des femmes. Cela a raisonné avec un billet de Dora Moutot que je venais de lire dans Les Glorieuses (https://lesglorieuses.fr/tas-joui/).
Elle a lancé le compte @tasjoui pour ” publier des témoignages de femmes autour du plaisir (ou du manque de plaisir) féminin “.
Ce qu’elle dénonce et qui me semble être intéressant à explorer et qui était absent de l’entretien dans le Nouvel Obs, c’est qu’on a beaucoup tendance à ramener le décalage de désir à cette affirmation « les femmes jouissent moins que les hommes car elles ont besoin de sentiments pour y arriver. ». Dora Moutot invite les hommes et les femmes à revenir sur cette idée un peu surprenante finalement (pourquoi donc les femmes ne pourraient pas prendre comme les hommes du plaisir sans sentiment et inversement) en soulignant que si les femmes ont moins de désir c’est peut être parce que l’acte sexuel est moins souvent assorti pour elles d’un orgasme et cela non pas parce qu’elles auraient besoin de sentiment, mais parce que leur compagnon ne s’est pas vraiment interroger sur comment donner du plaisir à une femme… bref, un peu de technicité et d’intérêt pour l’anatomie féminine…
Si je vous invite à lire ce billet et peut être à aller regarder ce compte, c’est parce qu’en le lisant vous le devinerez, cela a résonné avec mes expériences. Il m’est souvent arrivé de me dire ” quand même c’est dingue ! lui vient de jouir, moi pas, mais il va me prendre tendrement dans ses bras et s’endormir… et mon plaisir à moi, on s’en fiche… l’inverse ne pourrait pas exister “; je participe à cela puisque moi la première j’accepte cette situation et n’exprime rien…
Bref, on a envie de manger encore et encore du chocolat lorsqu’il est bon, du chocolat de mauvaise qualité, au bout d’un moment, on arrête d’en manger et cela n’a rien à voir avec les sentiments.
J’ai découvert avec intérêt et angoisse le thème du prochain ouvrage de Mr KOHFMAN. Avec intérêt car l’intimité du couple fait partie de ces résurgences de l’enfance quand le couple parental et son intimité sont au cœur des questionnements quasi métaphysiques des enfants. Avec intérêt également parce que l’intimité du couple est rarement évoquée par lui. Tout est jeu de rôle, place et statut mais ce dans un silence parfois assourdissant. Questionner nos désirs, nos renoncements et nos soumissions est une démarche saine.
Alors d’où vient cette angoisse ?
Elle est le résultat de la lecture des témoignages envoyés lors de la préparation du précèdent ouvrage (coincé dans son couple). Tirants, salops définitifs, monstres froid, les hommes étaient voués aux gémonies par la gente féminine, du moins celle qui témoignaient. Après la lecture des quelques témoignages que j’ai pu parcourir, je retrouve malheureusement les mêmes déferlements et les mêmes énormités. Il est parfois terrible de lire de la part des femmes des poncifs que ne renierai pas le docteur Pierre Roussel, dans son fameux ouvrage datant de 1860, « Le système physique et moral de la femme ». La femme tout en douceur, dont le désir est irrigué par le cœur…et l’homme tout en sexe et brutalité animale. J’ai envie de dire : « c’est quoi ces conneries ? »
J’ai envie de déclamer le monologue de Shylock (William Shakespeare, Le Marchand de Venise, III, 1) ou, dans une superbe pièce de Strindberg (Père)le mot ‘’juif’’ est remplacé par celui de ‘’père’’ :
« …Un juif n’a-t-il pas, comme un chrétien, des mains, des organes, des dimensions, des sens, des affections, des passions ? N’est-il pas nourri de la même nourriture, blessé par les mêmes armes, sujet aux mêmes maladies, guéri par les mêmes remèdes, réchauffé et glacé par le même été et le même hiver ? Si vous nous piquez, ne saignons-nous pas ? Si vous nous chatouillez, ne rions-nous pas ?… »
Finalement, à vouloir genrer et définir des critères propres aux uns et aux autres nous oublions le caractère général des humains. Ce qui cloche dans le couple c’est le pouvoir (relire Bourdieu) quel que soit celui ou celle qui le possède. Bien à vous.
désolé pour les fautes j’ai tapé un peu vite sur mon portable…
Bonjour,
En couple depuis 10 ans, je n’ai pas trop de baisse de désir. C’est plutôt mon conjoint qui en a.
Dès fois il se force. Je le sens fatigué, j’ai l’impression d’insister… sans violence, un peu comme une mère force son enfant à manger… je lui dis que je le désire, il me dit que lui aussi et puis il sent qu’à un moment, j’ai “besoin de preuves”.
Je témoigne de cela parce que je pense que peu d’hommes témoigneront de ce genre de situations qui existent aussi et je ne pense pas que je le viole, enfin je n’espère pas. Mais peut être que dans l’autre sens cela aurait été vu socialement comme ça.
Ma perception c’est que mon désir lui fait plaisir, que lui aussi me désire, qu’il a envie de me faire plaisir mais qu’il est juste trop fatigué, qu’il travaille trop, qu’une fois par semaine ou par mois lui suffirait.
Bonsoir Mr Kaufmann
Mariée depuis 38 ans. j’ai connu mon mari à 16 ans tout juste, ne connaissant absolument rien aux relations intimes, j’ai passé ma vie avec un homme qui sexuellement est éjaculateur précoce et qui par ailleurs me reprochait de ne pas etre assez active aux niveaux relations intimes.. aucuns préliminaires de sa part bien entendu!
Je pensais de plus que tous les hommes étaient ainsi!
J’ai beaucoup culpabilisé et j’ai compris beaucoup plus tard et, sans doute trop tard que je n’avais rien à me reprocher.. j’ai, par amour, je pense continuer à le satisfaire sans plus aucun enchantement de ma part. Le désir étant pourtant là! comme la cerise sur le gateau quoi..
Jusqu’au jour, depuis seulement quelques années, ou je n’ai plus voulu accepter ses mains sur moi, ce désir ou plutôt cette pulsation quasi journalière de sa part que je ressentais presque bestial et qui finissait les années passants par me faire pleurer dans ces moments tellement intimes du don de soi qui aurait du etre si merveilleux!
Ce fut une tornade dans notre vie!
Mon ressentis :
A quel moment doit t’on dire “stop” et jusqu’à quelle limite peux t’on aller sans se détruire soi meme dans la souffrance sexuelle ?
En réaction au témoignage de Thierry), je ne pense pas que les femmes qui témoignent le fassent en fonction de “poncifs”. Elles donnent leur tranche de vie, leur douleur, leur questionnement. Sans “genrer” leur désir féminin certes parce qu’elles sont femmes et qu’elles le vivent en femmes. Si des “poncifs” en ont été tirés, ils n’engagent que ceux qui y croient. Les témoignages portent sur “le consentement sexuel” et comment les femmes (et les hommes qui sont aussi appelés à témoigner) le vivent ou ne le vivent pas.
Marie,
Merci de votre témoignage, car le décalage des désirs existe aussi parfois dans l’autre sens en effet, la situation est minoritaire mais la souffrance est la même. On ne sait pas au début du couple quand et comment ce décalage va se creuser et générer des incompréhensions. Quand il est important, cela peut devenir un problème assez grave pour le couple, surtout que les solutions sont très difficiles à trouver
Les premières années de ma vie de couple, la question du désir ne s’est jamais posée : nous avions tous les deux envie, très souvent. Mon fils est né cinq ans plus tard. Pendant la grossesse déjà, je n’ai plus eu la moindre libido. Pas une seule fois, pas une minute. J’avais l’impression d’être déjà « remplie » au maximum, et n’imaginais pas qu’on puisse faire rentrer quoi que ce soit d’autre dans mon corps. Mon conjoint l’acceptait assez bien mais je me contraignais tout de même à un rapport sexuel par semaine à peu près, parce que je ne voulais commencer ma vie de mère comme ça, parce que j’avais envie de lui faire plaisir.
