Quand le couple devient prison
Ma nouvelle enquête porte sur la triste histoire de ces couples qui peu à peu se vident de l’intérieur et perdent leur substance affective, transformant le face-à-face en un côte-à-côte qui n’est plus tenu que par la force des habitudes. La vie alors perd son sens, le couple se transforme en une sorte de prison invisible. Pourtant l’on n’a pas toujours le courage de se séparer. Parfois pour des raisons matérielles, parfois par simple peur de l’inconnu.
Voici le témoignage, très très fort, de Moricette, qui parle de sa maman. Il est tellement intense et presque violent qu’il se situe aux limites de mon enquête, davantage centrée sur des situations plus ordinaires. Mais pour ce qui est de l’impossibilité de divorcer, la problématique est la même.
« Mes parents se sont mariés, ont eu des enfants (je suis pas sûre qu’on était désiré mais on est là), et après mon père, devenu alcoolique, a commencé à frapper ma mère sans raisons (je me rappelle pas qu’elle lui ait reproché vraiment quoi que ce soit, ni ait cherché les ennuis, elle est plutôt soumise). Mère au foyer battue. Enfants angoissés, car ambiance de merde, peur qu’ils nous frappent nous un jour (car son instabilité mentale n’est plus à prouver) et peur qu’un jour ils s’entretuent carrément.
Quand on était adolescent surtout, voyant bien qui était le monstre, on répétait à ma mère de divorcer, et elle ne le faisait pas en prétextant notre présence, la dépendance financière… Nous les enfants, on culpabilisait.
Maintenant, ça fait 12 ans qu’on est tous partis de la maison, nous les enfants, et elle ne le fait toujours pas, bien qu’elle ait travaillé et soit moins dépendante financièrement. Ils ne s’aiment plus, c’est évident depuis longtemps (toute ma vie en fait, 29 ans, je les ai jamais vu s’embrasser).
Mon père est à la retraite depuis trois ans et il passe ses journées à s’en prendre à elle, mais ne la bat plus depuis une quinzaine d’années environ, et ils font chambre à part comme deux colocs. Bref, une situation ridicule et absurde.
Ils vivent comme ça.
Hier, je les ai eu au téléphone et ils ont hurlé parce que mon père, une fois de plus, cherchait un prétexte pour gueuler, et là je n’en peux plus du tout. Au téléphone, j’ai dis à ma mère (et c’était pas la première fois) de partir, et elle m’a dit “je peux pas”.
Ca fait toute sa vie qu’elle “peut pas”.
Elle est trop faible, c’est comme ça, c’est son caractère, elle préfère rester avec un connard qui lui pourrit la vie plutôt que de se prendre en main et partir, peur de l’inconnu aussi, peur de vivre seule aussi je suppose (c’est rassurant un peu de savoir que y’a quelqu’un d’autre dans la maison, au cas où…)
Et moi personnellement, j’ai un gros chagrin, de la peine pour elle, mon père je le hais et le jour de sa mort sera une délivrance et un soulagement (je sais que c’est rude ce que je dis, mais y’a des choses qu’on pardonne pas, faut appeler un salopard un salopard), et effectivement aussi des soucis avec les hommes maintenant (peur de leur accorder ma confiance et qu’ils se révèlent taré plus tard, et aucune envie de me marier un jour et d’acheter une maison par peur qu’elle se transforme en prison si un jour ça ne va plus.
On est traumatisé quoi ! Donc les parents qui restent pour les enfants soi-disant, franchement séparez-vous une bonne fois pour toute au lieu de traîner vos problèmes toute votre vie (et au passage faire de vos enfants des pessimistes qui ne croient plus en rien à 29 ans) ».
Témoignage de moricette17
Lien :
http://forums.france2.fr/forumtouteunehistoire/Toute-une-histoire/reste-sujet_16223_1.htm
Quel témoignage poignant!
Moricette, vous êtes tellement jeune, tellement lucide déjà sur la vie. Surtout, surtout, aimez-vous, dorlotez-vous, prenez bien soin de vous. Donnez-vous tout l’amour que vous n’avez pas reçu et toute la dignité que vous méritez.
Apparemment ça n’a pas l’air aussi simple de quitter cet enfer. Mes parents formaient un couple “tout ce qu’il y a de plus normal” ; pourtant ma vie ressemblait à une prison. A part, le bisou du matin et celui du soir, il n’y avait pas une once de tendresse, jamais une caresse sur la joue, jamais un compliment, plutôt des reproches. Il faut dire que j’étais la seule fille entre 2 garçons et que mon père était plutôt du genre machiste et avait tendance à dévaloriser la femme. Il y a eu des répercussions sur ma vie et j’ai essayé de me réparer tant bien que mal. Tout cela pour dire que la vie de couple est parfois bien loin du bonheur !
Témoignage poignant, et quel écho. Nous avons vécu une situation similaire, sauf qu’à la mort de mon père, mon frère ainé à pris le relais. J’ai été en prison toute ma vie, enfant, adolescente, jeune adulte (car compte tenu de ce superbe environnement familial)l’amour de ma vie (qui est mort lui aussi) était alcoolique, mais heureusement non violent. L’enfer de l’attente, de la peur, j’étais seule tout le temps, mais je devais réparer les pots cassés. J’ai d’énormes difficultés dans mes relations avec les autres, ceux qui ont vécus normalement (+ou-)je n’accorde ma confiance à personne. Je n’ai pas eu d’enfant, je n’ai pas d’ami. j’avais de grandes capacités, mais entravées par toute cette horreur. Aujourd’hui je suis en couple, j’allais dire encore en prison, l’homme qui partage ma vie est très gentil, mais casanier, peureux dès qu’il s’agit de prendre des “risques” financiers, on ne part jamais en vacances, nous ne sommes pas propriétaire, nous faisons chambre à part (il ne me fait pas rêver. Le couple est une prison, je n’arrive pas à partir j’en ai plus envie, je meure doucement, et heureusement tout le monde s’en fout. Courage Moricette, vous êtes jeune, essayez d’avancer vers un ciel plus bleu, moi je n’en ai plus l’envie ni le courage.
J’ai lu votre commentaire SAVE ME et voila… je voulais que vous sachiez que vous n’etes pas seule.
Je vis avec une personne depuis plus de 30 ans
Nous nous sommes jamais
Entendu
A l heure actuelle nous vivons une collocation
Je ne sais comment arreter
Cela
J aurai du le faire plus tot
J aimerai connaitre un amour normal
Quoi faire
Il a la maladie de
Parkinson