Quiproquo conjugal
Le lit donne envie de parler : près de 80 témoignages m’ont été envoyés par mail ou sur mon blog. Je n’avais pas prévu au début de développer longuement ce qui oppose les hommes et les femmes sur ce sujet. Or ce qui m’est raconté m’oblige à ouvrir ce nouveau chapitre. Il y a par exemple le chaud et le froid. Même s’il ne faut pas trop généraliser (il existe aussi des hommes frileux), nombre de femmes ont souvent froid au lit, et des hommes trop chaud. Il faut donc se mettre d’accord sur la bonne épaisseur de la couette ! (ou faire couette séparée comme Marta et son mari). Il y a aussi l’interprétation différente des petits gestes de tendresse. Beaucoup de témoignages insistent sur le fait que nombre de femmes adorent se glisser sous la couette simplement pour le plaisir de ce moment doux et caressant. Qu’elles adorent aussi les petits rituels de tendresse avant de s’endormir, se coller un peu au partenaire, surtout si elles ont froid. Du côté des hommes, cette chaleur collante peut donner l’envie de desserrer l’emprise, de se dégager un peu pour trouver un espace à soi. Mais le contact à fleur de peau réveille rapidement d’autres désirs (les enquêtes sur la sexualité montrent que les hommes continuent à être plus fréquemment intéressés par la chose dans les couples établis). Or ce n’est pas ce que voulait la femme. Sans refuser la sexualité, elle ne voulait pas qu’elle gomme le moment de tendresse, qui à ses yeux n’était pas un préliminaire mais essentiel en lui-même. Déçue par cette incompréhension, il arrive alors que ce soit elle qui se replie dans son coin, revendiquant le droit à la tranquillité et l’espace de son autonomie. Paradoxe : alors que les femmes sont généralement plus engagées que les hommes dans la vie conjugale, plusieurs témoignages indiquent au contraire qu’elles sembleraient plus souvent que les hommes à l’origine d’une revendication de chambre à soi. Parmi les raisons invoquées : des ronflements trop sonores, mais aussi des assauts sexuels intempestifs.
Et vous, vous en pensez quoi ? D’accord, ou pas d’accord ?
Pour moi, le moment du coucher est essentiel à mon bien-être conjugal. Ce qui n’est pas entendu de la même façon par mon mari. Je vis très mal par exemple lorsqu’il ne monte pas se coucher avec moi plusieurs fois par semaine, pour rester très tard devant la télé. Je l’interprète comme un non besoin de tendresse de sa part. Simplement, sa tendresse, il ne l’exprime pas à ce moment là. J’aime donc quand on se colle, moi dans son dos en l’enserrant. Sans particulièrement d’idée de rapport, simplement pour le câliner. Parfois, il ne supporte pas (surtout en été) parce que cela lui donne chaud, cela me vexe terriblement. Parfois et souvent, cela nous rapproche pour un rapport. Je ne supporte pas qu’il rentre dans le lit sans ce moment de rapprochement tendre, en prenant en premier lieu son livre ou son ordi portable, sans même faire attention à moi (ce que j’interprète). Je ne supporte pas qu’il préfère la télé à moi… Pour moi, ce rituel de tendresse est essentiel à mon endormissement. Faire l’amour est aussi un merveilleux somnifère.
Mon mari n’a pas toujours la même optique. Lui a d’autres rituels, ce qui rend parfois les contacts un peu “tendus” et incompris.
Je me suis reconnu dans ce questionnement. Souvent je me couchais en râlant d’avoir été réveillée dans un premier sommeil ou contrariée de devoir éteindre la lumière au beau milieu d’un roman !Et je me réveillais boudeuse d’avoir été réveillée trop tôt par une miction matinale de mon mari…. Notre solution, ma solution a été de quitter le lit conjugal. L’intimité retrouvée pour lire jusqu’à pas d’heure ou au contraire se coucher tôt; pour retrouver un rythme à soi. Au grand damne des enfants qui ont pensé aux prémices d’un divorce…Quelle ne fut pas leur surprise quand ils nous ont retrouvés “dans la chambre de papa” un dimanche matin! Et oui cela permet,pour moi , d’être en situation de rendez-vous: disponible, et enthousiaste. On se retrouve, on se pare, se prépare et on savoure. Et chacun de ces petits désagréments n’a pas sa place ce soir là. Et on se manque, et on se demande…
soleil a commenté sur Jean-Claude Kaufmann:
Je me suis reconnu dans ce questionnement.Lire la suite du commentaire
Bonjour,
Oh oui qu’il est doux le moment où l’on se glisse sous la couette ! Surtout lorsque l’on apprécie seule ce moment ! Je ne dors plus dans le même lit que mon mari à cause de ses ronflements ! Nous dormons beaucoup mieux tous les deux, même s’il a eu du mal à en convenir !!
Bien heureusement, le lit n’est pas l’unique endroit où partager de la tendresse Mon mari et moi dormons séparément depuis plusieurs années, car il a le sommeil très léger, et prèfère dormir “au frais”, tandis que je suis frileuse, je remue beaucoup et parle en rêvant… Il est lève-tôt / moi lève tard…etc… Bref, depuis que chacun dort paisiblement, c’est le bonheur ! Plus de réveils grognons ! Nous savourons d’autant plus la petite pause tendresse du soir, avant que chacun regagne son lit. Et nous avons tout plein d’autres moments et rituels où partager tendresse et câlins.
Notre lit est dans un angle de la chambre, la pièce est petite. Tous les soirs j’escalade le bout du lit comme une gamine, c’est rigolo, ça peut être érotique mais aussi épuisant. Et puis il y a ce mur! Au début je me cognais les genoux, la tête, j’aime m’isoler pour trouver le sommeil. Me retrouver dans ma bulle. Ce mur m’oppressait et puis je l’ai apprivoisée, c’est comme un compagnon. Mon conjoint est souvent absent la nuit par son travail. Ce mur c’est la continuité de notre lit, mon lit-mon mur, c’est un couple! Il est froid mais sa couleur sable m’apaise. c ‘est un confident, il voit tout, entent tout, sait tout mais ne se plaint jamais. Quel bonheur! Un jour mon conjoint m’a dit qu’il était jaloux de ce mur. Que je me collais plus à celui-ci qu’à lui. Mais nos moments de tendresse, nos étreintes amoureuses, c’est merveilleux moments de retrouvailles restent toujours les meilleurs au milieu de notre lit sur ou sous la couette…sans mur!!!
De notre côté, nous adorons le moment du coucher, parce qu’il nous offre la possibilité de nous retrouver et physiquement nous sentir. Comme les anglais, nous employons le terme “spooner”, ce qui donne une idée de la position en cuiller que nous aimons adopter! Nous ne nous endormons que de cette façon, c’est une manière d’être en harmonie, d’accorder nos violons intimes, de faire du coucher un moment suspendu où le couple reprend sa place…
“Sentir” un “moment couple” : c’est très bien analysé et et très bien exprimé ; merci.
Depuis 6 mois nous avons chacun notre chambre pour les raisons de ronflements, de temps de sommeil différents. Personnellement, je retrouve une indépendance cela répond à mon besoin de se sentir seule ,de se retrouver. Pour le moments câlins, ils se passent avant le couché et plus forcément dans le lit. Cela remet du piment à notre sexualité et nos nuits sont plus sereines. Les enfants naviguent les dimanches matins entre les deux chambres avant le gros câlin à 4dans l’une ou l’autre des chambres. Ils parlent du lit de papa et de celui de maman à l’extérieur, cela questionnent notamment les adultes sur la vie sexuelle de notre couple.