Mon fils est né. Le désir n’est pas revenu. Il dormait très mal, j’ai repris mon travail quand il avait trois mois et ça se passait très mal. Mon conjoint m’a donc laissé du temps. Au bout d’un an, les nuits étaient plus calmes, mon travail se passait mieux : il a donc commencé à se montrer pressant. Tous les soirs le même rituel. On se couche, il me câline un peu, et puis ça devient sexuel, je n’ai pas envie alors je ne réagis pas, lui a envie alors il continue, donc je ne peux pas dormir, excédée et épuisée je cède « je te préviens je ne bouge pas je baisse mon pyjama tu te vides et tu me laisses dormir ». Si peu excitants que soient ces propos, c’est ce qu’il faisait. (l’histoire de la femme qui lit pendant le rapport sexuel, j’ai connu aussi !) J’ai réussi à négocier un soir sur deux. Mais le sexe finissait par me dégouter, j’en oubliais ce que ça pouvait être d’avoir envie. Je lui en ai parlé. Il a un peu cessé de solliciter, mais l’envie ne redevenait pas ce qu’elle avait été avant la grossesse. Même chose après notre deuxième enfant, mais là nous avions déménagé et j’ai trouvé la parade : ne plus dormir avec lui. Il se couchait plus tard : il dormirait dans le salon, ainsi plus de rapports « automatiques » juste parce qu’il m’a sous la main. Parfois ça le frustrait et il me disait que je ne l’aimais plus (et pour moi ça n’a absolument rien à voir), alors je culpabilisais et faisais un « effort ». Parfois le désir revenait, enfin, un peu (ou alors pendant les vacances, îlot préservé). Parfois aussi j’avais tellement peu envie que je lui disais tant pis, trompe-moi, moi je ne peux pas.
Nous avons encore déménagé. Désormais on a chacun notre chambre et c’est beaucoup mieux. On s’invite (parfois par sms, nous sommes à deux étages différents). Je pense que beaucoup de couples iraient mieux s’ils ne dormaient pas ensemble. Je crois qu’il y a un immense malentendu entre les hommes et les femmes. Je crois aussi que la société nous met une pression énorme pour nous enjoindre à faire l’amour tout le temps, et à aimer ça, et le problème c’est que plus on se force pour faire plaisir, ou pour éviter les « crises », moins on a envie pour nous. Et je crois que le pire, en fait, ce n’est pas de se forcer, c’est que non seulement il faut se forcer, mais en plus il faut faire croire qu’on en a envie. (j’ai plusieurs amies qui ont le même ressenti), sinon c’est un peu comme si on s’était forcé pour rien : à la fin personne n’est ocntent de toute façon. Mais ça me parait délirant de mettre ça sur le même plan que le harcèlement : je peux m’estimer un peu forcée, oui, mais ça ne choque personne que lui se force à me faire un massage quand j’ai mal au dos alors qu’il préfèrerait dormir. C’est un arrangement de la vie conjugale comme un autre, le sexe n’a pas selon moi à être placé à part, comme un élément sacré…
Emma, deux petites questions :
1/ Vous distinguez le problème du décalage des désirs, qui parfois empoisonne sérieusement la vie de couple, engendrant fatigue, frustration, incompréhensions, et le harcèlement manifeste. La différence est que dans le premier cas la souffrance est partagée (même si elle est vécue très différemment), alors qu’avec le harcèlement il y a un agresseur et une victime. Quand d’après vous la limite est-elle franchie, comment cela se manifeste-t-il ?
2/ Vous dites que la baisse du désir physique pour l’autre n’est pas un signe de désamour, que les choses sont distinctes. Est-ce si sûr ? Plusieurs femmes notamment ont témoigné ici que cette baisse du désir était un premier signe qui leur avait fait prendre conscience d’une dégradation de la relation, qui ne les satisfaisait plus.
J’ajoute une troisième question, désolé : le discours sur la sexualité qui domine dans les médias, notamment les magazines féminins depuis quelques années (injonction à la performance, sexualité placée au centre de la vie de couple) n’est-il pas en grande partie déconnecté de la réalité ?
En réponse à vos questions, quelques précisions :
1/ Pour moi, il me semble que la limite est franchie si la “victime”, manifestant sa souffrance, n’obtient absolument aucune écoute de la part du conjoint.Qu’aucun compromis n’est cherché. Que sa souffrance est absolument niée. Si le conjoint l’entend, même si aucune solution satisfaisante n’est trouvée, il me semble qu’on n’est pas dans le même cas de figure.
2/ Je persiste et signe : la baisse du désir n’est pas NECESSAIREMENT signe de désamour. C’est sans doute parfois (souvent le cas). C’est sûrement parfois (souvent ) plus compliqué. On peut aimer passer du temps avec son conjoint et faire des choses avec lui, mais ne plus se sentir disponible pour le sexe. Et si par-dessus cela, une certaine insistance, des malentendus, des maladresses se sont installés, il est peut-être difficile de se sentir à nouveau disponible. Peut-être aussi qu’on en demande trop au couple qui doit être à la fois passionnel, parental, une vraie petite entreprise, une relation complice. Peut-être que même sans tout concilier, le couple peut rester aimant. Je pense qu’il est difficile de généraliser. Si je me fonde sur ce que j’ai entendu dans la bouche de mes amies (le sujet est récurrent et montre combien votre enquête est nécessaire), les deux situations existent.
3/ Je pense en effet que les magazines sont complètement à côté de la plaque et pire que ça, depuis des années, ils entretiennent l’illusion qu’être une femme désirante, maternante et active est possible et souhaitable. Vous vous sentez “ratée” quand passés les premiers mois de votre enfant, pendant lesquels l’absence de désir est “autorisée”,socialement acceptable, vous n’avez toujours pas envie. Et personne n’en parle. Ou alors en faisant comme si c’était le signe que le couple va très mal. Et que c’est la faute de la femme. Du coup les femmes ont l’impression que si elles avouent leur manque d’entrain, elles vont être soupçonnées de ne plus aimer leur conjoint, ou d’être trop investies dans la maternité. Du coup les hommes pensent que leur femme est la SEULE à réagir comme ça et que tous leurs copains sont mieux lottis (vu dans mon entourage…). Du coup les femmes s’enferment dans ce cercle vicieux du “je me force et j’ai la paix, mais j’ai de moins en moins envie”. Bref, il est temps de faire éclater la vérité au grand jour ! Il y a encore tant à dire, et à faire entendre…
J‘ai lu avec beaucoup d’intérêt le témoignage d’Emma. Je vis actuellement les mêmes turpitudes avec ma femme et ce depuis 18 ans (naissance de notre dernier enfant). Nous ne faisons pas chambre à part mais je pense que c’est surtout moi qui ne veux pas, cela ne dérangerai pas Sophie, bien au contraire. Je vais laisser les théories fumeuses et me contenter de raconter. Oui c’est vrai j’ai mainte fois insister, lourdement insisté pour que nous fassions l’amour, oui elle a parfois cédé sans aucune envie. Il m’est arrivé d’être agressif (verbalement) lorsqu’elle se refusait à moi, souvent après plusieurs mois d’abstinence. Elle a mal à la tête, est fatiguée, n’a pas envie. J’ai honte de le concéder mais oui mon désir est toujours ardent et le sien différent. Nous avons eu une discussion ‘’houleuse’’ il y a peu. La synthèse en est qu’elle cherche une harmonie entre nous quand je cherche encore un désir…
L’idée de la tromper me taraude mais mon éducation me l’interdit, on ne trompe pas sa compagne. Vieille réminiscence d’une éducation catho de gauche. Je suis donc là, aimant sans être amant, frustré mais impuissant. Nous n’avons jamais supposé que le mariage imposait un devoir conjugal mais Sophie vit plutôt bien l’absence de sexe quand c’est pour moi une torture. Elle m’a dit :’’ Est-ce que j’ai envie de faire l’amour ?, non ! mais je t’aime’’. Honnêtement, je comprends parfaitement cette phrase mais elle provoque chez moi un vertige inimaginable. Je ne peux concevoir le couple sans désir physique même s’il est loin de constituer son fondement (bien que…)
J’ai 56 ans et 35 ans de vie commune avec elle (3 enfants), je ne peux concevoir de faire le deuil de nos rapports sexuels. Je sais qu’elle fait des efforts mais sans envie, de guerre lasse. Je ne sais pas si j’ai été maltraitant, mais agressif, oui, sans aucun doute. Je me repose sans cesse la question d’une relation extra conjugale qui permettrai peut-être un apaisement mais pas une solution. Comme une obsession à force de refus, c’est elle que je désir. Beaucoup de souffrance de part et d’autre sans solution. Je lui avais offert ‘’ piégée dans son couple’’ en espérant plus ou moins consciemment que nous mettions fin à notre histoire, assez piteusement qu’elle prenne la décision à ma place…
Finalement je dois admettre que les couples que je fréquente sont tous recomposés. Nous sommes les dinosaures. Il me semble aujourd’hui que le couple est une somme d’individualités qui peine à se supporter dans le temps, du moins sur la question de la sexualité.
