La révolte des sardines

 

Il faut suivre de près ce qui se passe en Italie, car ce pays a été dernièrement créateur de nombreuses nouvelles tendances de notre société. Pour le meilleur et pour le pire. Il a inventé les comiques en politique (Berlusconi, Grillo), la gouvernance par les réseaux sociaux, il est très en pointe pour la montée des populismes, les violences verbales et les injures dans le débat public. Tout cela hélas du côté du pire. Mais du côté du meilleur, il y a la soudaine révolte des sardines. Lancée comme un gag par quelques jeunes à Bologne, elle s’est généralisée à toute l’Italie comme un feu de poudre, dans une même ambiance de calme et d’extrême courtoisie qui se veut répondre à la violence verbale insupportable. Le mot d’ordre : Salvini veut prendre tout le pouvoir, allons tous sur la place pour montrer que nous sommes plus nombreux, si serrés que nous serons comme des sardines dans une boîte. Ainsi sont nées les sardines, symbole à la puissance redoutable, qui fait trembler les néo-fascistes comme Salvini.

Certains ont dit que mon dernier livre était trop pessimiste, mais je note en conclusion que l’espoir réside dans le sursaut et l’inventivité des gens face aux crises qui s’annoncent. Je ne pouvais avoir prévu la révolte des sardines. Elles sont un exemple merveilleux et très réconfortant. Manifestation à la fois massive, puissante et pacifique, porteuse de valeurs de générosité et de tendresse, sans le moindre gramme de haine. Bien sûr la colère est parfois nécessaire. Mais pourquoi la société de demain ne serait-elle pas inventée par ce genre de manifestations douces ?