Thierry,
Un grand merci pour votre franchise, et votre lucidité. Oui la sexualité extraconjugale a été évoquée par plusieurs personnes ici comme une solution…qui n’est pas une solution. Car la sexualité n’est pas une sorte de pratique de loisir que l’on pourrait séparer de tout sentiment ; très souvent cette « solution » aboutit à fragiliser le couple plutôt qu’à le renforcer.
La réalité (et vous êtes bien placé pour le savoir, vous l’expliquez très bien), c’est que le décalage des désirs est un véritable et énorme problème pour beaucoup de couples, presque sans solution. On sait vaguement que ça existe mais on en ignore l’ampleur et toutes les conséquences sur le vécu conjugal. Dans 90% des cas environ (chiffre très approximatif), c’est la femme qui a le plus envie (surtout au début du couple), je vais tenter de préciser cette proportion dans la suite de l’enquête, majoritairement donc c’est l’homme. La souffrance des femmes peut être terrible, surtout quand elles sont victimes de harcèlement. Mais la souffrance des hommes doit aussi être prise en compte (pour être plus précis, il faudrait dire : le souffrance de celui des deux qui a le plus envie). Parce qu’il doit refouler son désir bien sûr. Qu’il ne comprend pas cette baisse du désir dans un couple qui s’aime. Mais aussi quand, par amour, il refuse la « solution » d’une relation extraconjugale.
Finalement, comme le dit Emma, il y a quand même quelque chose qui ressort : « Il faut faire éclater la vérité au grand jour », car si les solutions sont très difficiles à trouver cela sera encore plus difficile dans les silences et les non-dits.
bonjour,
juste pour information, j’ai participé à une enque^te en 2015 sur le consentement et les jeunes, ça peut vous intéreser ?
http://www.injep.fr/sites/default/files/documents/rapport_sivs_def.pdf
bonne enquête
Bonjour à tous,
Tout d’abord, je tiens à souligner à quel point je suis heureuse qu’ENFIN quelqu’un se penche sur les questions du désir et du consentement dans le couple. Un grand merci donc, M. Kaufmann.
Je vais essayer d’être succincte et d’expliquer du mieux possible mon ressenti. J’ai 40 ans et j’ai eu trois longues relations jusqu’ici. À chaque fois, ce fut le même schéma : au début, je suis tellement excitée par mon partenaire, au point d’en perdre la tête et de me sentir dans des états seconds. J’ai envie d’explorer, de jouer… Bref c’est la folie. Et le plaisir est lui aussi, bien sûr, décuplé.
Puis, très rapidement, au bout de quelques mois, ce désir a systématiquement baissé, pour finalement devenir nul. Le plaisir est lui aussi plus difficile à trouver. J’ai toujours énormément culpabilisé pour cela, me demandant quel pouvait bien être mon problème. J’en ai parlé à des psys, qui m’ont invitée à essayer de comprendre pourquoi, réfléchir à ceci et à cela, etc., etc. Jamais personne ne m’a dit qu’il s’agissait d’un phénomène généralisé, jusqu’à ce que je le comprenne toute seule, en discutant avec des amis proches.
Au final, ce que je réalise aujourd’hui, c’est que ce tabou a engendré beaucoup de souffrance, tant pour moi que pour mes ex. Y a-t-il eu de l’agressivité de leur part ? Parfois, mais vraiment très peu. Me suis-je sentie forcée de passer à la casserole à certains moments histoire de calmer le jeu ? Bien sûr. Mais c’était pire que tout. Je me sentais dégueulasse. Et de toute façon l’homme le sent quand on se force, donc c’est une catastrophe pour l’un comme pour l’autre. J’ai reçu un jour un livre en cadeau, qui titrait un truc du genre “Ça se passe ici”, avec une flèche qui pointe vers une culotte rose, que je n’ai jamais lu. Je me souviens aussi d’une petite pique que j’ai reçue de la part d’un ex à bout de patience : “T’aurais pu le dire que t’aimais pas le sexe!” Une sorte de sentiment d’arnaque que beaucoup d’hommes ressentent je crois.
Mais oui j’aime le sexe, bien sûr. Je n’avais plus de désir pour eux, mais j’avais des désirs pour d’autres personnes, ou certains fantasmes, plus ou moins décadents. Et je n’osais pas le leur dire. Par peur de les blesser bien sûr, mais aussi d’être rejetée. Et pourtant, si j’avais su… Bien des hommes ont compris certaines choses plus ou moins intuitivement aujourd’hui relativement à la sexualité féminine – c’est mon feeling – et pensent que les femmes ont besoin “d’autre chose”.
Autre chose, mais quoi ?
Je me sentais terriblement coupable d’aimer mais de ne plus désirer. Se posait alors la question : est-ce que je l’aime vraiment ? Est-ce que je suis normale ? Le désir reviendra-t-il à un moment donné ? Les autres ont l’air de s’envoyer en l’air régulièrement, nous non… J’en ai bien sûr discuté avec mes partenaires. J’ai clairement dit que j’étais triste de ne pas me sentir “comme au début”. Pourquoi est-ce que je ne ressens plus les mêmes choses ? Même le plaisir n’est pas aussi intense. Où est passée l’électricité entre nous ? Pourquoi ai-je l’impression que ce qu’on fait est mécanique ?
Autant de questions qui restaient sans réponse. Sauf bien sûr toutes celles q’on (se) donne habituellement : le stress, le ménage, les courses, le boulot, la routine, le mal de tête, le mal de ventre, le mal de gorge, le truc à préparer, les soucis, le j’ai pas le temps, je me sens moche, j’ai grossi, non mais là tu me prends de court je suis pas épilée, non pas comme ça, t’appuies pas assez fort, non là t’appuies trop fort…
Il y a aussi eu toutes les insatisfactions, les désaccords, parfois même les déceptions, sur des plans autres que sexuel, qui ont pu faire que non, je n’avais vraiment pas envie. Il se conduit comme un enfant, il n’est pas assez attentionné, il est trop égoïste, nous n’avons pas les mêmes objectifs dans la vie, il n’est pas assez romantique, il a laissé son frère m’insulter sans réagir… A-t-il fait quelque-chose qui a littéralement tué mon désir ? Je me suis souvent posé la question. Eux aussi sans doute.
Et je voyais bien que pour “mes hommes”, ce n’était pas la même chose, je voyais qu’ils étaient parfaitement à l’aise avec une sorte de routine, parfois même dans les façons de faire. Au début, je pensais qu’eux aussi me désiraient moins, mais pas du tout. Quoi qu’il arrive, l’envie était toujours là. En voyant un sein, en mettant leurs mains sur mes fesses, en m’embrassant. Bam, l’envie était là. Je constatais ce décalage, ce besoin vital chez eux et mon incapacité à le satisfaire. Mais moi, cette sexualité, je n’en voulais pas, parce que c’était comme manger un pauvre plat de pâtes réchauffé au micro-ondes. Je n’arrivais pas à m’en contenter.
Je trouve regrettable que la sexualité soit aussi tabou et de ne pas avoir su à 20 ans ce que j’ai compris à 30, 35, voire 40 ans. J’aurais bien aimé que quelqu’un me dise que la sexualité, c’est avant tout se faire plaisir et s’amuser. Oser. Si ma parole avait été plus libre, plus ouverte… peut-être que l’une de ces trois relations ne se serait pas terminée.
Il faut du courage pour assumer ce que l’on ressent (d’une part), et le partager (d’autre part). Quelle tristesse. C’est tout un défi qui ne devrait pas en être un. Un sociologue nous dira peut-être pourquoi on en est là, encore aujourd’hui.
Merci Carla, tout ce que vous dites est extrêmement juste et bien décrit. Oui il est étonnant de voir que la parole sur la sexualité en apparence s’est totalement libérée dans la société (il suffit de lire les magazines féminins pour le constater). Mais en réalité il reste des zones de tabou considérables, notamment autour de cette variabilité du désir féminin, qui va parfois jusqu’à s’approcher de zéro alors que l’amour est toujours là (exprimer cela est très loin du « politiquement correct » donc difficile). Il peut en résulter une culpabilisation individuelle et de grosses incompréhensions dans le couple. Quant aux réponses techniques sur la sexualité clitoridienne ou la « frigidité » définie comme une sorte d’état naturel et définitif, maladif et stigmatisant, elles sont largement insuffisantes comme le montrent nombre de témoignages réunis ici.
Bonjour,
J’ai appris par hasard que vous travaillez sur ce nouveau sujet d’étude. Et là en écoutant une interview de vous à la radio sur le sujet, je me suis enfin dit “je suis normale”, je ne suis pas la seule!Je suis mariée depuis 17 ans. J’aime mon mari de tout mon coeur, mais il est vrai que je n’ai quasiment jamais envie de faire l’amour. Je me force, j’essaye de me convaincre à chaque fois que l’appétit vient en mangeant, mais c’est désespérant. J’aimerais tellement avoir envie! Le problème ne vient pas de mon mari: il est beau, attentionné, intelligent. Mais je n’ai pas non plus l’impression d’avoir un problème. Je n’aime pas trop le sexe et c’est tout. Je trouve qu’on en fait tout un plat.
Le problème bien évidemment c’est que lui a envie de faire l’amour. Il ne me force jamais, mais c’est devenu presque un sujet tabou entre nous. On est comme des super potes, des colocataires qui s’entendent à merveille. Alors qu’est-ce qui fait que je n’ai pas de désir ? J’ai beaucoup réfléchi à cela: la routine, le stress quotidien, le fait que le soir, la seule envie que j’ai c’est d’être peinard à lire un bon livre après une journée de travail et à s’occuper de la maison et des enfants. J’ai l’impression que je dois être à 100% détendue, sans aucun souci ou stress pour avoir envie, ce qui bien évidemment n’arrivera jamais! Pour les hommes, le ciel peut nous tomber sur la tête, ils ont toujours envie, c’est même, parait-il un très moyen de se détendre. C’est génial… pour eux. Moi je ne fonctionne pas comme ça. J’ai découvert un nouveau concept il y a peu, c’est celui de la charge mentale, qui est souvent supportée par les femmes. Même si mon mari travaille beaucoup, plus que moi qui travaille à temps partiel, j’ai l’impression d’en faire 100 fois plus que lui. C’est moi qui gère tout à la maison, les enfants et notre vie sociale. Je me rends compte que j’ai toujours un milliard de choses dans la tête à gérer, alors que lui il n’a “que” son travail. Je suis convaincue que cette charge mentale a un rôle dans mon absence de désir. Comment laisser la place à l’imaginaire érotique quand on a la tête pleine des milliers de choses à accomplir chaque jour ?
Un autre facteur qui plombe aussi mon désir, je pense qu’il s’agit de mon éducation. J’ai été élevée dans l’idée qu’il faut être performant, jamais se plaindre, montrer ses faiblesses. Bref je suis une championne pour rester maître de moi-même en toutes circonstances. Pas l’idéal pour lâcher prise pour faire des câlins.
Une personne âgée de mon entourage disait : pour les hommes, c’est la nuit qui fait le jour. Pour les femmes c’est le jour qui fait la nuit. C’est peut-être cette vision différente de la vie qui fait qu’on a parfois tant de mal à se rencontrer vraiment.
Comme Sophie, pensez-vous que l’on donne trop d’importance à la sexualité, qu’ « on en fait tout un plat » comme elle dit ?
C’est dans le couple l’entrée, celle qui en est fondatrice, elle devient le plat principal, puis le plat de résistance (ou du moins en résistance)mais cela fini en fromage ou dessert, voir en supplément à l’addition, au moment ou l’on fait ses comptes. Bon, trêve de métaphore culinaire (qui se voulait humoristique…), oui il est vrai que l’on peut sans doute faire baisser la pression de ce qui devient souvent un enjeu majeur avec le temps. Je parlais avec ma femme ce midi en reprenant la phrase de Sophie:” Pour les hommes c’est la nuit qui fait le jour…” elle l’a trouvé très juste. Comme couple, nous oscillons entre drame et farce sur ce fameux thème de la sexualité. Comme homme j’ai peur qu’elle ne jouisse plus et pas seulement pour ma fierté de ”mâle” mais pour ce que je peux lui apporter de plaisir quand elle rêve de sa tête dans le creux de mon épaule, simplement. Ma peur est alors démesurée, c’est le drame ! Comme compagnon je tente désamorcer l’angoisse en lui proposant quelques nouveautés sexuelles improbables, elle me regarde un peu interloquée, c’est la farce !
Rien n’est finalement simple dans les rapports des vieux couples, j’ai tendance à tout intellectualiser (8 ans d’analyse Lacanienne ça laisse des traces…)lorsqu’elle pense que les choses sont simples. Pour paraphraser Bourdieu je dirai que le sexe est un sport de combat. C’est grave et pourtant ce n’est pas sérieux.
J’ai quitté mon mari il y a bientôt deux ans, après plus de 20 ans ensemble. Nous avions 19 ans au début. C’est en rencontrant mon compagnon actuel que je me suis rendue compte que je m’astreignais à une sorte de devoir, pas nécessairement conjugal mais par volonté d’être une femme “libérée”, puis par culpabilité (ou culpabilisation): il était presque mon premier, en tous cas mon premier avec des sentiments. Et au bout de quelques mois je me souviens d’avoir accepté des rapports longs et douloureux (il a modifié son comportement par la suite), puis avoir subi cette pression “oui mais si on ne “finit” pas -sans éjaculation, donc- je vais avoir mal et je vais être de mauvaise humeur (c’était déjà arrivé et il me faisait la tête toute la journée, malheureux qu’il était – à cause de moi). Une fois, devant son insistance, j’ai fait la morte dès le début du rapport. Il s’est senti penaud et s’est rendu moins insistant, mais pendant plusieurs années ensuite je m’obligeais à des rapports hyper rapides (je n’éprouvais que peu de plaisir, voire des douleurs), mais au moins j’avais l’impression d’être une femme “épanouie” et au moins j’avais la paix.
J’ai commencé à avoir du plaisir il y a dix ans, après la naissance de notre troisième enfant. Il y avait mis du sien, vraiment et moi j’ai peut être appris a relâcher la pression et à arrêter de faire la liste des courses. Mais je suis restée sur cette idée qu’il fallait “terminer”, même si moi j’avais déjà eu un orgasme grâce au cunnilingus, qui me mettait souvent dans un état second, et sans envie de continuer. Mais il fallait “terminer” alors je m’obligeais à sortir de mon nuage et je simulais pour que ça dure le moins longtemps possible. On a eu un regain de rapports a cette époque, puisque je prenais du plaisir et que je trouvais normal qu’il n’ait pas mal aux bourses. Je pensais aussi que je l’aimais encore puisqu’il parvenait à me donner du plaisir. Je me suis aussi très souvent obligée a des rapports sexuels quand, après une dispute, il m’ignorait pendant deux ou trois jours, c’était l’unique moyen de rétablir un contact avec lui.
C’est en rencontrant mon amoureux que je me suis rendue compte que tout était dysfonctionnel depuis de nombreuses années. D’ailleurs, après des années de capotes (qui je pense, insconsciemment, me “protégeait” du contact avec mon ex), j’ai découvert le plaisir de me livrer complètement et de dire stop quand je n’avais plus envie. J’ai demandé à mon amoureux s’il n’allait pas avoir mal de ne pas se vider les bourses, il m’a
dit que non, et que même si c’était le cas il y avait d’autres solutions que de m’imposer une pénétration non désirée. D’ailleurs lui aussi, occasionnellement, s’autorise à dire “stop”, et on arrête.
Quand j’y pense aussi, avec mon ex, je n’avais aucune envie de l’embrasser une fois passées les premières secondes de “mise en route”. Je crois que cette notion initiale “il faut terminer sinon je vais avoir mal et tu vas constater que tu me fais souffrir” a ruiné des années de vie sexuelle, et fait partie des éléments qui ont conduit à la lente mort de notre couple.
Oui Thierry, la sexualité c’est sans doute à la fois « grave et pas sérieux », et l’on bascule très facilement de la farce au drame (surtout quand il y a un grand écart entre les désirs de l’un et de l’autre, et des difficultés de communication)
Que pensez-vous de la question très précise soulevée par Alondres : « Faut-il terminer ? », c’est-à-dire poursuivre le rapport jusqu’à l’éjaculation masculine même si la femme n’a plus de désir voire est en souffrance ? La perception est sans doute très différente du côté femmes et du côté hommes. Très souvent les différences de perception entre les genres sont beaucoup plus culturelles qu’on ne le pense. Mais là indubitablement, il y a du biologique (même si ne pas « terminer » pour un homme a aussi une dimension symbolique), l’homme a beaucoup de mal physiquement à ne pas « terminer ». « Terminer » pose le non-consentement à un autre niveau : il peut y avoir accord au début, voire un peu de désir, des caresses agréables, puis plus envie du tout, le simple souhait de dormir tranquille. Peut-on afficher son non-consentement en route, alors que l’acte ne s’est pas « terminé » par sa conclusion habituelle ? Faut-il tenter de dépasser l’injonction à « terminer » ?
Il faut parfois simuler pour finir la tête haute, et oui les hommes simulent aussi…
Bonjour, merci d’avoir créé un espace permettant la réflexion autour de ce sujet.
Sans forcément me reconnaitre dans les situations décrites, jusqu’à présent, j’ai souvent noté chez mon épouse des changements décris comme étant hormonaux, et que la baisse de libido notable était surtout du à la contraception. Cet aspect est très peu abordé dans les témoignages, et les changements induits impliquent aussi une adaptation des deux membres du couples face à la situation. Comptez vous tenir compte de ce point dans votre travail?
J’essaierai d’en tenir compte en effet, mais très brièvement, car ce n’est pas ma spécialité, et il vaut mieux parler de ce que l’on connaît bien
J’ai 30 ans aujourd’hui et je suis maman de deux enfants. Il y a 15ans j’ai rencontré Yannick. 4ans de relation des fiançailles. Avant notre rupture j ai perdu ma cousine. Elle avait 25 ans elle s est suicidée. Le soir même il me sautait dessus, il a cessé de me baiser comme un porc quand je me suis mise à pleurer de désespoir.
Par ailleurs pendra t 4 ans le non était synonyme de problème. Je n’ai jamais eu l’espace de dire emon ressentie. J’avais 10 ans de moins que lui je l’aimais tellement. Il en aussi profité pour filmer nos ebats, la plainte a été classé par manque de preuves. Si je pouvais je porterai plainte encore. Au moins pour qu’il comprenne que j ai mis plus de 10 ans pour guérir mon âme de ses pratiques nauséabondes.
Il a ruiné la fraîcheur de mon adolescence mais je croyais qu’aimer c’était cela….
En couple depuis 4 ans, nous avons eu un enfant très vite, environ au bout d’un an 1/2. Depuis ma grossesse et jusqu’aujourd’hui (notre enfant a 2 ans 1/2), je n’ai quasiment plus de désirs. Nous venons de commencer une thérapie.
Il n’est pas pour autant violent physiquement, mais plutôt psychologiquement. Il ne comprends pas et me fait culpabiliser de ce manque de désir. C’est moi qui ai un problème. Peut-être bien. Cela étant, le désir s’éloigne encore plus, l’amour reste, mais jusqu’à quand…
Nathm, vous n’avez pas un problème, c’est beaucoup moins personnel que vous ne le pensez. Lisez nombre de témoignages postés sur ce blog, vous verrez que beaucoup de femmes se trouvent dans votre situation, ressentant une baisse de désir physique alors qu’elles aiment toujours leur partenaire, ce qui provoque malaise et culpabilité féminines, frustration et incompréhension masculines. Je crois que mettre le problème sur la table et essayer de le comprendre sera déjà un grand progrès.
Bonjour,
Tout d’avord félicitations pour votre travail et vos livres très intéressants!!!
J’ai 65 ans et je suis mariée depuis 43 ans.
Pourquoi « devoir conjugal » et non pas « devoir et plaisir conjugal ».
Parce que oui, les relations intimes dans le couple peuvent être plaisantes.
Bien sûr, il y a beaucoup d’embuches et d’épreuves dans la vie d’un couple.
A l’arrivée des enfants, il est très difficile pour un couple d’emmenager des moments de détente et effectivement « le devoir conjugal » puisque vous le nommez comme cela, est parfois fort difficile.
Les mamans sont épuisées et ne rêvent bien souvent que de dormir…. les papas eux semblent moins fatigués….
Je veux évoquer également les problèmes de cycle des mamans…. enfin un week-end en amoureux tanrt attendu et crac, la femme est indisposée. Frustration de l’homme et de la femme….
La vie quotidienne enlève aussi beaucoup de charme à la relation amoureuse (on se retrouve à se laver les dents côte à côte, c’est peut-être attendrissant mais pas très sexy).
La femme joue aussi souvent une sorte de rôle de maman auprès de son mari et là aussi ce n’est pas très stimulant pour la libido…
Je conseille à tous les jeunes couples de lire votre livre sur les Agacements et de lutter sans relâche pour éviter les disputes stériles… le devoir conjugal y gagnera du plaisir.
Cordialement
Jeanne, le “devoir conjugal” est une expression qui vient d’un lointain passé : la femme devait se soumettre aux désirs du mari qu’elle le souhaite ou non, et à une époque, on lui conseillait même d’essayer de ne pas éprouver de plaisir. Les choses ont bien sûr changé aujourd’hui, mais certaines femmes continuent à subir la sexualité comme un devoir à accomplir, avec peu de plaisir, pas du tout, voire de la souffrance. Dans le “camp d’en face”, les hommes ne comprennent pas ce qui se passe alors. Voila ce qui est au centre de mon enquête, et non pas l’ensemble des pratiques sexuelles. C’est pourquoi j’ai gardé ce vieux terme de “devoir conjugal”. Mais au centre de l’enquête, il y a surtout la question, très actuelle, du consentement
Suite à une première relation ayant duré un peu plus de 4 ans, j’ai enfin eu le courage de dire “stop”, de me dire que moi aussi j’avais le droit d’être heureuse et non plus de voir mon bonheur aliéné au profit de celui de mon ex-compagnon. Je n’avais pas à me plaindre, au moins il n’était pas violent mais jamais je n’ai souhaité d’une telle relation. Pourtant, à 24 ans, j’en ai fait la douloureuse expérience. C’est en lisant votre livre “Piégée dans son couple” que j’ai réalisé ma chance d’avoir saisi ma chance et d’être partie, tout en me reconnaissant tristement dans certains témoignages. Et aujourd’hui voilà que vous parlez de cette question du “devoir conjugal” et je ne peux m’empêcher de revoir certaines scènes de ma relation passée. Tout a commencé environ huit mois avant que je ne me décide.
Alors que j’étais en stage et que la situation était compliquée, un soir j’ai “cédé à ses avances”, après quelques “non” répétés qui n’ont, semble-t-il, pas été entendus, j’ai fini par me laisser faire. Et dans ma tête, des questions sont nées : “ne m’a-t-il pas entendue ou pas écoutée ? Pourquoi ai-je fini par céder ? Et cette idée du viol conjugal dont j’avais entendu parler, est-ce que c’était ça ?”. J’ai vite chassé cette idée de mon esprit, peut-être pour ne pas voir tout ça en face… mais dans le fond, j’avais cédé par facilité, pour ne pas avoir à lutter plus, et pour ne pas décevoir, ne pas énerver, ne pas frustrer ! Mais mon désir à moi a de plus en plus disparu suite à cette expérience qui me hantait lors de nos relations sexuelles suivantes… étais-je vraiment consentante ou agissais-je par pur “devoir conjugal” ?
Et puis est venu le moment de la rupture parce qu’arrivée à bout, aux idées terribles de mort, et un jour, enfin à cette réalisation salutaire que j’avais moi aussi le droit au bonheur et qu’il n’avait pas le droit de m’infliger cette souffrance et ce vide que je ressentais en moi. De son côté ? Pleurs et seconde chance espérée. J’ai alors essayé, espéré, voulu croire à un changement, une écoute renouvelée au sein de notre couple. Quelques jours ont passé, où il m’a semblé avoir compris, ne me prenant pas systématiquement dans ses bras et me laissant l’initiative des “bisous” qui restaient rares et que j’avais l’impression de lui “devoir”. Je lui avais dit ! “J’aurai besoin de temps, et je ne te promets rien”. Mais en réalité, depuis longtemps, le désir n’était plus là, l’envie de se battre pour ce couple qui n’existait que dans les yeux des autres avait disparu.
Puis un soir, tout est revenu. Alors que j’étais agrippée au bord du lit et suite à une énième discussion sur la suite à donner à cette histoire, je l’ai senti se rapprocher pour me faire un câlin, puis j’ai senti son excitation monter contre ma hanche. Je lui ai redit que j’avais besoin de temps mais rien n’y a fait. Je ne sais plus trop ce qui m’est passé par la tête, j’ai l’impression d’avoir occulté une partie de tout ça. La seule chose claire dont je me souviens, est que les larmes ont commencé à couler alors que mon corps se crispait. Une fois satisfait, mon ex-compagnon à alors aperçu dans la pénombre une larme sur ma joue. Lorsqu’il m’a demandé si j’avais pleuré, je l’ai serré dans mes bras. Comme pour l’empêcher de voir mon état, comme pour le réconforter… bizarre quand on y pense ! Me sentir obligée de consoler celui qui venait de me faire souffrir ! Parce que lui aussi s’était mis à pleurer en me disant qu’il était désolé et qu’il aurait dû se retenir et qu’il ne voulait pas que “notre histoire” se termine comme ça. Et moi de lui rappeler que j’avais tenté de le calmer mais que je n’avais plus la force de lutter pour rien, même plus pour cette histoire qui dans mes yeux n’était plus la nôtre mais la sienne. Je lui dit qu’une fois de plus j’avais eu la sensation de ne pas être écoutée et cette dernière fois avec lui m’a confortée dans ma volonté de partir, de retrouver ce désir auprès de quelqu’un dont le bonheur ne se ferait pas aux dépens du mien.
Nam, merci pour ce témoignage précis et très fort. Juste une petite question : dans votre décision de partir, quelle place ont occupé les problèmes liés à la sexualité? Cela a été quelque chose de vraiment décisif, ou une insatisfaction, une souffrance, parmi beaucoup d’autres dans votre fonctionnement conjugal ?
Bjr, cela fait bientôt 10ans..10ans! que je reporte ma décision de partir. Et pourtant, ce n’est pas à cause par manque de sous ou des enfants qui sont maintenant adultes mais la peur, la culpabilité qui me paralysent. J’ai eu deux épisodes de dépression grave depuis 2008, suivis de plusieurs thérapies mais rien n’y fait..je câle…Mon mariage en est un de raison que coeur. J’y ai cru au début mais j’étais jeune et surtout naive. J’ai cru que cet homme ne me décevrait pas comme mon père, qu’il serait ouvert d’esprit et moderne, serait plus affectueux et serviable…bref j’ai attendu le prince charmant. Et en bonne petite fille, je me suis investie complètement pour finalement être prise pour acquis. Pour lui, je suis tout! et il m’a répété ne pas vouloir divorcer. Je m’en veux de n’avoir été plus ferme sur mes attentes dès le départ. et aujourd’hui…je suis piégée! je suis perdue et me sens coupable de tout foutre en l’air…
Je dirais qu’au départ, il s’agissait plutôt d’une insatisfaction qui est venue s’ajouter à de nombreux décalages au sein du couple. Ce n’est qu’une fois partie que j’ai réalisé à quel point je ne m’étais pas écoutée ni même souciée de mon bonheur. Et les problèmes liés à la sexualité ont été un symptôme de tout ça. Il trouvait son bonheur, pas moi. L’initiative venait de lui mais pour une fois qu’il en prenait l’idée me laissait indifférente ou m’énervait parfois… mais je n’en disais rien. Et comme je le disais, ma décision s’est définitivement prise suite à cette dernière relation dans laquelle j’ai eu la sensation une fois de plus qu’il n’était pas prêt à écouter et à me donner le temps dont j’avais besoin, ce qui a été le dernier déclic dont j’avais besoin pour partir.
J’ai mis du temps à réaliser. Une partie de moi en était consciente mais je fermais les yeux. Mon ex conjointe quelques temps après que je l’ai quittée m’a accusé de l’avoir violée. Je me définis comme bienveillant, mais il est vrai qu’au sein de notre couple j’avais plus de désir, je n’étais pas satisfait de la forme de nos rapports, pas seulement sexuels d’ailleurs. J’ai pris la chose très à cœur, j’en ai passé des nuits blanches. J’ai noirci des pages de mes réflexions, j’ai du regarder toutes les vidéos youtube concernant le consentement… Tout d’abord, j’ai compris qu’il ne s’agissait pas d’un viol dans le sens ou je ne l’avais jamais menacée, violentée, ou contrainte. Par contre j’ai découvert ce que l’on appelle la zone grise.
Oui, j’ai été insistant face à ses refus. Je l’ai caressée dans l’espoir de faire naître en elle du désir. Son rejet de plus en plus fréquent à finit par me rendre irritable, j’avais le sentiment qu’elle s’éloignait de moi, et je ne comprenais pas!
Aujourd’hui j’ai terriblement honte. J’aimerais témoigner car je penses que nous sommes nombreux dans ce cas. Pourtant, je suis plutôt progressif, j’ai toujours fais ma part des tâches ménagère, je m’occupe des enfants… Mais je n’ai pas su voir que son consentement n’était pas évident.
Pour moi maintenant c’est très difficile. Je me sens un vrai monstre de lui avoir fait vivre cela, même s’il y avait bien d’autres soucis dans notre couple.
Bonjour moi je voudrais savoir s’il y a une adresse sur laquelle l’on peut vous ecrire ( une adresse mail) pour vous envoyer des ebauches d’article. Je viens du Benin en Afrique de l’Ouest et j’aimerais pouvoir travailler sur les notions de plaisir et de douleur dans le couple, votre etude sur le consentement ainsi que tout le panorama de vos recherches en general m’on toujours grandement interessee, et ce serait avec un immense plaisir que j’aimerais echanger avec vous si vous le permettez.
Charles, désolé pour le retard de ma réponse, vous n’avez pas à avoir honte, car le problème est vraiment difficile entre hommes et femmes dans beaucoup de couples, générant beaucoup d’incompréhensions de part et d’autre, et les solutions ne sont pas simples. Merci de ce témoignage si fort
Maureen, vous pouvez m’envoyer un message par mail en cliquant ci-dessous
Bonjour. Tout ceci me secoue beaucoup. Je suis en couple depuis 8 ans, mariée depuis 5 ans. Il a 13 ans de plus que moi. Il est drôle, mais casanier, à l’inverse de moi qui aime sortir. C’est de mon âge, j’ai 27 ans. Nous sommes très complices. Nous avons une fille de 4 ans. Notre merveille.
Mais.
Mais je l’aime comme un ami. J’ai besoin de lui. Il a besoin de moi. Notre fille a besoin de nous. Mais nous ne sommes pas amants. On s’aime tendrement, mais pas passionnément. Ça n’a d’ailleurs jamais été la passion.
Un jour, au début de notre relation, je lui ai dit que jamais je ne me forcerai à faire l’amour. 8 ans après, je me sens obligée de me forcer. Au moins une fois par mois.
Je ne le désire plus du tout. Ce n’est pas que je n’ai pas de libido (j’ai du désir pour d’autres hommes). Mais lui, je ne peux pas. J’ai lu un article sur le livre la sexualité des Français, qui parle des couples tellement complices qu’ils ne peuvent plus érotiser leur relation, et qui en deviennent abstinents. Certains s’offrent une liberté en dehors du couple (il a refusé), d’autres se contente de leur asexualité. Moi je me force. Hier, j’ai failli exploser en sanglot mais j’avais peur de le traumatiser. J’ai serré les dents. Je lui en voulais d’avoir du désir. De continuer. Mais à aucun moment je lui ai dit que je ne voulais pas. Une fois par mois. Je lui dois bien ça ?. J’ai serré les dents et il m’a dit “aujourd’hui j’aimerais bien qu’on fasse l’amour plusieurs fois”. J’ai retenu mes larmes en disant “on verra”. Il a jouit. Il s’est arrêté. J’étais soulagée. J’ai encore un mois devant moi. Un mois à souffler.
La perte de désirs à été une catastrophe pour plusieurs de mes longues relations et je voudrai ici donner un témoignage plein d’espoir et de solutions.
La perte d’attirance qu’éprouvent majoritairement les femmes dans le couple est documenté :
https://lesfessesdelacremiere.wordpress.com/2014/06/06/quand-le-desir-deserte-le-couple-une-etude-sur-la-chute-de-la-libido-feminine/
Pour répondre à de nombreux témoignages de femmes qui ressentent le “devoir conjugale” comme une violence (et ce peut être tout à fait juste) j’aimerai utiliser une image: si votre compagnon vous invite à danser un tango. Lui entend la musique, vous non! Si bien que l’un est en recherche de mouvements et l’autre dans un état que les sexologues Master et johnson on appelé une posture “de spectateur”, en retrait, observant ce qui se passe au lieu de ressentir et participer. C’est dévastateur comme expérience. Cela donne une impression de faire l’amour de manière mécanique. Effectivement c’est très difficile de danser le tango avec un ou une partenaire dont l’intelligence corporelle à disparue. Dans ce cas, la partenaire est comme anesthésiée, n’éprouve aucun plaisir.
Mon précédent couple n’a pas résister à ce phénomène (10 ans, un enfant).
Je suis aujourd’hui de nouveau en couple depuis 6 ans. Après avoir vécu une sensualité épanouie, le désir de ma compagne à totalement disparu. Plus de sensation aussi… Je dois préciser que nous sommes l’un pour l’autre l’homme et la femme de notre vie. On vit une harmonie pleine de joies. Cette perte de désir a été tout d’abord une incompréhension, une distance qui nous à fait souffrir, puis un objet d’échange et de recherche en commun de solutions qui nous a encore plus rapproché.
Pour faire face au coté mécanique, nous avons adopté une pratique de sex toys. au début mon aimée n’en voulait sous aucun prétexte!
Les sex toys sont des objets moderne de la sexualité féminine (dans les pays ou les femmes subissent le plus la domination masculine et ou la sexualité est tabou, exemple l’Inde, pas de sex toys!). Pas d’objet sans un certain rapport au corps et donc pas pratique.
Ces objets sont un véritable miracle et procurent beaucoup de plaisir. Ils permettent de sortir du drame de la catastrophe et à chacun de retrouver une sérénité, une confiance en soi et de re-partager des moments de volupté. Ce n’est pas grave si votre compagnon n’est pas le moteur de votre excitation, il sera quand même votre partenaire aimant dans cette aventure! Ma chérie adore aujourd’hui et cela nous à permis de retrouver notre complicité.
Dans les 20% de femmes n’éprouvant pas ou peu de baisse de leur libido au sein du couple, beaucoup ont une sensualité autonome.
Je m’explique, en effet, la pratique masturbatoire y joue une effet non négligeable.
La masturbation est une méditation. Elle permet de prendre possession de son corps, d’être en contrôle de celui ci, comme elle donne un contrôle de l’esprit. C’est l’aspect “spirituel” de la masturbation. Elle nous transforme et permet d’être à l’écoute. Elle permet de connecter les terminaisons nerveuses du plaisir (8000 milles pour le clitoris) et ainsi facilité intensifier les sensations. Mais surtout de changer notre rapport à l’érotisme en nous offrant une érotique pure “sans objet”, une jouissance à partir de soi. Simple plaisir d’avoir un corps et de le rendre musical. Ainsi il est plus facile de jouer un concerto quand on maitrise son instrument. Faire l’amour ou se faire l’amour est l’une des rares expérience de l’existence ou l’esprit est en repos et est comme subordonné au corps. Le corps n’est pas un produit fini!
Aussi il est possible aussi de travailler sur soi pour rendre notre désir plus actif. Il est clair aujourd’hui que notre système libidinal est lié à des contraintes biologique. (Voir https://lesfessesdelacremiere.wordpress.com/2016/09/29/chute-de-la-libido-feminine-dans-le-couple-tentative-de-demelage-darwinien/)
Mais cette contrainte biologique peut-être contrée ou modérée car le désir est d’abord une question de perception.
L’on peut casser le phénomène d’intrication familiale qui anesthésie la libido en travaillant son regard. Ce n’est jamais l’autre que l’on désir mais l’autre est l’expression de ce que l’on désire (je désire un homme, brun, attentionné, grand, de gauche, actif, etc…) Il est partie de notre désir et à une existence irréductible et infinie (Spinoza).
J’espère que mon témoignage pourra être utile.
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Bonjour et bravo pour vos études, vos livres, vos conférences, votre humour et vos amis. Je ne les connais pas tous, en revanche j’aimerais être avec vous quand vous riez, quand vous partagez, quand vous communiquez bien. Que c’est bon l’intelligence !
Devoir conjugal…..Mariée 3 fois, j’ai 3 expériences maritales, libertine pendant 1 an j’ai 75 histoires du non-devoir et du non-conjugal !
J’ai 58 ans. Re-mariée depuis 9 ans avec l’être le plus délicieux de la terre, je suis sa 4ème femme. Nous finirons nos jours ensemble, nous sommes amoureux, confiants, sereins, bienveillants, tendres, heureux, plein d’un bonheur doux et évident. Et nous n’avons plus de vie sexuelle depuis 5 ans. Je vais dire plus exactement “nous n’avons plus de vie orgasmique”. Le devoir conjugal n’évoque rien pour moi.
Et pourtant je sais bien ce que c’est, je m’y suis soumise lors de mes deux premiers mariages.
Le premier parce que je ne voulais pas blesser et le deuxième parce que j’avais peur.
Mon premier mari était éjaculateur précoce, le deuxième maltraitant.
En ce qui concerne mon mari actuel le mot devoir n’existe pas. Nous avons beaucoup fait l’amour, nous nous sommes rencontrés via les sites libertins, et avons décidé qu’on en avait vu et fait assez dans nos libertinages réciproques et doucement nous avons fait grandir notre amour sur un autre terreau, nous avons inventé autre chose, qui nous convient.
Je n’ai jamais voulu blesser l’éjaculateur précoce, je me suis soumise, ce n’était pas trop contraignant du fait meme de la pathologie. J’ai bien fait de ne pas lui faire de mal, il est décédé très jeune, peu de temps après notre mariage, une leucémie.
Un manipulateur-pervers-vulgaire-intéressé-grossier-méchant m’a mis le grimpin dessus, 10 ans plus âgé que moi, protecteur et réconfortant, et je suis tombée dans le piège. La peur s’est installée tout de suite, en même temps que l’emprise. Je n’ai jamais jouis et je n’ai jamais osé le dire. Quand je n’avais pas l’air suffisamment satisfaite, ou si je n’avais pas crié de plaisir très fort, il recommençait, jusqu’à ce que mon cri soit à l’image de la performance qu’il pensait avoir accompli.
Il était tellement pervers qu’il préférait “me prendre” quand il y avait du monde à la maison, son fils en particulier. Il fallait donc que je crie. Cétait très difficile, d’une part parce que je n’éprouvait rien et d’autre part parce que l’enfant était là.
Sans plaisir et sans envie le devoir conjugal est compliqué parce que le corps ne fait pas son travail de préparation à la pénétration. Donc fellation obligatoire pour préparer un peu le terrain. L’envie de vomir est innommable, la torture sans comparaison, l’humiliation est presque dérisoire tant les phénomènes physiques sont odieux. Tous les sens ont besoin de taire le dégout, l’odorat, l’ouïe, la vue, le toucher, le goût. Ce n’est pas un devoir, c’est une maltraitance, une torture.
Cela a duré 17 ans. J’ai attendu que mes filles me demandent de quitter cet homme. Je ne voulais pas prendre le risque qu’il ait la garde de mes filles, il avait déjà retiré la garde de son fils à sa mère;
Conjugal et devoir ne devraient s’employer que dans le livret de famille, ce sont des mots de légalité, de justice, de responsabilité et d’honneur.
Ces deux mots n’ont rien à faire ensemble.
Le devoir c’est noble, c’est beau, ça a du panache, de la tradition, de la transmission.
Et conjugal s’est merveilleux, c’est un ensemble, un tout, une union, un soutien, c’est harmonieux, c’est fier.
Pour finir, tous les hommes que j’ai croisé dans mon année de libertinage m’ont tous parlé du devoir conjugal auxquelles leur femme ne se soumettaient pas, ou peu ou mal.
Pour ma part, je les admire ces femmes qui ne se sont pas soumises, et je les remercie aussi parce que je me suis vraiment éclatée pendant cette période où, ni devoir, ni conjugal n’avait de sens, seuls plaisirs et désirs dictaient mes relations sexuelles.
Bonjour,
Cela fait un moment que j’ai envie de contribuer mais je n’y arrivais pas jusque là.
Dans ma relation actuelle je me sens respectée : mon conjoint n’insiste jamais et est attentif aux signes d’envie ou de non envie, y compris pendant l’acte. Il me dit que si je n’ai pas envie cela lui enlève la sienne, et ses actes sont cohérents avec son discours. Je suis rassurée et j’exprime donc facilement mon envie ou non. Nous nous efforçons aussi d’être clair sur nos envies : une envie de jouir peut se résoudre de manière individuelle, une envie de sexe avec l’autre nécessite une réciprocité. Et aussi, on peut se séduire, se “teaser”, sans être obligé de consommer, oui la séduction peut être “gratuite”, ce qui libère beaucoup la sensualité et le désir dans la relation.
Quand on a du sexe ensemble, c’est qu’on en a vraiment envie tous les deux.
C’est en vivant cette relation que j’ai vraiment réalisé que dans ma relation précédente je ne vivais pas ce respect, malgré des relations sexuelles globalement de qualité, et beaucoup d’amour. Ses caresses et câlins n’apparaissaient jamais “gratuits”, ça dérapait systématiquement sur des attouchements, et il me faisait sentir sa déception si ça ne débouchait pas sur du sexe. Il n’acceptait pas de se satisfaire tout seul lorsque je n’en avais pas envie, en me donnant à voir toute l’étendue de sa frustration et m’en rendant responsable. Un épisode aussi m’a particulièrement marquée : une fois, me réveiller alors qu’il était en train de me pénétrer ; il était saoul, j’ai laissé faire, mais je l’ai vraiment vécu comme un manque de respect, nous en avons reparlé après et il a compris que ce n’était pas acceptable.
Globalement dans cette relation précédente, toute avance ou séduction de ma part devait impérativement déboucher sur du sexe commun, sinon c’était pression, insistance, et fâcherie ensuite. Autant dire que du coup je ne faisais pas d’avance sans être sûre que j’étais prête à une pénétration (ça réduit les occasions !eh oui, on peut avoir envie de sexe sans pénétration aussi). Et que j’ai souvent accepté du sexe oral ou génital sans aucune envie, mais pour ne pas ressentir cette pression désagréable.
Ma vie sexuelle est beaucoup plus fun aujourd’hui !
Mes autres partenaires, hors relation de couple, se classent également pour moi dans ces deux catégories : ceux qui mettent la pression (“tu m’allumes et après il ne se passe rien”) et avec qui on a l’impression de leur devoir quelque chose dès qu’on les regarde et ceux qui sont respectueux et qui sont capables de comprendre qu’on est tout simplement une personne avec son libre-arbitre et ses propres envies et contradictions. Mais hors d’une relation de couple, je trouve que c’est beaucoup plus facile de refuser les comportements de pression.
Et pour rebondir sur cette phrase “Que pensez-vous de la question très précise soulevée par Alondres : « Faut-il terminer ? », c’est-à-dire poursuivre le rapport jusqu’à l’éjaculation masculine même si la femme n’a plus de désir voire est en souffrance ? ” déjà, “terminer” ça peut être aussi d’aller jusqu’à l’orgasme féminin l’éjaculation n’est pas le point final d’un rapport… et sinon (sachant que la souffrance est inacceptable), je ne vois pas ce qui pose problème dans le fait d’interroger son/sa partenaire en cours de route et de prendre en compte la réponse. On peut “terminer” tout seul / toute seule si la priorité c’est de jouir.
Et d’ailleurs au passage, on peut aussi avoir envie de pénétration mais pas que l’autre jouisse à l’intérieur de nous (et ce pour tout un tas de raisons pour lesquelles on n’a pas à se justifier). Cela aussi, cela peut se dire et se demander. Le sexe devrait être aussi varié que les envies et pas une figure imposée.
Bonjour,
Je suis dans un mal être profond. Sexuellement, je n’ai jamais satisfait pleinement mon mari. Il est très dur, il me dit des choses très dures (je suis une “coincée du cul”, je mouille pas assez…) Si on ne fait pas l’amour alors qu’il a envie (et il a toujours envie), et même si on fait l’amour et qu’il n’arrive pas à jouir, il me fait la tête les jours suivants, il me parle le moins possible, il est désagréable. Je culpabilise. Je n’aime pas les fellations, il m’en veut aussi pour ça, je lui fais des fois, pour avoir la paix, et pour m’assurer une journée de bonne humeur. On a pourtant des rapports plusieurs fois par semaine, ça fait 25 ans qu’on est ensemble. Sans mes enfants (11 et 7 ans), je pense que je serai partie malgré tous les sentiments forts que j’ai pour lui. J’en peux plus, je pleure souvent. C’est pas normal, je me sens maltraitée. Je sais qu’il est lui aussi en souffrance pour réagir comme ça. Pas facile de raconter en quelques lignes. Mais ca peut faire du bien ! Merci !
Pour ma part, mon vécu rejoint celui de nombreuses femmes ci-dessus.
Je suis en couple depuis 12 ans, mariée depuis 10 ans, avec enfants. Mon mari n’a jamais été éduqué au plaisir féminin. Je sais qu’il fait parfois des efforts à ce sujet, mais sans non plus s’en donner les moyens nécessaires, alors que moi, j’ai accepté des pratiques qui ne m’attiraient pas beaucoup, sur sa demande et parce qu’il me tenait tà coeur de lui faire plaisir. Je n’ai plus de désir envers lui, sa manière de m’embrasser me dégoute presque, en tout cas, je n’aime plus du tout ça. J’aurais peut-être eu encore du désir s’il avait été capable de me donner de grands signes de tendresse, d’affection non sexuels, mais là encore, pour lui toute caresse doit déboucher sur du sexe ou sinon, elle n’a pas lieu d’être et il me repousse. Ca a fini par éteindre tout désir envers lui.
Quand il veut faire l’amour, je le repousse. Et quand nous avons, des fois, des rapports sexuels, c’est sur sa demande et parce que je juge que c’est le minimum à donner pour la base d’un couple.
Nous n’en parlons pas, sauf pour évoquer en plaisantant à moitié qu’il jouit trop vite.
D’ordinaire très expansive lors de plaisir sexuel, je suis devenue complètement muette et passive dans nos rapports, parce que je n’y trouve plus rien et qu’en plus, ils finissent par me dégouter.